Kispasse

Sunday, July 31, 2005

Saez, moins jeune et moins con

Saez à la quinzième... Hier à la quinzième édition du festival Au Pont du Rock, Saez a fait son retour en terre bretonne après avoir été boudé pendant cinq ans par les festivals. Les incidents de Saint-Nolff appartiennent-ils au passé ? Je lui ai posé la question.

Que s’était-il passé à Saint-Nolff en 2000 ?
Les organisateurs m'ont demandé s'ils pouvaient filmer le concert. Un cameraman bourré est tombé et a débranché la sonorisation. C’était la panique ! Je me suis fait huer, et j’ai surenchéri avec la fougue de ma jeunesse. J’ai fait un bras d’honneur au public, j’ai craché de la bière et je suis parti avant la fin. Depuis, j’avais une étiquette collée et les festivals bretons ne m’invitaient plus.
Tu penses qu’il est temps de tourner la page ?
Oui. J’ai vu le maire de Saint-Nolff aujourd’hui. Il est venu me voir pour me dire qu’ils allaient refaire un festival et qu’ils espéraient que je reviendrai. J’ai dit oui. Il a ajouté : pour te racheter. Mais j’estime que je n’ai pas à me racheter.
Est-ce que tu y as pensé aujourd’hui sur scène ?
Oui, à un moment, j’ai pensé à Saint-Nolff. Je me suis dit : si la sono pète, je reste tranquille, je parle au premier rang et je fume une clope !

Dans quel état d’esprit te trouves-tu sur scène ?
Je suis super stressé, comme en transe. C’est pour ça que si le concert se passe mal, je suis capable de tout envoyer en l’air. Pendant un quart d’heure, je reconnaîtrais plus ma mère !
Et après le concert ?
On a la même plénitude physique qu’un footballeur après un match, mais avec un côté mélancolique en plus. On quitte quelque chose de beau. C’est le plus beau métier du monde, avec beaucoup d’humain.
Tu accordes peu d’interviews. C’est un choix ?
Oui. Je fais plus confiance au bouche à oreille qu’aux médias. Du coup, j’ai mes fans et des gens qui ne peuvent pas m’encadrer. C'est un peu de l'ordre du communautarisme.
Pourquoi ne pas avoir joué ton tube Jeune et con ?
Je l’ai écrite il y a plus de dix ans. Je ne la ressens plus de la même façon aujourd’hui. Je me suis assagi, je fais moins de généralités.

Louis, Damien et Alpha : présentation de mes nouveaux potes



11000 rockeurs sur le pont et sous le soleil. Hier soir, c'était la quinzième édition du festival Au Pont du Rock à Malestroit. Ma deuxième en tant que journaliste. Ce qui signifie : entrée gratuite, accès au backstage, possibilité d'interviewer les stars... L'année dernière, j'avais ainsi discuté avec Bénabar, Bruno Garcia (chanteur de Sergent Garcia) et deux membres de Ska P (ils ont commencé l'interview en prenant un peu de coke, bien parti...) Cette année, il y avait Saez, Bertignac, Fishbone, Alpha Blondy...

"Le public était super sympa. Mais on a joué trop tôt à notre goût, notre corps astral n’était pas encore réveillé !" La boutade est signée Hervé d’AS Dragon. Le groupe de rock parisien jouait à 17 h, juste après Nouvel R. De quoi mettre en jambes et en oreilles les premiers festivaliers, qui ne voulaient pas louper une miette du spectacle.

Après le set explosif mais un peu court de Nevrotic Explosion (un nom mérité), c’est un grand Monsieur qui est monté sur la scène malestroyenne. Arrosé la semaine précédente à Carhaix, Louis Bertignac a pu constater qu’il ne pleuvait pas toujours en Bretagne. Il a pu rebrancher le Téléphone à plusieurs reprises avec Cendrillon, Hygiaphone et Un autre monde, faire une reprise réussie de Won’t get fooled again des Who, et jouer ses nouvelles compositions avec sa guitare bien-aimée. Sans oublier de s’amuser avec le public en le faisant chanter et en dédicaçant sa chanson Les Frôleuses « à toutes les coquines ».

Après le petit Louis, la belle Laëtitia. Laëtitia Shériff a enivré le public de sa douce voix. Son batteur Gaël Desbois, né à Malestroit, était le local de l’étape.

Damien Saez retrouvait ensuite un public morbihannais qu’il avait laissé en plan, de manière précipitée, il y a cinq ans à Saint-Nolff. Mais de l’eau a coulé sous le pont du rock depuis, et l’enfant terrible s’est assagi : « C’était la fougue de la jeunesse. Maintenant, je suis plus respectueux. » La meilleure marque de respect pour un chanteur, c’est de faire un bon set. Et Saez a gâté son public, même si beaucoup auraient aimé un petit saut dans le passé avec son titre Jeune et con.

Les Australiens de Fishbone (ici le chanteur avec son manager) ont aussi fait forte impression. Ils étaient contents de se produire en France, un pays où, selon le chanteur Angelo Moore, « la musique passe avant le business, contrairement aux Etats-Unis ».

Quant à Alpha Blondy, l’Ivoiriren est arrivé avec le sourire, a chanté son reggae avec le sourire et est reparti avec le sourire. Comme les 11000 festivaliers d’ailleurs.

La palme du meilleur déguisement du festivalier 2005 est décernée à Maïkeul-keul de Melrand

Saturday, July 30, 2005

Bertignac, Breton d'adoption

Samedi dernier aux Vieilles Charrues, ce soir au Pont du Rock à Malestroit, Louis Bertignac sillonne la Bretagne dans tous les sens. Ce qui n’est pas pour déplaire aux amateurs de rock en général et aux ex-fans de Téléphone en particulier. Rencontre.
On vous avait parlé des Vieilles Charrues comme du plus beau des festivals. Alors on vous avait menti ?
J’ai été merveilleusement accueilli par les gens... et par la pluie ! C’était un super moment, adorable, vraiment magnifique ! Le plus beau festival, je ne sais pas... J’ai aussi adoré les Francofolies de Spa, en Belgique.
Qu’avez-vous ressenti quand tout le public a repris en chœur la mélodie de Ces idées-là ?
C’est un peu déstabilisant. Je ne comprends pas d’où ça vient, c’est comme ça depuis quinze jours, alors que ça ne le faisait pas en début de tournée. Mais c’est émouvant : j’adore quand le public se manifeste et devient acteur.
Cela vous fait plaisir de revenir en Bretagne, une semaine après les Vieilles Charrues ?
Absolument. La Bretagne est en passe de devenir une de mes régions préférées. Je n’arrête pas de recevoir des mails depuis samedi. Il y en a même un qui dit : "Ça fait plaisir de voir un dieu parmi les dieux !" C’est marrant ! Je suis d’origine limousine et j’habite à Paris, mais je deviens un Breton d’adoption !
Allez-vous faire le même concert à Malestroit qu’à Carhaix ?
Au niveau des chansons, ce sera à peu près le même programme, mais il y a beaucoup d’improvisation. Et les deux Népalais qui jouaient avec notre trio de base ne seront plus là. Pour le reste, on décide au dernier moment des morceaux que l’on joue, notamment en ce qui concerne les reprises de Téléphone.
Avez-vous définitivement abandonné vos projets de reconstituer Téléphone ?
A priori oui. C’était juste pour fêter l’an 2000, maintenant ça n’a plus de sens. Encore qu’il y aura les 30 ans de la formation du groupe, en novembre 2006. Mais la demande ne viendra pas de moi, je suis vacciné. Et je m’éclate dans ma nouvelle vie.

Est-ce que vous rêvez encore d’un nouveau monde ?
Oui bien sûr ! D’un monde où il ferait toujours beau et où les gens seraient toujours souriants. Mais la nature humaine est malheureusement imparfaite. J’ai passé beaucoup de temps au Népal, la mentalité est complètement différente. C’est un pays pauvre, mais les gens sont toujours souriants et gentils.
Que feriez-vous de votre vie sans guitare ?
J’aurais eu un gros vide. Je commence à croire que je suis fait pour ça ! A un moment, dans ma vie, il a fallu plonger, choisir entre la fac de médecine et la guitare. J’aurais pu passer à côté, si j’avais écouté tous ceux qui disaient : il faut une bonne situation sociale !
Vous êtes papa d’une Lola de quinze mois. Que lui diriez-vous si elle vous annonçait, dans quelques années, qu’elle veut devenir musicienne ?
Je l’encouragerais, j’ai eu une vie couverte de plaisirs. De toute façon, il n’y a rien de mieux que quand ça vient de toi ! Il faut être passionné par ce qu’on fait. Il ne faut pas s’inquiéter dans la vie, le succès te tombe souvent dessus quand tu t’y attends pas. C’est pareil pour les femmes !

Wednesday, July 27, 2005

Titou, pianiste à trois roues

Contrairement à sa pianocyclette, Thierry Bourdin a deux moteurs : le piano et les voyages. Avec son vélo doté d’un piano, ce Nolfféen est devenu une attraction du festival Jazz à Vannes.

Il a les habits de Charlot, mais n’en est pas un. Il a le statut d’intermittent du spectacle, mais son amour du piano est bel et bien permanent. Son surnom est Titou, mais ce grand voyageur ne tient jamais longtemps à la maison. Thierry Bourdin cultive le paradoxe.
A 43 ans, cet habitant de Saint-Nolff a déjà 40 ans de piano derrière lui : "J’ai commencé en copiant mon grand frère. Puis j’ai suivi une formation classique." Le déclic pour le jazz viendra plus tard, à 17 ans, en écoutant un disque d’Erroll Garner. Le virus ne l’a plus quitté. Il aime tout particulièrement Keith Jarret, Michel Petrucciani ou encore Jacky Terrasson qu’il a eu "la chance de rencontrer à Vannes".
Autodidacte du jazz, Titou fait partie d’un groupe, un quintet baptisé Prézzaj car "ça fait jazz en verlan". Il a aussi participé au festival vannetais avec le Jazz Groupe de Bretagne : "Je jouais avec un piano fixe dans la rue. Je voyais les autres musiciens qui pouvaient se déplacer en jouant. Je trouvais ça dommage de ne pas pouvoir bouger."
Alors, cet Inspecteur Gadget jamais à court d’idées a pensé à un triporteur. "C’est le directeur du festival Jazz à Vannes, Jean-Philippe Breton, qui m’a donné l’impulsion. Il m’a dit qu’il me prendrait au festival si je le faisais." La chance a fait le reste : "Je suis tombé sur Internet sur un artisan du Finistère spécialiste des vélos. On a cogité le truc tous les deux."
Et voilà comment Titou s’est retrouvé, trois jours avant le début du festival, avec un vélo noir flambant neuf muni d’un petit piano. Une acquisition qui le rend heureux : "Ce qui me réjouit, c’est de voir le sourire des gens." Il se plaît à imaginer qu’il va ainsi pouvoir amener le jazz à la rue : "Cette musique est souvent réservée aux endroits confinés." Un rôle de pédagogue en quelque sorte. Sa compagne Cathy, institutrice, est là pour l’épauler : "C’est elle qui s’occupe de la partie logistique. Les femmes sont plus douées pour cela", explique-t-il en rigolant. Titou et Cathy sont aussi de grands voyageurs. Ils sont partis pendant six ans voguer sous d’autres cieux. "On a fait le tour de la Méditerranée et une partie de l’Atlantique en voilier." Un prétexte pour de riches rencontres : "La musique est internationale. Elle passe au-dessus des langues."
Intermittent du spectacle, Titou a aussi beaucoup à dire sur la réforme initiée par le gouvernement Raffarin : "J’ai un tas d’amis qui ont été éjectés du statut et qui ne méritaient pas de l’être. Dans une société, la culture est vitale pour l’esprit et l’équilibre. C’est normal qu’elle soit soutenue par la collectivité. Ce qui a plombé le système, c’est l’explosion depuis dix ans du nombre de chaînes de télévision. Aidons les vrais intermittents !" Malgré sa pianocyclette, Titou n’a pas la tête dans le guidon et ne perd pas les pédales.

Tuesday, July 26, 2005

Le jazz et la java

Après un début d'été très rock, je m'initie aux plaisirs du jazz et du blues cette semaine grâce au festival Jazz à Vannes. Tout a commencé pour moi mardi soir au Chorus pour la soirée blues. Au programme, la valeur montante Eric Bibb à la voix douce et grave et le vieil ours (c'est affectueux !) Otis Taylor à la belle voix caverneuse. They got the blues.


Eric Bibb a commencé tout seul avant d'être rejoint par son ami irlandais Clive Barnes, un as de la slide guitare (quand la guitare est posée sur les genoux, comme sur la photo). New-Yorkais d'origine, Eric a migré en Europe. Après un an à Paris, il s'est installé quelque temps en Suède avant de s'installer en Angleterre.


Souriant, passionné, hyper doué : ce gars-là est un as ! Chapeau l'artiste !

Otis Taylor a assuré la seconde partie de cette belle soirée. Installé dans le Colorado, il chante le combat des Noirs américains pour l'égalité des droits civiques. Si lui n'a pas directement souffert du racisme, il est tout de même bien placé pour le faire : son grand-père a été étranglé par des membres du Ku Klux Klan. Parmi ses musiciens, il y a sa propre fille Cassie qui joue de la basse et chante sur quelques morceaux. Elle a vraiment une belle voix. Pour l'anecdote, le matin même du concert vers 6h, Otis le papa-poule a fait venir un médecin à l'hôtel parce que la joue de Cassie était légèrement enflée.

Sunday, July 24, 2005

Trop Kool

Un Berrichon en Armorique centrale... Florent Marchet commence son set à l'heure du dessert. Depuis le réveil, on l'entend faire ses balances sur le site. Mais le temps de prendre une douche (la seule du week-end... un bien fou !), de remballer ma "two seconds" (un peu plus de deux secondes, mais c'est quand même vite fait) et de ramener mes affaires à la voiture, je suis en retard. En regagnant le site, j'entends Florent qui a déjà commencé. L'une de ses premières chansons est la superbe Je n'ai pensé qu'à moi. Il ne m'a pas attendu, il n'a vraiment pensé qu'à lui. Je vois la deuxième moitié de son concert.

Ce poète en herbe innove : il lit un extrait écrit par une romancière américaine sur un fond musical. Plutôt sympa.
Tinariwen enchaîne sur la grande scène. Un nom trompeur aux consonnances bretonnes. En fait, impossible de se tromper à leur vue : ces gars-là viennent du désert, et pas du Poher. Ce sont en fait des touaregs, un peuple nomade à l'histoire intéressante qui a fui la répression de 1963, puis la sécheresse. Certains ont atterri sur le territoire algérien, dont l'équipe de Tinariwen. Le groupe est né en 1982, comme moi. Leurs poésies chantées abordent les thèmes de l'exil, de la répression et des revendications politiques. Parfait pour commencer doucement cette journée et accompagner une petite sieste sur la prairie plus si verte de Kerampuil et sous un soleil retrouvé.
L'ambiance vire au psychédélique avec Nosfell. Un peu trop branchouille pour moi, l'occasion d'aller voir ce qui se passe du côté de la troisième scène. Et je tombe sur un petit groupe bien sympa, visiblement heureux d'être là, et qui, cerise sur le gâteau, fait de très bonnes chansons à textes.

Ils s'appellent Rue traverse et ont gagné le tremplin des Jeunes Charrues dans le pays du Léon (Nord-Finistère). Les Jeunes Charrues, c'est un peu comme la Star'Ac ou Popstars, mais pour les vrais groupes. Comme c'est une histoire de musique et pas de sexe, ça n'intéresse pas la télé. Comme disait Tryo à propose de la télé-réalité, sortez les poubelles !

C'est ensuite Bernard Lavilliers qui nous rejoue son invitation au voyage. Du fin fonds des Etats-Unis à l'Afrique en passant par la Jamaïque, il nous fait partir sous d'autres latitudes plus ensoleillées. L'as du déhanché a pris de la bedaine, mais non non, il n'a pas changé. On the road again... D'ailleurs il nous en fait une super version acoustique. Après un petit séjour backstage, il nous revient plus bondissant que jamais. Des sauts de cabri qui éveillent mon esprit suspicieux : j'aurais aimé être un artiste... pour pouvoir me trouver en coulisses, et voir la potion magique de Nanard. Au passage, Lavilliers écorne l'hôte de Matignon, rappelant avec une bonne mauvaise foi que les cent jours arrivent bientôt à leur terme et qu'il y a toujours des chômeurs en France.
C'est une autre "star" de la chanson française qui succède à Lavilliers. Michel Delpech vient flirter avec le public carhaisien, lui conter fleurette et le convier chez Laurette. Confirmation : Wight is toujours Wight. Et Michel est toujours Delpech, un gentil chanteur qui sert de la bonne soupe ni trop salée ni trop pimentée. Un moment convivial que je passe avec d'autres récidivistes des festivals, Ronan et Nounours, que j'avais rencontré à Bobital.
Tiken Jah Fakoly prend ensuite possession de la grande scène. L'Ivoirien voit très clair sur les malheurs de son continent : la corruption, les guerres civiles, le découpage artificiel des pays imposé par les colons... Pour les dénoncer, Tiken a choisi de les chanter, et c'est un régal pour les yeux et pour les oreilles.
Dans un tout autre style, Rachid Taha vient mettre son grain de Sahel sur la petite scène. Toujours aussi barré, cet Algérien débarqué à Lyon à l'âge de dix ans met le feu dans l'arène.

Les Franz d'en haut parlent à la France d'en bas. Les Ecossais de Franz Ferdinand viennent distiller leur "rock fervent et érudit" (dixit les Inrocks, le mag rock fervent et érudit) à Carhaix. Un pur régal : ils m'embarquent ailleurs (take me out en Anglais). Le public saute, slame et chavire. Tout en classe et en subtilité, des rockeurs new generation.
Moins classe et moins subtil, mais également jouissif : je vais ensuite voir Kool Shen sur la troisième scène. L'ex de Joey Starr au sein des NTM fait sa tournée d'adieu dans toute la France, qu'il a baptisée Dernier round. Il s'en explique : cela fait plus de dix ans qu'il porte la voix des banlieues, il est temps de passer la main. C'est dommage mais logique. En tout cas, c'est un beau spectacle sur scène. Il reprend quelques perles de l'époque NTM pour faire plaisir aux fans.
Un bon son brut pour bien finir une belle édition 2005 des Vieilles Charrues. Comme d'hab, beaucoup critiquaient la prog. Comme d'hab, ils ont eu tort : c'était riche, éclectique, magique. Je me permets même le luxe de louper le concert de clôture, car je bosse demain. Dommage : Laurent Garnier est venu mixer pendant deux heures. Les échos que j'en ai eus sont excellents. Une bonne moitié du public est restée jusqu'au bout. D'irréductibles festivaliers qui ont prouvé samedi à quel point ils étaient motivés. Vivement l'année prochaine ! Et d'ici là, kenavo à tous les laboureurs !

Saturday, July 23, 2005

Singing in the rain

La nuit a été arrosée. Non, je ne parle ni de Faxe ni de Coreff (la bière bretonne de Morlaix). L'invitée surprise de ces Vieilles Charrues, c'est la pluie. Au moment même où les préfectures sortaient des décrets de restriction d'usage de l'eau, au moment où l'on réagitait le spectre de 1976, au moment où le feu des projecteurs était braqué sur le centre-Bretagne, la pluie a fait son grand retour. Un retour attendu par les agriculteurs, moins par les festivaliers. Une juste récompense pour les agriculteurs du Poher qui, comme tous les ans, distribuent du lait gratuitement aux festivaliers qui émergent de leur nuit courte mais réparatrice.

Le pancho est super fashion ce samedi, quand ce n'est pas un simple sac-poubelle percé. Motivés, les Bretons. La pluie ne douche pas leur ardeur. On est tout simplement un samedi soir à Carhaix. Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines...
C'est Laetitia Shériff qui ouvre le grand bal. Originaire de Lille, elle s'est désormais installée à Rennes. Son batteur, Gaël Desbois, est de Malestroit. C'est d'ailleurs dans cette petite cité de caractère, au festival Au Pont du Rock samedi prochain, que je pourrai les voir et les rencontrer. Car à Carhaix, je me suis réfugié à l'abri du chapiteau du cabaret breton pendant leur concert. Je n'étais pas le seul à avoir eu cette idée. Les trois musiciens de Bivoac pouvaient dire merci au ciel qui leur a fourni un public pléthorique à défaut d'être passionné.

Cet intermède breton me donne la force de braver la pluie pour aller applaudir Ridan. Qui c'est, celui-là ? Mais si, c'est celui qui chante :"Si tu me dis droite je te dirais gauche, si tu me dis gauche je dirais l'extrême. Je voterais pour ceux qui votent la vie, plutôt que pour ceux qui votent la haine." Le message est limpide, comme l'eau qui coule sur nos têtes. Dans la pure tradition Vieilles Charrues, Ridan mélange les styles, de la variété au rap. Plutôt convaincant. On comprend pourquoi il a gagné la Victoire de la musique de l'album révélation.

Egalement bien placé dans la catégorie "p'tit jeune plein d'avenir", Devendra Banhart prend le relais sur la scène Kerouac. Devendra a 24 ans, il est d'origine texane. Mais ce qui aurait pu être un mauvais point pour lui ne l'est pas : il réside désormais à San Francisco. Il a gardé son look de cow-boy et sa musique folk sonne profondément américaine. Avec lui, on passe un real good time, pour reprendre une de ses chansons interprétées à Carhaix.

C'est ensuite la musique ensoleillée des Maliens Amadou et Mariam qui tente en vain de chasser les nuages. Abat la guerre, vive la paix, aimez-vous les uns les autres. Ils sont pleins de bonnes intentions, Amadou et Mariam. Nous, on joue notre rôle de bon public bien chaud en bougeant frénétiquement nos corps au rythme chaloupé de leur musique. On en viendrait presque à regretter qu'ils ne puissent voir cette marée humaine s'agiter devant eux. Ami entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne...

La pluie persiste et signe. Ce n'est pas non plus le jeune (23 ans, le bel âge !) pianiste américain Jamie Cullum qui en viendra à bout. Mais lui s'en accomode, il chante même une belle interprétation de Singing in the rain tout à fait de circonstances. Pour nous, cela tourne au dancing in the mud et au freezing in wet cloth. Ohé partisans ouvriers et paysans c'est l'alarme...

Ce sont ensuite les Stéphanois de Mickey 3D qui investissent la scène Glenmor. Troisième passage aux VC, leur premier sur la grande scène... Ce ne sont plus des mickey depuis longtemps. Ils sont épatés par l'énergie du public malgré la pluie. Il faut dire qu'ils le valent bien. Les chansons de leur dernier album sont géniales, et les reprises des albums précédents sont très travaillées. La version rap de la chanson écolo Respire est super sympa, les paroles sont toujours aussi percutantes. On en oublierait presque le ciel qui pleure sans discontinuer, presque... Ce soir les novices connaitront le prix du temps et des larmes...

Un qui n'a aucune envie de pleurer et qui est bien dans sa peau, c'est bien Louis. Qui ça ? Louis Bertignac. L'ancien guitariste de Téléphone est bien dans ses baskets et ça se sent sur scène. Son dernier album, Longtemps, s'est longtemps fait attendre (neuf ans). Entre temps, Louis explique avoir glandé, ce qui veut dire dans son vocabulaire : faire une énorme tournée, aller passer quelque temps au Népal, rencontrer la femme de sa vie, composer un album pour sa grande amie Carla Bruni et devenir papa d'une petite Lola. Rien que ça ! Le revoilà donc sur la route des festivals et c'est tant mieux. Son set est brillant, alternant du bon rock et de jolies ballades. Le public met son grain de sel sur Ces idées-là. A la fin de la chanson, il reprend la mélodie, poussant Louis à faire un petit solo dont il a le secret. Le public apprécie beaucoup quand il rebranche le Téléphone. C'est d'abord Cendrillon qu'il a au bout du fil. Il termine son rappel dans une ambiance électrique en nous rappelant qu'il rêvait d'un autre monde. Eh oui, il est des pays où les gens aux creux des lits font des rêves. Nous, on rêve juste de soleil. La lune est sans doute si blonde ce soir, mais impossible de la voir derrière les nuages.

Un peu de Cokes pour lancer Iggy... "Vous êtes génial ! Et maintenant la grande star de la soirée..." Ray Cokes, l'animateur de France 4, monte sur scène pour chauffer le public avant le set de Monsieur Iggy Pop. C'est la troisième fois que je vois Iggy à Kerampuil. Il va finir par acheter une maison secondaire à Carhaix. Oui, mais cette fois-ci, il est accompagné de ces Stooges. Toujours aussi fêlé, l'ami Iggy. Il se déhanche à tout rompre. Miracle : la pluie ralentit. De là à prendre Iggy pour le Messie...

Le ministre de la culture Renaud Donnedieu de Vabres est dans les coulisses, mais ce satané Iggy n'a même pas un mot de soutien pour les intermittents. Il n'oublie pas ses fans en revanche, et en fait monter quelques-uns sur scène. Paraît qu'une jeune fille qui est parvenue à enjamber la barrière a ainsi gagné 500 euros : elle avait parié avec un copain qu'elle finirait sur scène. J'en connais un qui va maudire Iggy... Après le miracle, c'est une vision collective qui s'abat sur le public : voulant sans doute imiter Iggy qui fait son set torse nu, une jeune fille enlève le haut. Motivés, qu'on vous disait.
Le brouhaha iggypopien laisse place à l'alternatif The Kills. Je ne kiffe pas trop, une bonne Faxe avec Damien et Alexis, deux amis esjiens, me regonflera à défaut de me sécher. La soirée se termine ensuite dans la bonne humeur avec The Sunday Drivers. Les cinq Espagnols ont la mission de conduire le public carhaisien vers le dimanche. Une tâche qu'ils réalisent parfaitement, tout en douceur. Cette formation porte bien son nom : la musique idéale à écouter dans le monospace familial pour la sortie du dimanche.

Retour à la tente. Les vêtements mettront plusieurs jours à sécher. Je réalise l'inconvénient d'avoir une "two seconds". Je la cherche en vain pendant plus d'une heure. Au passage, je dérange deux tentes jumelles en espérant que ce soit la mienne. Peine perdue. Je n'ai pas de lumière, il pleut, real good time qu'ils disaient, les tentes se chevauchent et se ressemblent toutes, je suis trempé, motivé, motivé, je veux dormir, et si on m'avait volé ma tente ? Solution de secours, je rejoins mes potes Manu la Frite et Maïkeul-keul qui acceptent gentiment de m'héberger dans leur tente. C'est pas un hôtel trois étoiles : on est serré, je n'ai pas de sac de couchage ni de matelas, une miche de pain me sert d'oreiller. C'est beau, Carhaix ! Il fait trop froid, je ne peux pas dormir. Le soleil pointe le bout de son nez (c'est beau, un nez de soleil un dimanche matin à Carhaix), je décide de retourner à la recherche de ma tente. Je finis par la retrouver à l'endroit à l'envers. Pour être plus clair : elle est bien à l'endroit où je l'ai planté, mais elle est retournée. Des connards ont retiré les six piquets qui la fixaient au sol. A l'intérieur c'est tout mouillé. Mais quel plaisir de retrouver ma tente, mon sac de couchage, mes paquets de Pringles ! Demain du sang noir séchera au grand soleil sur les routes. Chantez compagnons dans la nuit la liberté vous écoute.

Friday, July 22, 2005

Blue Friday

Embarquement pour Carhaix. Le Télégramme fait sa une sur les Vieilles Charrues. Carhaix c'est the place to be ce week-end. La petite bourgade du Centre-Finistère accueille le plus grand festival rock de France. Les Vieilles Charrues, plus fortes que les Eurockéennes ou les Francofolies, le petit festival a tracé son sillon depuis la première édition en 1992. La fête champêtre avec tirer de charrue et concours de jeux insolites avait rassemblé 500 personnes à l'époque. Deux déménagements plus tard, les Vieilles Charrues s'installaient sur le site de Kerampuil. J'étais à la pendaison de crémaillère en 1998, pour mes premières Vieilles Charrues. Iggy Pop (déjà !), Zebda, Charles Trénet... Le mélange des genres à la sauce carhaisienne. Depuis, je suis devenu un laboureur accro. Chaque année, il me faut mon pélerinage à Carhaix.

Cette année encore, on était plus de 50000 par soir à fouler le gazon de Kerampuil... ou plutôt à patauger dans la boue. Car oui, c'est vrai, il arrive qu'il pleuve en Bretagne. Mais le festivalier y est robuste et résistant et ce ne sont pas quelques gouttes qui vont annihiler sa bonne humeur.
Comme à chaque festival, l'histoire commence par un planter de tente. Celui-ci a été rapide, j'ai investi dans la "two seconds" de Decathlon, la tente qui se monte plus vite que son ombre. Une tente jetable, mais pas à jeter. Bref, une belle innovation. Au vu des centaines de "two seconds" qui s'accumulaient dans les campings gratuits, Decathlon a trouvé le filon gagnant. Combien d'heures de montage en additionnant toutes ces "two seconds" ?
J'arrive sur le site en retard. J'ai raté Sheer K, le vainqueur du tremplin des Jeunes Charrues de l'année dernière, les quatre jeunes Guinéens de Ba Cissoko, griots d'héritage, et Jeanne Cherhal, la nouvelle égérie de la chanson gouailleuse française, révélation du public aux Victoires de la musique. Elle a sans doute révélé son grand talent au public carhaisien, mais ce fut sans moi.

Direction La Havane ! J'arrive pendant la prestation d'Ibrahim Ferrer, l'ancien chanteur du Buena Vista Social Club. A 78 ans, le jeune gaillard a toujours le regard vif pétillant. J'ai mon tee-shirt Che Guévara, tout va bien ! Les cuivres enivrent, encore plus efficaces que la Faxe.
Jane Birkin enchaîne sur la scène Kerouac. Couac. La petite voix de Jane a du mal à percer dans le tumulte carhaisien. C'est donc plutôt à un concert des musiciens de Jane que l'on assiste. Mais elle se rattrape dans sa dernière chanson, le grand classique du petit Serge, la Javanaise. Finalement, nous nous aimons le temps d'une chanson.

Après la douce Jane vient l'heure des hardeurs. C'est un mythe du rock qui s'installe sur la scène Glenmor. Deep Purple nous emmène aux origines du rock, dans les années 60 et 70. Le groupe a changé, mais l'esprit reste le même. Les vieux rockeurs savent s'adapter à leur public. Ils esquissent quelques notes d'Alouette, gentille alouette. Et ils sont encore furieusement dans le coup. La preuve : ils nous offrent la musique de Star Wars sur un plateau. Avant de retourner en coulisses quelques instants, où on les imagine volontiers retourner du côté obscur grâce à un peu de poudre blanche. Mais tout cela n'est que supputations hasardeurses, d'autant que le chanteur ne tarissait pas d'éloges sur nous : à l'écouter, on est fantastic et unbelievable.
Bretagne vs Alsace. De la musique régionale après les stars internationales. Le concert suivant, intitulé Erik Marchand vs Rodolphe Burger, met en effet aux prises le chanteur-clarinettiste breton au chanteur-guitariste alsacien. Cela a donné une bonne excuse aux organisateurs des Vieilles Charrues pour réinviter Burger, le seul et unique "invité permanent" du festival. Le résultat, une création originale pour les amateurs du genre.

Après les deux habitués des VC, on passe à d'autres anciens, mais des petits nouveaux à Carhaix. New order, new hors d'oeuvre (comme titre le Télégramme). Les papys de la new wave, qui ont inspiré tant de groupes de la nouvelle génération, viennent leur donner une nouvelle leçon. Ils commencent en beauté avec Crystal et terminent leur rappel dans l'allégresse avec un bouillonnant Blue Monday.

Retour en France avec Luke. Ca pogotte et ça slame devant la petite scène. La tête en arrière, on oublie le reste du monde. Et le chanteur Thomas Boulard d'en rajouter une couche : "J'ai compris, les Vieilles Charrues... La star, c'est vous !" C'est allé vite pour Luke, ils enchaînent les gros festivals cet été (les Solidays, Dour, les Francofolies, le Paléo Festival et donc les Vieilles Charrues). Mais ils ne prennent pas la grosse tête pour autant. Ils ont une pensée pour Ingrid Betancourt dont le portrait est affiché sur la scène. L'ex-candidate verte aux présidentielles de Colombie est retenue en otage depuis plus de trois ans par les Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes. Bernard Lavilliers aussi aura une pensée pour elle.
LCD Soundsystem clôt le bal du vendredi de 2h à 3h. Pas fan, je vais retrouver ma two seconds en moins de deux. Que m'arrive-t-il ? C'est grave, docteur ?

Thursday, July 21, 2005

Six infirmières en route vers l'hiver indien

Elles terminent pour l’instant leur école d’infirmières à Vannes. Mais elles ont déjà la tête ailleurs, en Inde. Elles vont y passer deux mois, du 5 décembre au 6 février. Pour aider des religieuses dans des dispensaires.
Humanitaire : qui recherche le bien de l’humanité, lutte pour le respect de l’être humain. La Vannetaise Cécile Travers et ses cinq amies se retrouvent bien dans cette définition : « On veut faire de l’humanitaire. On ne va pas là-bas uniquement en tant qu’infirmières, on y va avant tout comme bénévoles, pour aider les religieuses. » Les six infirmières vont en effet se rendre dans trois dispensaires tenus par la congrégation des sœurs de Cluny. Elles ne feront pas que dispenser des soins, elles vont aussi mener des actions éducatives.
Pour l’instant, elles collectent des fonds à travers diverses opérations (soirées étudiantes, vente de tee-shirts ou de badges...) afin de financer leur voyage et de ne pas venir les mains vides : « Nous allons amener avec nous du matériel médical comme des stéthoscopes, des tensiomètres ou des compresses, mais aussi des jouets pour les enfants. »
Kathelyne Danaire, Elodie Rouziou, Elodie Gautier, Mélanie Le Goff, Mathilde Colléaux et Cécile Travers ont toutes la vingtaine. Elles sont en dernière année d’école d’infirmières à Vannes. « Quand nous étions en première année, un groupe de dernière année était parti au Togo. » Une idée qui a fait des émules : « Ce projet est né d’une envie commune de développer des relations humaines au-delà de notre pays d’origine, de notre culture et de notre façon de vivre. »
En février, elles ont rencontré sœur Théodore à Paris : « Une rencontre particulièrement riche puisqu’elle nous a amenées à penser notre projet différemment. C’est elle qui nous a fait prendre conscience qu’elles avaient autant besoin de bénévoles motivés que d’infirmières compétentes. »
L’Inde n’est pas un choix anodin. Avec sa société divisée en castes, les jeunes infirmières vont découvrir une organisation totalement différente : « Nous avons conscience que cette civilisation peut se révéler déstabilisante par l’omniprésence de la pauvreté et des écarts culturels. » L’Inde, un pays qu’elles trouvent paradoxal, « à la fois ancré dans ses traditions et aspiré dans la spirale du modernisme et des nouvelles technologies ». Elles aussi vont tenir un site Internet racontant leur expérience.
L’Inde, un pays touché par le tsunami, « un événement qui a renforcé notre choix ». Mais les jeunes filles ne seront pas directement en contact avec les populations sinistrées. Elles seront dans une zone rurale à l’intérieur des terres, au sud-est du pays, dans la région du Tamil Nadu.

Elodie, Mélanie, Cécile et Mathilde : quatre des six infirmières qui vont partir dans des dispensaires au sud-est de l’Inde de décembre à février.

Tuesday, July 19, 2005

Un golfe à quinze trous


Qui a dit qu'il pleuvait tout le temps en Bretagne ? La préfecture du Morbihan a décrété aujourd'hui une limitation provisoire de l'usage de l'eau, sécheresse oblige.
De l'eau, l'île d'Arz n'en manque pas. Mais l'eau du golfe est un peu trop salée au goût des habitants, qui sont donc obligés d'importer 28000 mètres cube du continent par an. Beaucoup sont destinés à l'arrosage des fleurs ou des jardins, ce qui a pour conséquence de saler la note payée à la SAUR.

Le maire de l'île, Robert Tanguy, a donc été à la pêche aux idées, et elle a été fructueuse. Il envisage de réhabiliter quinze puits de l'île. Même si l'eau ne serait pas contrôlée, et donc pas potable, cela permettrait aux 260 Ilardais à l'année d'arroser leurs plantes et aux 250000 touristes annuels de se rafraîchir.

"Au début du siècle, les gens venaient au puits pour chercher l'eau et pour discuter. C'était le coeur du village, comme le café aujourd'hui !" Puis des canalisations sous-marines reliant le port de Béluré au continent ont été installées, et les puits ont été bouchés pour des raisons de sécurité. "C'est le bon sens de se servir de ce que nous offre la nature", explique le maire. "En plus du côté nature, cette opération permettra de revaloriser le patrimoine de la commune."

Les Ilardais sont des multi-récidivistes en la matière. Cette réhabilitation des puits constitue une nouvelle étape dans une politique de gestion de l'eau exemplaire. La quasi-totalité des 550 maisons de l'île est reliée au réseau d'assainissement.

Dans les nouveaux lotissements construits, le maire encourage l'installation de douches plutôt que de baignoires : "Un bain, c'est 150 litres d'eau. Une douche, c'est 30 litres, cinq fois moins !" Quant à un bain dans l'eau de mer, ce sont des milliers de litres d'eau, mais réutilisables à l'infini.

Dans la série "la mer vue du ciel" (avec l'aimable autorisation de Yann Arthus-Bertrand)

Thursday, July 14, 2005

Prise de la flotille

Chirac change de cap. Il s'est efforcé pendant son discours du 14 juillet de montrer qu'il avait compris le message du 29 mai et que les réformes du gouvernement allaient enfin endiguer le chômage. Au passage, il n'a pas résisté à critiquer les 35 heures, qui ont pourtant été fortement créatrices d'emplois. Pour qu'il y ait moins de chômeurs, il y a deux solutions : soit on cherche à augmenter toujours plus la production, ce qui crée des emplois, soit on répartit plus équitablement la masse de travail qui existe déjà, on coupe le gâteau en plus de parts en réduisant la durée légale du temps de travail. La première solution, prônée par le gouvernement actuel, nous mène droit dans le mur. Si tous les pays avaient notre mode de vie, il faudrait quatre planètes Terre. La question est de savoir ce que l'on fait primer entre l'écologie et l'économie.

Bien loin des flonflons élyséens, Vannes vivait un 14 juillet maritime. Les équipages du Tour de France à la voile ont une journée de repos. Un repos haut en couleurs pour les Polytechniciens qui font équipe avec des élèves de l'ENSAM. Pendant que leurs collègues défilaient sur les Champs, ils hissaient les couleurs... au sommet de laur mât !

L'uniforme de X sur les épaules, le bicorne sur la tête, la Marseillaise à la bouche. L'instant pourrait être solennel s'il n'y avait pas juste derrière eux leurs partenaires de l'ENSAM qui font les guignols. "C'est la différence entre les élèves militaires et les civils", plaisante une navigatrice belge qui assiste à la cérémonie.

Après que les Polytechniciens ont chanté la Marseillaise, les élèves de l'ENSAM ont entonné à la queue leu leu l'hymne des Gadz'Arts (l'abréviation pour Gars des Arts). Les copains à bord. Les Arts et Métiers ont beau être la plus vieille école d'ingénieurs de France, fondée en 1780, c'est un vent de jeunesse et de fraîcheur que ses élèves ont apporté hier sur le ponton. Pas inutile vu la chaleur qu'il faisait.