Kispasse

Friday, August 31, 2007

Il file au Brésil

Non, il n'y a pas que des présidents de merde qui se foutent de notre gueule sur cette Terre. Oui, il y a encore des types bien qui rêvent et mettent tout en oeuvre pour que ça devienne réalité. La preuve...
Certains filent à l'anglaise, Thomas Ruyant file au Brésil, c'est plus fun. Pas pour le carnaval de Rio, même si son origine dunkerquoise pourrait le laisser croire. Ce jeune navigateur se prépare à faire sa première transat.
En ce moment, il est "dans le jus". Plus que deux semaines avant le départ de la mini-transat. Pas de temps à perdre: Thomas peaufine son bateau. À quelques mètres, se dressent fièrement des mastodontes des mers, comme le Groupama de Franck Cammas qui a récemment traversé l'Atlantique en un temps record, 4 jours et 4 heures. Le bateau de Thomas, un prototype, affiche des mensurations plus modestes (6,50 mètres), mais lui aussi va partir à l'assaut de l'Atlantique.
À seulement 26 ans, le skipper se prépare à sa première transat. Deux étapes et un total de 4200 milles nautiques (7800 kilomètres) sont au programme des 84 navigateurs engagés, de 18 nationalités différentes. Il faudra d'abord parcourir les 1100 milles qui séparent La Rochelle de Madère, en six jours environ. Après dix jours passés sur l'archipel portugais, les navigateurs s'attaqueront à 3100 milles jusqu'à Salvador de Bahia, en trois semaines environ. "C'est la première fois que je resterai si longtemps en mer, en solitaire et sans assistance, explique Thomas. J'ai un peu d'appréhension, mais je suis surtout content de partir et pressé d'y être. C'est un rêve qui se réalise." Son rêve l'emmènera au Brésil, où il compte rester un mois. Mi-vacancier, mi-manutentionnaire réparant son bateau.
Dunkerquois d'origine et fier de l'être, Thomas a décidé d'amarrer son bateau à Lorient en 2006: "À Dunkerque, je m'entraînais tout seul. Ici, il y a les meilleurs de la flotte de minis, un entraîneur sur l'eau qui nous fait progresser, des cours météo et la structure AOS qui gère l'aspect logistique." Thomas ne renie pas ses origines pour autant. En témoignent les noms de son bateau: l'officiel, Nord-Pas de Calais Faber France, et l'officieux, Nat'che, "ça veut dire tremper, mouiller en Dunkerquois." Thomas aime aussi rentrer à Dunkerque pour son fameux carnaval en février-mars, où il se travestit, "comme les autres".
Pendant la transat, Thomas s'attend à "quelques coups de mou", mais il compte "bien dormir et bien manger pour garder le moral". Tout ça reste relatif: bien dormir, cela veut dire cinq heures par jour, par tranche de 20 minutes. Bien manger, c'est "pâtes bolo, du poulet au curry, du hachis parmentier", le tout en nourriture lyophilisée bien sûr.
S'il est devenu skipper, ce n'est étonnamment pas pour la bonne bouffe. "J'ai commencé à 5-6 ans sur le bateau du père. Puis j'ai fait le parcours habituel: Optimist, dériveur, habitable... J'ai fait plusieurs tours de France à la voile quand j'étais étudiant en fac de sport. Au moment d'entrer dans la vie active, j'ai décidé de me lancer dans la mini. Je suis mieux sur l'eau qu'à terre. J'aime bien tous les aspects: le côté technique, la gestion de projet et bien sûr, la navigation au large. Il y a une forme de goût du risque, de dépassement de soi."
Des notions qu'il a déjà éprouvées lors de la course Les Sables-Les Açores-Les Sables en 2006 (8e sur 65). Il s'était filmé. Extrait... Le bateau tangue. Les traits tirés, Thomas raconte qu'il a peu dormi à cause d'une dépression. Pas de celles qui broient du noir, mais plutôt de la coque. 40 noeuds, ça empêche de roupiller tranquille.
Des conditions éprouvantes, il en a aussi vécu lors de la Transgascogne cette année (11e sur 75): "C'était le chaos pour la première étape, avec un vent à 45 noeuds, une mer démontée. Dans ce cas-là, tu fais le dos rond, tu réduis ta toile et t'attends que ça passe!" Ou que ça casse.

Monday, August 27, 2007

Le vrai Sarko

Sarkozy se fout de notre gueule, la suite... Un bon article paru hier dans Le Télégramme. Dommage que tout ça sorte maintenant. En espérant que sa cote de popularité n'en sorte pas grandie!
C'est une histoire de dingue. Un livre de fou, d'abord. Celui de Yasmina Reza, qui, habituellement, écrit romans et pièces de théâtre. Cette fois-ci, elle a suivi Sarkozy pendant la présidentielle. De cette expérience, elle ramène un livre-pépite sur les coulisses de l'élection. Une collection de perles du candidat. Qui, parfois, s'ennuie à mourir. "Tu fais des dizaines de kilomètres de bagnole et à la fin, tu as un type qui te dit : Et la prime à la brebis?" Le candidat se confie. Dans l'avion qui le ramène sur Paris: "J'aime Chimène Badi, à la folie!" ou encore "Je vais vous faire sursauter. Je ne considère pas que Dick Rivers soit un naze." Un candidat qui répète que Jodie Foster, dans Le Silence des agneaux qu'il vient de voir, est "formidable". "Formidable", comme le film. "Comme l'écran large" de sa nouvelle télévision. C'est ça, l'intimité de Sarkozy. Voilà l'homme. Celui que vous n'avez jamais lu dans la presse, ou vu à la télé. Les journalistes, souvent accusés d'être à la botte du pouvoir, n'ont rien rapporté, ou si peu. Yasmina Reza, elle, balance tout. On se retrouve à côté d'un type qui pique des colères noires, qui traite ses proches et ses adversaires de "trous du cul". Ségolène Royal? "Une pauvre conne." Pratiquement le même propos qu'avait tenu son ami Devedjian, à l'égard d'une députée battue. Une caméra filmait. Il ne l'avait pas vue. Nicolas Sarkozy, lui, savait que Yasmina Reza était à ses côtés. Il lui avait même donné sa bénédiction. Ce n'était pas du off. Que retient-on au final? Sarkozy qui serre des mains, adresse des saluts à tout va, même quand il s'apprête à assister à un enterrement... Et celui qui, en coulisses, dans l'intimité, est d'une vacherie sans nom. L'homme politique et l'homme tout court. Celui qui est en représentation et le vrai Nicolas Sarkozy, capable, comme tout un chacun, de "péter un plomb". Ceux qui détestaient le premier risquent d'aimer encore moins celui dépeint par Yasmina Reza. "Nous craignons qu'il se foute vraiment de la Bretagne, nous ont confié, hier, plusieurs personnes qui ont l'occasion de l'approcher régulièrement. Lui passe ses vacances aux États-Unis, à Saint-Tropez. La Bretagne, pour lui, c'est la pluie. C'est la région qui a voté Ségolène..." Quel Sarkozy croire? Celui qui rencontre, en mai, "dix connards en train de regarder une carte (marine, Ndlr), dans un centre opérationnel sinistre"? Ou celui qui, il y a quelques jours, alors qu'on enterre Bernard Jobard, assure que "les gens de mer font un travail formidable et risqué"? En donnant carte blanche à Yasmina Reza, Nicolas Sarkozy a accepté de se révéler un peu plus. Toujours plus. Risqué? Non, ça aussi, il s'en fout. Il est président. "Je vais avoir un palais à Paris, un château à Rambouillet et un fort à Brégançon. C'est la vie", déclarait-il, alors que les résultats du second tour allaient être annoncés. Bien, pas bien. C'est égal. À Yasmina Reza, il confiait: "Même si vous me démolissez, vous me grandirez." Une histoire de dingue. Hier soir, le téléphone sonne à la rédaction. C'est l'Élysée. "Nicolas Sarkozy n'a jamais tenu ces propos. Il aime la Bretagne et il apprécie les Bretons." Qui croyez-vous?

L'édition de tous les records

Affluence en nette augmentation, programmation exceptionnelle et organisation bien rodée... Le festival du film insulaire s'est terminé dans l'allégresse hier soir à Groix. C'est un documentaire cubain qui a été primé. Les organisateurs vont maintenant préparer la huitième édition. Après La Havane, 7500 kilomètres, Groix va mettre le cap sur Reykjavik, 2100 kilomètres!
"Il a fallu sept ans pour trouver le rythme de croisière. C'est fait!" Le maire de Groix, Eric Regenermel, partage le sentiment de tous les festivaliers qui se sont rendus sur l'île de mercredi à dimanche. Avec l'analyse en plus: "C'est une manifestation innovante et ambitieuse, qui fait venir des cinéastes du monde entier. Il y a une vraie volonté d'impliquer les îliens sur les problèmes insulaires, et de montrer à tous la magie qui découle de ce mode de vie." Il dresse aussi quelques pistes pour l'avenir: "Pour augmenter encore un peu la fréquentation, il faudrait faire une salle de plus à Port-Lay."
Cette année, les trois salles ont fait le plein, presque à chaque séance. Avec 15000 entrées payantes, la fréquentation a augmenté de 30% environ. Les festivaliers ont beaucoup apprécié la programmation concoctée par Yann Stéphant, maître ès cinéma insulaire. Beaucoup de films cubains, comme "Viva Cuba" de Juan Carlos Cremata ou "Suite Habana" de Fernando Perez, ont tapé dans l'oeil des festivaliers. Et c'est aussi une Cubaine, Camila Guzman Urzua, qui a trusté deux récompenses dans la compétition officielle mettant aux prises treize documentaires du monde entier. "El Telon de Azucar" (Le rideau de sucre) a gagné l'Île d'or et le Prix du public. Plusieurs Cubains exilés y évoquent leurs souvenirs d'enfance dans les années 70 et 80, avec poésie et émotions. Quant au prix Lucien Kimitete, qui récompense le documentaire le plus humain, il est revenu à l'Italienne Lara Rastelli pour son documentaire "Nisida, grandir en prison".
A côté de ce florilège cinématographique, les concerts ont également été très appréciés par le public, avec des coups de coeur pour les divines Barbara Luna et Niuver, sans oublier les tardifs mais explosifs Rumbayazz samedi soir. Ces salsas improvisées ont largement permis d'oublier les gavotes interceltiques en kilt du début du mois d'août lorientais.
Le festival a pris de la hauteur cette année, son président aussi. Gwenaël Le Gras n'a pas hésité à tester la tyrolienne installée sur le site de Port-Lay. Après les dernières séances, le rideau est tombé hier soir, non sans un feu d'artifices en guise de bouquet final. Après avoir mis à l'honneur Cuba et avant de se tourner vers l'Asie en 2009, le festival regardera du côté de l'Islande l'année prochaine: "L'Islande a une tradition de pêche qui tient à coeur aux pêcheurs groisillons", explique Gwenaël Le Gras, président du festival. Et le directeur artistique Jean-Luc Blain de conclure: "Ce qui est important, c'est que l'on garde la même philosophie, une ambiance extrêmement cool!"

Saturday, August 25, 2007

La crème du cinéma cubain

Juan Carlos Cremata a retrouvé avec plaisir Fernando Perez pour son séjour groisillon. Les deux hommes font partie des plus grands noms du cinéma cubain.Avec "Viva Cuba", il a fait voyager les festivaliers à travers son île. Il les a émus aussi. Avec "Nada+", il les a fait rire: "J'ai fait un film Rien. Grâce à lui, j'ai fait la tournée des festivals du monde entier pour rien. Et si vous voulez, à la fin du film, on parlera de Rien", a-t-il lancé aux spectateurs avant la projection. Juan Carlos Cremata Malberti est à Groix à l'occasion du festival du film insulaire. Un grand réalisateur et un globe-trotter qui maîtrise parfaitement le français.
Comment se sont passés vos trois premiers jours à Groix?

Très bien ! C'est comme à la maison ici ! Je suis né sur une île, à Cuba. Même si c'est loin géographiquement, c'est très proche dans le mode de vie. Il y a la proximité de la mer, qui est très importante pour moi, et une volonté des habitants de s'ouvrir vers le monde. C'est comme une fête cubaine, ici. J'apprécie beaucoup, même si je ne fais pas beaucoup la fiesta habituellement. Je suis plutôt calme.
Que pensez-vous du festival?
Les organisateurs sont très gentils. C'est plus que parfait, magnifique ! C'est la première fois que mes deux films sont ainsi projetés dans une île française. Le public n'est pas le même.
Vos deux films, "Nada+" et "Viva Cuba", ont suscité de très bonnes réactions. Cela vous a-t-il fait chaud au coeur?
C'est vraiment une belle expérience, surtout "Viva Cuba". Le cadre était magnifique, avec le petit port et la projection sur une maison. Malgré la pluie par moments, le public est resté en nombre. Habituellement, je ne regarde plus mes films, je les ai déjà vus tellement de fois! Mais là, je suis resté car c'était des conditions particulières. C'était magique!
Le fait de passer la semaine avec le réalisateur Fernando Perez, cela doit vous faire aussi plaisir. Est-ce un modèle pour vous?
On se connaît très bien. Tous les prix que j'ai reçus à Cuba, c'était de sa main. C'est un modèle à la fois comme réalisateur et comme être humain, il est resté très simple. J'ai beaucoup étudié ses films. Cette semaine, j'ai découvert que lui aussi étudie mes films maintenant. C'est merveilleux!
Qui d'autre vous a inspiré?
Beaucoup de réalisateurs, notamment des Français. Le cinéma cubain est né de la combinaison entre la nouvelle vague française et le néoréalisme italien.
Vous habitez à La Havane. Comment évolue la situation à Cuba, actuellement?
C'est difficile d'en parler. Je suis un artiste et je vis dans un monde imaginaire où règnent la paix, le bonheur et la justice. Je me réfugie dans mon art. Le monde réel, c'est autre chose.
Avez-vous déjà été victime de la censure, ou vous êtes-vous déjà vous-même censuré?
Non, je ne me suis jamais censuré et je n'ai jamais été censuré. Je ne critique pas le régime cubain en particulier, mais plutôt le manque d'humanité en général, dans le monde. Et puis, la censure existe partout. Par exemple, les producteurs voulaient que je change le titre de « Viva Cuba » pour qu'il soit projeté aux États-Unis. J'ai dit non. Finalement, il est quand même passé, même si ce titre a pu en déranger certains. L'artiste doit profiter de la censure pour dire les choses différemment, en la contournant.
Vous avez beaucoup voyagé, mais êtes toujours revenu à Cuba. Pourquoi?
J'ai vécu un an à New York car j'avais gagné un prix international. J'ai passé deux ans en Allemagne, j'ai aussi habité en Italie, au Chili et en Argentine. Mais j'ai découvert que ce qui me plaît vraiment, c'est de faire des films cubains!
Quels projets avez-vous pour la suite?
Je travaille actuellement sur deux projets : un film d'époque dans les années 50, avant la révolution cubaine, basé sur une pièce de théâtre, et une histoire tragique sur le phénomène de la prostitution masculine à Cuba.

De la réalité à la fiction

Le festival du film insulaire bat son plein à Groix. Jacques Richard, un réalisateur parisien, est descendu sur l'île en repérage. Il va y tourner une comédie en mars-avril. Avec de grands noms au casting.
Ce n'est pas Cannes, mais ça y ressemble... Sur l'île de Groix pendant le festival du film insulaire, on peut croiser quelques grands noms du cinéma cubain (Fernando Perez, Juan Carlos Cremata Malberti, Igor Leon...), mais aussi quelques chanteurs connus (Raul Paz, Mayra Andrade et même Stomy Bugsy!). Et ce n'est pas prêt de s'arrêter!
Après avoir retrouvé leur tranquillité insulaire quelques mois, les Groisillons vont voir débarquer une équipe de tournage en mars-avril. Et le réalisateur Jacques Richard cite déjà quelques noms qui pourraient être de l'aventure: "Il y aura Luis Rego, un ancien Charlot qui était ami avec Coluche, et peut-être Jean-Claude Dreyfus et Josiane Balasko". Jacques Richard est arrivé, jeudi, à Groix, avec le producteur du film Daniel Dahdah. La veille, il était à Paris pour la sortie de son film "Le Vivarium", dans lequel tournent Fabrice Luchini, Michael Lonsdale et Catherine Ribeiro. Un film qui parle aussi du cinéma, en posant la question de façon amusée: que deviennent les acteurs si on leur supprime leur texte ou le scénario du film?
Les arcanes du cinéma
Le scénario du film qu'il va tourner à Groix? "C'est l'histoire d'un jeune réalisateur, âgé de 20 ans, qui présente son premier film à un festival et découvre l'univers du cinéma. Le tout dans une ambiance à la Jacques Tati". Le réalisateur connaît déjà le titre du film: "Sélection officielle". "Il sera normalement prêt pour la rentrée 2008. Ce qui serait fabuleux, ce serait de faire la première mondiale au Cinéma des familles à Groix!"
Ce cinéma a déjà tapé dans l'oeil du réalisateur, venu en repérage sur l'île pendant le festival du film insulaire. "J'utiliserai le magnifique décor de Groix pour tourner le film. On profite aussi du festival pour faire quelques images qui pourront apparaître dans le film, comme des files d'attente avant les projections. Ça évitera d'avoir à faire venir 200 figurants sur l'île!"

Un aller pas si simple pour Mahoré

Après des documentaires sur les réfugiés Tibétains, la Grenobloise Agnès Fouilleux est partie pour Mahoré, l'une des deux îles composant la collectivité d'Outre-Mer française de Mayotte. La seule île des Comores à avoir refusé l'indépendance lors de deux référendums, en 1974 et 1976. Depuis dix ans, les Comoriens n'y sont plus les bienvenus mais beaucoup tentent de gagner illégalement Mayotte, souvent au péril de leur vie. Rencontre avec la réalisatrice du documentaire-choc "Un aller simple pour Mahoré", en compétition pour l'Île d'or.
Comment vous est venue l'idée de ce documentaire?
Je choisis beaucoup de sujets qui ne sont pas à la mode médiatiquement, mais qui me paraissent importants. L'actualité marche par vagues. Je préfère prendre le temps, m'imprégner des choses et faire un gros travail de documentation. Et puis, mes parents ont vécu à Mayotte. Ma mère et une amie y ont été assistantes sociales, elles ont été confrontées à ces problèmes-là.
Quelle est l'ampleur du phénomène d'immigration clandestine?
Les Comoriens parlent de 4.000 morts en dix ans. L'Insee estime qu'il y a un tiers de clandestins sur les 200.000 habitants de Mayotte.
L'un des interlocuteurs dans le film parle des morts-Balladur. De quoi s'agit-il?
Avant 1995, tous les Comoriens pouvaient librement venir à Mayotte. Mais Pasqua, sous le gouvernement Balladur, a instauré des visas. Et pour compliquer la tâche, le consulat où doivent être retirés les visas se trouve à Moroni, très loin de Mayotte. C'est pour ça que l'immigration clandestine s'est développée et que les habitants, en désespoir de cause, ont recours à des embarcations peu sûres, les kwassa-kwassa, ce qui signifie "ça secoue, ça secoue", pour traverser les 70 kilomètres qui séparent Anjouan de Mayotte.
Face à cette immigration massive, quelle est la politique de l'État français?
La répression. Des crédits monstrueux sont investis pour acquérir de nouveaux radars et pour expulser en avion, alors qu'ils seraient bien plus utiles pour développer les hôpitaux et les écoles des Comores, pour réduire le gouffre économique qui sépare Mayotte des autres îles. Le démantèlement de l'État comorien, c'est une conséquence directe de la politique française. Avant les référendums pour l'indépendance, des milices ont poussé les Mayottais à voter contre.
Vous expliquez aussi que la France a été condamnée à plusieurs reprises par l'Onu...
Il y a eu 21 condamnations de 1975 à 1999. Car en droit international, la frontière des états décolonisés devait reprendre celle d'avant la colonisation. Il n'y avait aucune raison de faire un référendum île par île.
Pourquoi ces questions sont-elles si peu médiatisées?
Je trouve ça hallucinant : ça se passe en France et personne n'en parle. Peut-être ces questions sont-elles trop près politiquement. Ceux qui les ont traitées, qu'ils soient de droite ou de gauche, sont encore en place.
Quels problèmes rencontrez-vous dans la diffusion de votre documentaire?
Les chaînes de télévision que j'ai contactées n'en veulent pas. Elles préfèrent soit du spectaculaire ou de l'émotionnel, soit un documentaire de création, qui mise sur une forme artistique originale. Mais il n'y a pas de place pour aborder une problématique politique. À l'heure actuelle, ce documentaire m'a coûté une année de travail et beaucoup d'argent, mais il ne m'a rien rapporté!

Programmateur de festival, un dur métier...

En ce moment, il doit penser à 36 choses en même temps, Yann Stéphant. Mais ne le croyez pas stressé pour autant: ses tongs aux pieds et sa voix posée prouvent le contraire. Ce Groisillon de 33 ans est directeur artistique du Festival du film insulaire et responsable de la programmation. Rencontre.
Comment êtes-vous devenu directeur artistique du Festival?
J'ai commencé comme journaliste de presse écrite, j'ai d'ailleurs travaillé pour Le Télégramme! Le Festival a été créé en 2001, je travaillais alors pour une agence de presse, à Paris. J'ai pu me libérer pour le week-end. J'étais super fier pour mon île, qu'elle aille ainsi à la rencontre d'autres cultures. L'année suivante, je me suis occupé de la communication. C'est en 2003 que j'ai pris en charge la programmation, ça m'a passionné.
En quoi consiste votre métier?
Ce qui me plaît dans ce travail, c'est que c'est un boulot de détective. L'automne, je dois chercher de bons films insulaires. Pour ce qui est français, ça devient facile car, avec la notoriété, on nous contacte directement. Mais pour les films étrangers, il faut vraiment fouiller. Internet nous aide beaucoup.
Comment faites-vous la sélection?
Pour choisir, on privilégie l'humain avant tout, les films qui témoignent du comment vivre ensemble sur une île, avec toutes les notions qui en découlent : enfer-paradis, ouverture-enfermement... On aime les films qui montrent une identité insulaire assez forte, qui peut être construite par rapport à la musique ou encore l'histoire, comme l'esclavage aux Antilles. Avec la multiplication des chaînes de télévision, souvent sans financement, beaucoup ont recours à des sponsors : offices de tourisme, hôtels, compagnies aériennes. Le résultat s'en ressent, les problèmes sociaux sont souvent escamotés.
Cuba, c'est un bel invité d'honneur pour cette septième édition...
Si on ne considère pas le Japon comme une île, c'est l'île avec l'histoire cinématographique la plus riche. L'école de cinéma de La Havane est reconnue dans le monde entier. Les meilleures critiques du régime cubain sont souvent produites par des Cubains. C'est une île sujette à fantasmes: on veut éviter la caricature et montrer la vie quotidienne.
Les films cubains présentés cette année sont-ils aussi rythmés qu'une salsa endiablée, aussi savoureux qu'un cigare de La Havane et aussi colorés que la mer des Caraïbes?
C'est un peu ça, sauf pour la dernière. L'image qui ressort est celle des bâtiments, avec des couleurs un peu passées. Pour le reste, la forme est toujours originale et c'est très rythmé.
Ça ne vous dirait pas de passer un jour derrière la caméra pour filmer Groix?
On a déjà fait deux films sur Cap-Vert et Madagascar, mais je ne voudrais pas en faire sur Groix. C'est mon intimité.

Un continental aux manettes

Pour commencer, un article qui présente le nouveau président du festival. C'est une petite satisfaction personnelle car c'est mon seul et unique article de l'été passé en dernière page du Télégramme, intitulée "Les Bretons du jour". C'est un peu comme la dernière de Libé, avec son portrait du jour...
Le festival international du film insulaire s'ouvre mercredi soir, à Groix (56). Pour sa 7 e édition, il met à l'honneur l'île de Cuba. Gwenaël Le Gras est, depuis janvier dernier, le président de cette manifestation. Bien qu'il habite Lorient, cet amoureux de l'île de Groix a très vite été adopté par ses habitants.
Un autre monde est-il possible? Gwenaël Le Gras n'en doute pas. Pas seulement parce qu'il s'est présenté aux législatives comme candidat dissident de la Ligue communiste révolutionnaire (pas courant pour un restaurateur). Mais aussi et surtout parce qu'il en connaît déjà un: "Quand on prend le bateau trois quarts d'heure pour rallier Groix, on change de pays, de vue. On est transporté dans un autre monde!"
Un conciliateur né
Depuis quatre ans, ce Lorientais a intégré l'équipe organisatrice du festival international du film insulaire. Après avoir tenu les rênes du service restauration, il en est devenu le président en janvier, succédant à Gilbert Nexer: "Même si je suis un continental, j'ai été intégré très rapidement à l'équipe. Cela démontre que les Groisillons sont ouverts et généreux. On est bienvenu à condition qu'on ne vienne pas donner de leçons."
Son secret? Gwenaël est toujours là pour arrondir les angles. Pas têtu bien que Breton, il sait gérer une équipe aux caractères bien trempés. Pendant le festival, de mercredi à dimanche, il aura sous sa coupe 120 bénévoles chargés d'assurer le meilleur accueil possible aux 12.000 personnes qui vont déferler sur l'île: "Il faut qu'ils travaillent dans la bonne humeur et qu'ils puissent eux aussi participer au festival. Tout le monde est dans le même bateau et tire dans la même direction!"
Un travail d'équipe
Gwenaël sait bien qu'il peut compter sur une équipe d'organisateurs pas avares de leur temps. Il y a notamment Yann Stéphant, le responsable de la programmation, qui visionne environ 300 films par an pour faire une présélection. Pas question de projeter des plaquettes de publicité pour petits paradis perdus: "Il va chercher des films exceptionnels qui racontent toujours une belle aventure humaine." C'est ensuite un comité qui retient les treize films en compétition qui se disputeront l'Île d'or, l'équivalent groisillon de la Palme d'or à Cannes. Gwenaël se réjouit de l'engouement généré par cette septième édition, bien au-delà de l'île. Le coup de projecteur sur Cuba, avec huit fictions et quatorze documentaires, n'y est pas étranger: "C'est un thème d'actualité. Fidel Castro vient d'avoir 81 ans et tout le monde se pose la question de sa succession." Le nouveau président démocratiquement élu (du festival) a donc hâte de participer à quelques débats qui promettent d'être passionnés et passionnants.
L'appel du large
À 57 ans, Gwenaël Le Gras commence aussi à songer à la retraite, qu'il n'imagine pas passer ailleurs que sur Groix : « J'ai construit là-bas pour m'enraciner. C'est une île idéale, avec le soleil et la pluie. Autant j'aime bien Port-Lay sous le soleil d'été, autant je trouve aussi la tempête et les écumes d'hiver envoûtantes. » Le Groisillon d'adoption sait qu'il ne résistera plus longtemps à l'appel de son île de la tentation.

Mon chemin de Groix

Après Bobital, Languidic, Carhaix, Malestroit, Lorient, ma route des festivals m'a conduit à Groix pour celui du film insulaire. Chaque année, le cinéma d'une île est mis à l'honneur. Gros coup de bol: cette année, c'est Cuba et c'est vraiment trop bien. Avec ma collègue Lucie, on a rencontré des réalisateurs très talentueux, mais qui ont su rester très simples et sympas. On a assisté à des films peu connus ici, mais vraiment exceptionnels. On a aussi vu des documantaires de grande qualité, tournés sur des îles de toute la planète (car, à côté des Soirées Cuba, il y a aussi une compétition pour décrocher l'Île d'or, l'équivalent local de la Palme d'or, entre treize documentaires du monde entier). Et j'ai même dansé un slow sur scène avec Niuver, une très belle chanteuse cubaine. Festival du film insulaire, septième... Action!

Wednesday, August 22, 2007

Un match parfait

La saison des festivals va bientôt se terminer et la saison sportive reprend petit à petit ses droits. Ce blog consacré à ce qui m'intéresse (en espérant que ça vous intéresse aussi un peu) va donc petit à petit s'éloigner de questions aussi existentielles que "comment va l'estomac de Sinead O'Connor?" pour se tourner vers des interrogations aussi métaphysiques que "comment se porte la cheville de Tony Parker?"
Que ceux qui, comme moi, ont presque renoncé à s'informer pour cause d'overdose de Sarko & Co, ne s'inquiètent pas: ce blog est quasi garanti Sarko-free. Moins on en parle, mieux on se porte. Car, en ce moment, quelqu'un de bien informé, c'est quelqu'un qui connaît l'emploi du temps du jour de Sarko. Et un journaliste, c'est quelqu'un qui connaît celui de sa semaine passée et de sa semaine à venir. Bref, n'y pensons plus, il y a des choses plus intéressantes dans ce bas-monde.
L'équipe de France de basket par exemple. Elle prépare en ce moment son Euro espagnol du mois prochain. Elle n'a pas été épargnée par les soucis ces temps derniers. Il y a d'abord eu le dos de Bobo: son club NBA, les Phoenix Suns, exigeait que la Fédération française prenne une assurance au cas où Boris Diaw se blesse au dos lors de sa tournée avec les Bleus. Il a fallu un bon mois pour que tout ça rentre en ordre. A cela est venue s'ajouter la cheville de Tipi. Tony Parker s'est fait une entorse et son club, les San Antonio Spurs, a demandé qu'il vienne se faire examiner au Texas pour évaluer la gravité de la blessure. Cela a privé l'équipe de France de son génial meneur pendant une bonne semaine de préparation.
Samedi soir, pour la première fois, les Bleus retrouvaient leur capitaine Boris Diaw et étaient au complet pour affronter la République Tchèque en match de préparation. Ca se passait au stade de Coubertin à Paris et j'y étais. Un vrai régal. C'était la première fois que je voyais un match des Bleus. Et cette rencontre fut passionnante. Indécise (76-72 pour la France), offensive (agréable même si cela révèle que la défense des Bleus, leur point fort habituellement, n'est pas encore totalement au point) et spectaculaire (avec notamment un dunk de Flo Pietrus et un alley-oop exceptionnel consécutifs à des interceptions de Tony Parker). Bref, un grand moment de bonheur, en espérant que les Bleus soient aussi d'attaque à l'Euro qu'ils le furent lors de ce tournoi de Paris soldé par trois victoires sur le Portugal, la République Tchèque et la Russie, et que leur défense se resserre.

Thursday, August 16, 2007

Parachuté

Sainte-Marie, priez pour nous, maintenant et à l’heure de notre mort... en espérant qu’elle ne soit pas venue! En ce beau mercredi d’Assomption, où la Vierge est montée aux cieux, je vais moi aussi m’envoler vers le ciel, mais j’espère bien ne pas finir au paradis...
Professionnel jusqu’au bout des ongles, j’ai décidé de faire un saut en parachute à l’aérodrome de Loos-en-Gohelle pour vous le faire partager. C’est un loisir, ou plutôt un sport, qui a le vent en poupe. J’ai choisi le saut en tandem. La brochure est alléchante: "Saut à 4000 mètres, 10 minutes de formation, 50 secondes de chute libre, 6 à 7 minutes sous voile, atterrissage en sécurité, apprentissage du pilotage, vidéo pédagogique des sauts."
La première étape m’assure, mais ne me rassure pas: il faut remplir un formulaire et inscrire la personne qui touchera l’argent de l’assurance-vie en cas de décès. Une Eric Bile devant l'avion dans lequel je me suis envoyé en l'airsimple formalité selon le président du club, Éric Bile: "Aujourd’hui, le matériel est sûr. C’est bien moins dangereux que d’autres sports." François Dive, le moniteur qui va m’accompagner en tandem, en rajoute une couche: "Je gère la sécurité. Tu n’as qu’à profiter!"
Il me forme: comment monter à bord de l’avion, sauter, atterrir... Il m’explique surtout la position de "banane" à adopter pendant la chute libre.
Puis, c’est l’heure d’y aller. Je fais soudain moins le malin. Arrivés à 4000 mètres, les neuf parachutistes à bord sautent les uns derrière les autres. Vient notre tour. Pas le temps d’hésiter.
Banzai! Et là, c’est que du bonheur. La chute libre à 200 km/h: sensations fortes, et le mot est faible! Un petit sourire à la caméra... Puis, François ouvre le parachute. Je peux contempler la Terre vue du ciel. Yann Arthus-Bertrand a bien de la chance de la photographier. François me passe les commandes pour m’apprendre à piloter. Sensation de liberté. On atterrit en douceur. Finalement, je suis bien allé au paradis aujourd’hui... et j’en suis revenu!

Wednesday, August 15, 2007

Mes 25 ans avec Voulzy, Souchon, Dan ar Braz et Alan Stivell

Un quart de siècle, 13 ans sous Mitterrand, 12 sous Chirac et des miettes sous Sarko. 18 ans à Guer, 3 à Rennes, 2 à Lille, 1 à Edimbourg et quelques mois à Dunkerque, Pontivy, Vannes et Lorient. C'était mon anniversaire mercredi 8 août. L'occasion de rappeler quelques grandes dates de ma vie...
8 août 1982: je nais à l'hôpital de Ploërmel. En attendant que je daigne sortir de mon hötel de luxe (nourri logé, avec option aquagym), ma famille va faire le tour du Lac aux Ducs.
15 avril 1993: le CSP Limoges est champion d'Europe en battant Trévise grâce à une interception de Forté à la dernière seconde sur Toni Kukoc, c'est le premier club français à réaliser un tel exploit. C'est dit: je serai basketteur professionnel ou journaliste sportif.
Juillet 1998: toute première fois, ma toute première fois... Je vais aux Vieilles Charrues pour la première fois, accompagné de mes parents et d'un ami. Iggy Pop, Zebda ou encore MC Solaar me font découvrir ce festival de bonne humeur. C'est dit: je serai rock-star ou journaliste musical.
21 avril 2002: une grosse envie de vomir, un dégoût de la France, une envie de taper 15% des gens que je croise dans la rue. Quelques jours avant, je voyais Jospin, lors de son dernier meeting à Rennes, se faire peinturlurer de ketchup. Quelques jours après, je voyais Chirac, toujours à Rennes, refuser le débat avec Le Pen. C'est dit: je serai président de la République ou journaliste politique.
Année universitaire 2002-2003: Erasmus à Edimbourg. Départ de France pour l'inconnu, envie de chialer. Mon auberge écossaise comprend un Américain en voie de débushisation, un Canadien adepte du yoga et de la marche pieds nus, un Allemand qui fait le meilleur vin chaud du monde et un Anglais frapadingue. Retour en France la tête bourrée de souvenirs, en laissant des amis que je ne suis pas sûr de revoir, envie de chialer. C'est dit: je serai ambassadeur ou envoyé spécial.
Printemps 2006: on fait la nique à Villepin et son Contrat Précarité Exclusion. De belles manifs. C'est dit: je serai CRS ou journaliste social (du moment qu'ils m'embauchent pas en CNE...)
8 août 2007: une journée riche en rebondissements pour fêter mes 25 ans. Premier cadeau: j'apprends chez le médecin que j'ai la gale. Une vérité qui démange. Une maladie que je croyais disparue depuis le Moyen-Âge. La bonne nouvelle, c'est que ça se soigne bien. La mauvaise, c'est que c'est contagieux... Deuxième cadeau, plus agréable: le soir, j'assiste au concert-événement de Laurent Voulzy et ses invités à l'Interceltique. Il fait une rockcollection d'anthologie qui dure 28 minutes, Le pouvoir des fleurs et une reprise de Simon & Garfunkel avec Alain Souchon, Tri Martolod avec Alan Stivell... Et pour la dernière, Belle-Île-en-Mer, ils sont tous là: Souchon, Stivell et Dan ar Braz. Et moi, je suis là... comme journaliste!

Tuesday, August 14, 2007

La cornemuse peut aussi être kitch

Hier après-midi, le concours de kitchen music a joué le rôle de récréation au festival interceltique de Lorient. Souvent déguisés, douze concurrents se sont disputé le titre. Parmi eux, Ronan Barbot, un jeune Parisien adepte du biniou...
Il est tombé dans la marmite de potion celtique quand il était tout petit. Ronan est pourtant né à Athis-Mons, dans l'Essonne, mais sous le signe de l'Interceltique... Car à l'âge de trois semaines, Ronan participait à son premier festival lorientais. Seize ans plus tard, il n'a pas manqué une seule édition. « Mon père jouait de la cornemuse, alors je m'y suis mis à mon tour, explique-t-il. Je joue au bagad Keriz, à Clichy. » Ses amis de lycée tapent dans le ballon ou sont accros aux jeux vidéo. Lui, son dada, c'est le biniou.
La guerre des étoiles du biniou
Hier, il s'était inscrit pour la première fois au concours de kitchen music du Festival interceltique : « Je l'ai fait pour m'amuser. C'est moins rigide que les concours classiques. On peut se lâcher. » Ronan est arrivé sur le podium avec un masque de Dark Vador, en jouant la musique du film Star Wars avec sa cornemuse. Il a également réussi la prouesse de danser une polka en continuant de jouer de son instrument fétiche. Enfin, il s'est allongé sur le dos, genoux pliés, sans s'arrêter de jouer. Souple et efficace. Un tonnerre d'applaudissements est venu saluer la prestation de ce bizut du concours.
« Musicalité, technicité et liberté d'expression »
Parmi les trouvailles des autres concurrents, Gwenaël Le Corrone, du bagad de Pommerit-le-Vicomte, n'a pas hésité à reprendre la rockcollection de Laurent Voulzy (qui se produit ce soir à Lorient), version biniou. L'Écossais Gordon Campbell (photo ci-contre) a joué la Marseillaise, drapé dans le drapeau français, avant de le laisser tomber et de revenir à ses hymnes fétiches venus des Highlands. Au clair de la lune, Fais dodo, Colas mon p'tit frère, Le Lion est mort ce soir, Fruit de la passion, Le petit bonhomme en mousse... Ce sont quelques-uns des impérissables airs joués à la cornemuse dans ce concours atypique alliant « musicalité, technicité et liberté d'expression », selon Loïc Denis, un organisateur. Au final, c'était le public qui décidait du vainqueur, les deux jurés officiels ne pesant que pour un quart dans le résultat. Vêtu en kilt, c'est l'Irlandais Robert Watt, un habitué des concours, qui a remporté les 260 € mis en jeu. Quant à Ronan, le titi parisien élevé au biberon breton, il n'est pas dans les cinq premiers. Mais promis juré, il reviendra ! Le celti-kitch a de beaux jours devant lui...

Thursday, August 09, 2007

A quand Independance day en version écossaise ?

Pour la troisième fois de ma carrière, j'ai pu discuter avec un ministre. Après avoir couvert des déplacements en province des Français Jean-François Lamour et Renaud Donnedieu de Vabres, c'est l'Ecossaise Linda Fabiani que j'ai pu interviewer. J'en tire une règle très approximative: les ministres écossais de gauche sont beaucoup plus cools que les ministres français de droite. Une anecdote: quand je lui ai demandé son âge, elle m'a répondu 50 ans. Je le note et elle me dit: "C'est là que normalement vous dites "Non!!!!! C'est pas possible..." Bref, la nouvelle ministre pour l'Europe, les Affaires extérieures et la Culture écossaise est bien cool. Rencontre.

Comment expliquez-vous le renouveau de l'identité écossaise?
C'est un processus qui se vérifie depuis la fin des années 90. La culture a pris une part importante dans la campagne pour le référendum de 1997 sur la dévolution, qui visait à rétablir un Parlement écossais. La culture et la politique sont deux choses qui marchent main dans la main.
La dévolution a-t-elle changé les mentalités?
Je pense que les Écossais sont beaucoup plus conscients de leurs origines, leur identité et leur culture. Ils sont plus confiants aussi. On se sentait un peu différents. Il n'y a jamais eu de honte, mais un manque de confiance. Et on a eu beaucoup de problèmes quand Thatcher et Major étaient au pouvoir. Les Écossais n'ont jamais voté pour les Conservateurs.
Pourquoi les Écossais ont-ils voté pour le Scottish National Party?
Parce que nous sommes gentils, c'est évident! Le SNP voit les Écossais en premier et en tant que tel, pas comme une simple composante du Royaume-Uni.
Pensez-vous que l'Écosse puisse devenir indépendante bientôt et comment?
L'Écosse ne fait pas les choses si rapidement. Mais oui, c'est possible. C'est une nation avec beaucoup de ressources naturelles et des gens merveilleux. Cela dépendra du peuple. Le Parlement écossais peut décider d'organiser un référendum. Nous travaillons en ce moment sur une loi en ce sens. Si le peuple écossais se prononçait en faveur de l'indépendance, Westminster (ndlr : le gouvernement du Royaume-Uni) a déjà dit qu'il respecterait la volonté du peuple. Le Royaume-Uni est très bon pour promouvoir la démocratie dans le monde. Ce serait surprenant qu'ils la nient à la maison.
Pensez-vous vraiment que les Écossais veulent cette indépendance?
Dans leurs coeurs, ils veulent prendre leurs décisions eux-mêmes. Nous sommes très intelligents et faisons plus attention aux conséquences. Si l'Écosse avait été indépendante, nous ne serions pas partis en guerre contre l'Irak!
L'accession de l'Écossais Gordon Brown au poste de Premier ministre britannique va-t-elle changer vos relations avec Westminster?
Je ne pense pas que ça soit important. C'est un Unioniste qui croit dans le Royaume-Uni. On entretient de bonnes relations pour le moment. Nous nous réunissons régulièrement et espérons que ça va durer, car nous voulons le meilleur pour l'Écosse.
Que pensez-vous du festival interceltique?
C'est merveilleux, très impressionnant. C'est mon premier séjour à Lorient, mais j'ai des amis en Bretagne, à La Forêt-Fouesnant. Le festival, c'est la reconnaissance de notre histoire partagée entre Celtes. Le fait que l'Écosse soit l'invitée d'honneur, ça met en valeur le réveil culturel.

Kilt, rugby et moutons : l'auberge écossaise de Marie

C'est l'année de l'Écosse au Festival interceltique. Marie Rouarch, une Lanesterienne de 21 ans, étudiante à Science-Po, raconte son année en Écosse.
Mais que cachent-ils sous le kilt, ces Écossais à l'honneur au Festival interceltique ? Marie est allée vérifier sur place. Elle a passé l'année universitaire 2005-2006 à Édimbourg, comme étudiante Erasmus. Un système immortalisé par le film L'auberge espagnole. L'auberge écossaise de Marie comptait deux Écossaises et deux Américains.
Marie peut témoigner de l'entente cordiale entre Français et Écossais, qui remonte à la Auld alliance contractée par le roi d'Ecosse avec la France, en 1295, pour se défaire de la souveraineté anglaise: "On a bonne réputation, là-bas. Comme on est censé ne pas aimer les Anglais, ça nous fait un point commun!" Bretons et Écossais ont d'autres choses à partager: "Ils sont hyper attachés à leur culture... comme ici en fait ! Il y a même des sonneurs à tous les coins de rue. Beaucoup parlent le gaélique, ce qui les rend difficiles à comprendre d'ailleurs". Indépendantistes, les Écossais? Marie a été surprise par la récente victoire du SNP, équivalent de l'UDB ici, aux élections pour le Parlement écossais: "Ceux avec qui j'ai pu discuter n'étaient pas pour l'indépendance." Dès son arrivée, Marie a été particulièrement bien accueillie. Une anecdote le montre bien. Quand elle est allée s'inscrire à la fac, l'employé lui a demandé, en français dans le texte: "Vous habitez à Lanester? J'ai une maison à Languidic!"
Avec neuf heures de cours par semaine, Marie a eu le temps de voir du pays et de découvrir la culture écossaise sous toutes ses facettes. A goûté le haggis, cette panse de brebis farcie remplie d'abats. A dansé dans des ceilidhs, la version écossaise des festoù-noz. S'est éclaté au Frankestein, cette ancienne église reconvertie en boîte de nuit. A assisté au match du tournoi des six nations Écosse-France à Murrayfield. A vu la statue de Bobby, ce chien dépressif qui a arrêté de manger à la mort de son maître et se rendait quotidiennement sur sa tombe. A vainement cherché Nessie, le monstre du Loch Ness. A croisé des moutons au milieu de la route. S'est éprise des vaches écossaises, "attachantes avec leur drôle de tête". Et sous le kilt alors? "J'ai été impressionnée de voir le nombre de personnes qui le portent, y compris un jeune à la fac. Mais je n'ai pas eu le cran de vérifier ce qu'il y avait dessous!"