Kispasse

Friday, July 28, 2006

Vivement les prochains labours !

Fidèle laboureur depuis 1998, je ne pouvais pas manquer la quinzième édition des Vieilles Charrues cette année. Heureuse surprise! J'ai pu me faire accréditer, ce qui signifie que j'avais accès à l'espace presse et donc aux conférences de presse. Je suis parti en bus avec des Belges, des Nordistes et des Parisiens. Ce fut une très belle expérience. Au bout de trois jours, on avait l'impression de se connaître depuis trois ans. Vivement la seizième édition!

TOP TEN

Mon top ten totalement subjectif des plus beaux moments vécus en neuf éditions de Vieilles Charrues:

1) Cali, Je m'en vais, 2006: belle chanson, magnifique chanteur, subtil mélange d'énergie et d'émotion, un slam géant de la régie à la grande scène, Cali se tapant le micro contre son coeur en rythme avec la musique. Enorme.

2) M, Gimmick, 2004: une vraie rock-star de son entrée sur scène à sa sortie, un look unique, un décor magistral, et puis cette chanson totalement magique, il fait monter sur scène un anonyme du public pour qu'il nous joue son gimmick, c'est un petit gars tout de rose vêtu qui est l'heureux élu, il se retrouve devant 55000 personnes, il joue un morceau génialissime, M avait dit qu'il interromprait quand il en aurait marre, il n'a pas interrompu.

3) Dyonisos, Song for a jedi, 2006: une intro béton, jusqu'aux fameux accords qui font frétiller le public de bonheur, et le chanteur hyperactif qui se jette lui aussi dans la fosse pour se faire porter en triomphe jusqu'à la régie d'où il déclame quelques vers au porte-voix avant de regagner la scène par le même chemin (le plus court en distance, pas en temps), il arrive exténué mais heureux.

4) Cali, C'est quand le bonheur?, 2004: le rugbyman hypersensible exulte, il n'a probablement jamais vu autant de monde s'exciter sur une de ses chansons, il trouve finalement la réponse à sa question: "Le bonheur, c'est aujourd'hui, ici à Carhaix".

5) Muse, Time is running out, 2004: la terre tremble en mesure avec la basse, une déferlante de riffs et de percussions s'abat sur le public, le temps ne court plus, il s'arrête.

6 ex-aequo) Zebda, Tomber la chemise, 1998, et Joe Cocker, You can leave your hat on, 2000: des chansons festives, une subite envie de se déshabiller, des tee-shirts et même des soutien-gorges qui tournoient dans les airs.

8) Noir Désir, Tostaky, 2001: nuit noire sur Carhaix, même si Bertrand Cantat confond un gros lampadère au loin avec la lune, un groupe culte, une chanson qui dynamite tout, paraît que Bertrand Cantat porte souvent le survêt labellisé Vieilles Charrues que les organisateurs lui avaient offert, vivement qu'il revienne après avoir purgé sa peine.

9) Pierre Perret, Le zizi, 1999: un sourire, une communion improbable entre le chanteur amoureux des belles lettres et son public plus porté sur les bonnes Leffes, une rencontre drôle et émouvante comme les Vieilles Charrues en ont le secret.

10) Jamie Cullum, I'm singing in the rain, 2005: pendant longtemps, les Vieilles Charrues n'ont connu qu'un grand soleil... mais cette légende a vécu, samedi pluvieux de A à Z en 2005, Jamie Cullum n'en a cure, le jeune jazzman américain improvise un petit singing in the rain de circonstance, les spectateurs remuent sous leurs sacs poubelles.

Une mention spéciale aussi à Ben Harper en 2001: pas pour une chanson en particulier, mais pour un moment magique... Ben Harper revient sur la grande scène avec un Gwen ha du sur le dos, il lève le poing, le public breton exulte, Ben Harper est réellement attaché à la Bretagne depuis son passage aux Trans en 1993 ("La première fois que j'ai joué hors des Etats-Unis, c'est en Bretagne et les gens sont tout de suite rentrés dans le truc, c'était incroyable. C'est vraiment un souvenir qui perdure de façon indélébile dans ma mémoire. Quelque chose de vraiment spécial"). Diam's aussi a adopté la mode Gwen ha du cette année. Pourquoi? Mais parce que "la Bretagne, ça déchire"!

Les Vieilles Charrues ont tracé leur sillon et rempli leur mission


De Ben Harper à Johnny, en passant par Manu Chao et Joan Baez, ils ont tous foulé un jour ou l’autre le pré de Kerampuilh à Carhaix. Créée par une bande de copains, la fête champêtre du départ est devenue le premier festival de France.

Lancer de bottes, tirer de charrue… Tels étaient les jeux au programme des premières Vieilles Charrues en 1992 ! Le nom choisi est un clin d’œil au festival des Vieux Gréements qui se déroulait en même temps à Douarnenez. Carhaix est dans l’Argoat (l’intérieur des terres en breton), ce sera donc les Vieilles Charrues.
A l'époque, Christian Troadec et ses amis voulaient redynamiser le pays de Carhaix : « C’est surtout une aventure humaine avec les copains. On voulait pouvoir rester vivre et travailler ici, redonner de la fierté aux habitants et leur offrir la possibilité de voir des chanteurs connus, comme dans les grandes villes !» Quinze ans plus tard, le public afflue (170000 spectateurs sur trois jours), les stars s’y ruent, le chômage est en recul et Christian Troadec est maire de Carhaix. Mission accomplie !

Bagadoù et baguettes
La culture bretonne n’est pas oubliée pour autant. La preuve ? « Mon meilleur souvenir, c’est le concert de Johnny Clegg avec le bagad de Quimper en 1998, ce mélange des cultures, des rythmes afros et des sonorités bretonnes, c’était magique », se rappelle Christian Troadec, le vieux des Vieilles. Autre initiative des créateurs du festival : ils ont lancé un concours de bagadoù, ces groupes de musique bretonne, chaque 14 juillet à Carhaix.
Les retombées économiques des Vieilles Charrues sont colossales pour le Poher, le pays de Carhaix. Elles ont été évaluées à cinq millions d’euros, une centaine d’emplois à l’année dépendent directement du festival. Les organisateurs ne thésaurisent pas tout cet argent, ils en ont profité pour aider grassement le lycée Diwan (avec des cours en breton) de Carhaix, subventionner la construction d’un centre des congrès, rénover le château sur le site ou encore organiser le premier Forum social régional en 2003.
Les commerçants se frottent les mains : « Pour nous, ça représente 6000 baguettes et 5000 croissants en plus », se réjouit la boulangère Véronique Louveau. « Le salon de thé déborde toute la journée. On prend du personnel en plus. Sans les Vieilles Charrues, on aurait du mal à boucler l’année ! » De quoi faire rêver les organisateurs des Folies de Maubeuge ou autres Main Square Festival d’Arras !

Carhaix, une belle destination pour un voyage de noces !

Quelques Nordistes sont partis en bus jeudi soir de Lille pour rallier Carhaix et son célèbre festival des Vieilles Charrues. Au bout de la nuit, trois jours de concerts. Ambiance…
« C’est la première fois qu’on va aux Vieilles Charrues. On s’est marié le 29 avril… Parmi les cadeaux de mariage, il y avait ces places pour le festival ! » Une idée originale qui a tout de suite séduit Michaël et Amandine Dutkiewicz. Ni une ni deux ! Ce jeune couple de Méricourt, à côté de Lens, va donc convoler vers Carhaix après une lune de miel au Mexique. « On attend impatiemment Placebo et Raphael. On souhaite aussi découvrir des artistes moins connus, comme Olivia Ruiz. »
Dans le bus, ils ont fait la connaissance d’Elsa et Charles Depuydt, deux jeunes Valenciennois. Elsa, la grande sœur, est une habituée des Vieilles Charrues : « On part tous les étés en Bretagne pour les vacances. Je suis allée à Carhaix pour la première fois en 2001. Ensuite, j’avais eu la piqûre et j’essaie d’y retourner chaque année. » Si elle apprécie l’affiche toujours haut de gamme, c’est surtout l’ambiance qui la pousse à revenir : « Il y a une grande proximité avec le public, un partage d’émotions. En 2004, sur le concert de Muse, j’ai rencontré une fille de Valenciennes et on est restées en contact depuis. »
Au rayon des souvenirs, Elsa en a un paquet, des bons et des moins bons : « Le meilleur concert que j’y ai vu, c’est celui de M. Il y avait une telle osmose avec le public. Une année, je me suis trompée de tente et je me suis retrouvée avec un inconnu… mais ce n’est pas allé plus loin ! Une autre fois, je me suis fait vomir dessus ! » Les risques du métier de festivalier…
Son jeune frère Charles, âgé de 15 ans, est un bizut des Vieilles Charrues : « Ma sœur m’en a tellement parlé ! Ma mère a cherché à m’en dissuader, mais ma sœur l’a mis devant le fait accompli en achetant deux places. »
Les Vieilles Charrues quand on habite dans le Nord, c’est un investissement (165 euros la place et le trajet) : « Mais quand on met tous les groupes bout à bout, ça les vaut largement ! » Avec les Pixies, Tracy Chapman ou encore Placebo, il est vrai que cette cure de concerts (trente en trois jours) a de quoi rassasier les mélomanes les plus exigeants. Et il y en a pour tous les goûts, c’est d’ailleurs une marque de fabrique. Ainsi, la rappeuse Diam’s va cotoyer le chanteur de variété Julien Clerc et la néo-pop psychée (sic !) des Hushpuppies.
Le groupe de Nordistes a manqué le concert de Johnny, programmé jeudi soir lors d’une soirée spéciale. Sans regret visiblement ! Charles est impatient de voir Cali aujourd’hui et Dyonisos demain. Charlotte Simonowski et Cécile Dudzinski, deux Lilloises fraîchement bachelières, attendaient aussi beaucoup de Yann Tiersen (programmé hier soir à minuit) et Da Silva, jeune chanteur pétri de talent qui se produira demain. Avant de reprendre la route vers Lille. Douze heures de bus pour redescendre sur terre, se remémorer les meilleurs moments et se donner rendez-vous à l’année prochaine. Des laboureurs sont nés… Le virus des Vieilles Charrues est extrêmement contagieux !

Placé-beau, Cali et Tracy à la folie, Dyonisos divin

Cette cuvée 2006 des Vieilles Charrues a encore offert une traînée de bons souvenirs aux festivaliers. Sous un soleil de plomb (car, c'est bien connu, en Bretagne, il ne pleut que sur les cons !), la quinzième édition a été énorme. Comme d'habitude.

> Cali : pour son deuxième passage aux VC (Vieilles Charrues pour les intimes), Cali a eu le droit à la grande scène et les organisateurs ne vont pas regretter cette faveur. En 2004, lors de son premier passage, il avait séduit le public en lançant à la fin de son tube C'est quand le bonheur ? « C'est aujourd'hui, ici à Carhaix ! » Rebelote cette année. Le Perpignannais a déversé tour à tour un tsunami d'émotion et une vague d'énergie sur un public qui surfait sur le bonheur. Cerise sur le gâteau : l'interprétation finale de Je m'en vais. Cali a fait un slam géant de 100 mètres, porté par la foule en délire depuis la régie jusqu'à la scène. Un 100 mètres qui ne battra pas le record du monde d'Asafa Powell et Justin Gatlin, mais qui restera dans tous les coeurs de ceux qui ont eu le plaisir de porter un bout de Cali quelques instants. Dans le sien aussi, puisque Cali a battu son coeur contre le micro en rythme avec la musique. Emotion, quand tu nous tiens.

> Dyonisos : les dieux de l'ivresse et de la transe mystique ont su embarquer le public dans leur délire enfantin inspiré par le cinéaste Tim Burton. A l'énergie, le chanteur a lui aussi slamé jusqu'à la régie avant d'y déclamer quelques vers au porte-voix dans un élan poétique. Un brin de douceur dans une Song for a Jedi survitaminée. Une sorte d'apothéose de ce Carhaix 2006, de bouquet final juste après les Pixies et le feu d'artifices et juste avant un dernier groupe plutôt anecdotique (Infadels).

> Placébo : la bande à Molko a enflammé le public carhaisien avec ses riffs de guitare ébouriffants. La voix de Brian Molko a envoûté ses fans. Une fois n'est pas coutume, un drapeau arc-en-ciel disputait les airs aux traditionnels Gwen ha du (le drapeau breton). Le chanteur n'a pas oublié de remercier le public et les bénévoles avant de terminer par Bitter end. Mais comme ce serait une fin au goût amer, Placébo n'a pas lésiné sur les rappels.

> Tracy Chapman : 42 ans et une carrière sans fausse note pour la belle chanteuse noir-américaine au sourire enjôleur (même quand elle chante !) Douceur de vivre sous le soleil carhaisien en ce dimanche après-midi : le bonheur est dans le pré de Kerampuilh ! Avec sa guitare à la main, elle n'a peur de rien. Le public non plus quand il l'écoute religieusement. Elle est venue parler d'une révolution, forcément douce (Talkin' Bout a Revolution), mais le public a surtout rêvé. Et frissonné quand Tracy Chapman a sorti son harmonica.

> Editors : le groupe d'indie rock de Birmingham a régalé les Carhaisiens d'adoption avec les chansons issues de son album The Back Room. Anecdote qui permet de comprendre à quel point ce groupe a tapé aux oreilles des grands spécialistes du rock. Ils étaient au Paleo festival en Suisse le vendredi, à Carhaix le samedi et à Benicassim en Espagne le dimanche. Soit le tiercé gagnant des rassemblements monstres du week-end !

> Diam's : « La Bretagne, ça déchire ! » Le moins que l'on puisse dire, c'est que, quand elle tient un gimmick, Diam's ne le lâche pas. Combien de fois a-t-elle répété ce slogan avant de quitter la scène Xavier Graal ? En tout cas, l'hégérie féminine du rap français a donné un concert sans erreur (pardon, sans boulette), allant même jusqu'à personnalisé de façon fort subtile le texte de ses chansons : « Aux Vieilles Charrues, le combat continue ! » Au passage, elle n'a pas oublié d'inviter les jeunes à voter l'an prochain et à dégommer Marine Le Pen, sa cible favorite. Le Pen, un Breton qui n'est pas prophète en son pays (né à La-Trinité-sur-Mer, c'est en Bretagne que Jean-Marie Le Pen obtient ses scores les plus faibles).

> Julien Clerc : avec des classiques de la chanson française passés un million de fois sur Nostalgie (Femmes... je vous aime, Mélissa) et des nouveautés qui passent en boucle sur Chérie FM (Quel jeu elle joue, double enfance), Julien Clerc a gâté ses fans et sérieusement augmenté la moyenne d'âge des festivaliers du dimanche. Magie du festival : en chantant Laissons entrer le soleil, il a chassé les derniers petits nuages qui résistaient encore et toujours à l'envahissant soleil. Julien Clerc s'est visiblement bien amusé, il n'a pas hésité pour un rappel avec Ma préférence.

> Jamel Debbouze : quelle drôle d'idée des organisateurs que de faire venir un humoriste dans un festival rock ! Effectivement, ce fut très drôle ! Jamel Debbouzec, comme il s'est rebaptisé lui-même pour marquer son passage en Bretagne, a montré son immense talent d'improvisation, même devant 55 000 personnes. Il a su adapter son spectacle à son public, se moquant gentiment des cités de Brest et évoquant la BAV, la Brigade anti-vaches. Il a terminé en racontant à sa manière l'histoire du festival, concluant : « Comme quoi, les grandes idées viennent souvent des mecs bourrés ! » Au final, il n'a pas eu le temps de faire tout son show, loin de là, mais il a donné une furieuse envie d'aller le revoir.

> Olivia Ruiz : elle a séduit son public. Evitons de dire ses fans, tant l'ancienne de la Star'Ac est parvenue à se détacher cette étiquette collée sur son front. Non, Olivia Ruiz n'est pas un clône de Jenifer. Elle a son propre univers. Même si, en parodiant la musique de Premiers baisers, elle en fait peut-être un peu trop. Est-ce vraiment nécessaire ?

> Pixies : une pointe de déception. Certes, musicalement, c'était très fort. Bien sûr, Where's my mind était un grand moment de cette édition avec 55 000 fans s'égosillant sur le fameux Wouhouhouhou ! Mais les papys rockeurs font leur âge, ils enchaînent leurs chansons sans ce grain de folie qui a donné tout leur éclat aux spectacles de Dionysos et Cali, pour ne citer qu'eux. Alors, on se souvient immanquablement des interviews dans lesquelles ils confiaient qu'ils avaient reformé le groupe pour l'argent, et on se dit que c'est bien dommage même si cela valait le coup pour la musique.

> Madness : même reproche, même sanction. Titre trompeur, le concert manquait vraiment de folie. Rien à voir avec les incontrôlables Ska P du temps où il rayonnaient sur la planète ska et où ils n'en loupaient pas une lors de leurs concerts.

Raphaël, le nouvel idole des jeunes

Avec ses yeux de velours et sa voix hésitante, Raphael a fait fondre plus d'un coeur. Il a convié le public carhaisien Sur la route et dans sa Caravane. On a beau l'avoir entendue 100 000 fois à la radio, ça fait quand même plaisir de la voir en live ! Il a aussi repris Neighbourhood des Arcade Fire, « l'histoire romantique d'un village enseveli sous la neige où il ne reste plus que deux amoureux ». Et il a dit « merci pour la camaraderie, la fraternité, la chaleur et la tendresse ». Merci pour ce concert, ces chansons, cette classe et ces réponses !

- Vous faites peu de conférences de presse. Pourquoi avoir accepté ici ?
« Je n'en ai pas fait depuis plus de deux ans. Je n'aime pas trop ça, je ne suis pas très à l'aise. Mais je me suis dit que tant qu'à en faire une, autant que ce soit ici car il y aurait beaucoup de journalistes. »
- Lors du dernier spectacle des Enfoirés, vous repreniez une chanson de Carla Bruni avec quelques stars de la chanson française comme Patrick Bruel. Mais le public n'en avait que pour vous, il criait dès que vous ouvriez la bouche. Vous êtes-vous dit à ce moment-là : « ça y est, c'est bon ! J'ai pris la place de Patrick dans le coeur des Français » ?
« Non, je pense que c'était simplement l'attrait de la nouveauté. Et je n'étais pas encore beaucoup apparu sur scène, contrairement aux autres ! »
- Dans vos chansons Schenghen ou La ballade du pauvre, il y a une forme d'engagement politique. Comptez-vous poursuivre dans cette voie et aller plus loin ?
« Si c'est pour dénoncer la pauvreté, la misère et la souffrance des sans-papiers à travers les textes de mes chanson, pas de problème, vous pouvez compter sur moi. Mais je ne m'engagerai pas dans un parti politique quelconque. De toute façon, je ne suis pas assez à l'aise derrière un micro pour tenir un grand discours politique. »

Olivier Jourdan, chanteur lucide d'un groupe fou

Le chanteur des Hushpuppies nageait encore dans le bonheur à sa descente de scène. Bien qu'ils aient joué devant un petit public par rapport aux standards des Vieilles Charrues en raison de l'heure du concert (14 h), ils ont su remuer les spectateurs, provoquant un nuage de poussière qui empêchait presque de voir la scène. Hormis ces considérations terre à terre, le concert a été excellent en tous points.

- Vous avez sorti un vinyle collector avec une superbe pochette. Pourquoi ?

« Parce que les petits groupes, aujourd'hui, sont obligés de soigner le packaging. Il faut donner à notre public l'envie d'acheter le disque, pas de le télécharger. Et puis, on est attaché au vinyle. C'est peut-être ce qui nous permettra de nous en sortir. »
- Pourquoi avoir accepté de vendre votre chanson phare pour la pub Mennen ?« La réponse est claire : parce qu'on avait besoin de thune ! Mais on n'a pas honte de l'avoir fait. Avec seulement l'argent de la vente des disques et de la tournée, on n'aurait pas pu arrêter nos activités professionnelles. »
- Pourquoi vous entend-on si peu à la radio ?
« Parce que la loi sur les quotas de chansons françaises est extrêmement mal faite. On n'est pas comptabilisé comme un groupe français car on chante en anglais. Cette loi est faite pour aider les groupes français, mais elle ne nous aide pas du tout. Du coup, on se retrouve en concurrence avec les groupes anglais et américains. »

Thursday, July 20, 2006

Les hommes du président

Une fois n'est pas coutume, je cède ma plume à Damien, jeune journaliste prometteur à la locale de Vannes du Télégramme, major de ma promo de l'ESJ, Guingampais d'origine, et surtout futur témoin à mon mariage (j'ai déjà sélectionné les 4 heureux élus avant même d'avoir trouvé l'heureuse élue). Il a écrit un scénario de science-fiction dans lequel j'ai pris le pouvoir.

José Bové, ministre de l'agricultureLe président de la République posa ses pieds sur la table, un grand sourire sur les lèvres, et s'éclaircit la voix. "Je déclare ouvert le conseil des ministres". Son regard balaya l'assemblée qu'il venait de nommer. José Bové, ministre de l'agriculture, était assis juste à côté d'un écran d'ordinateur. Tony Parker suivrait le conseil en vidéoconférence depuis les Etats-Unis, où sa carrière professionnelle le retenait. Qu'un ministre de la jeunesse et des sports poursuive une carrière en parallèle était une franche entorse au protocole, mais le président Kispasse n'en avait cure. Après tout, les règles existaient pour qu'on les contourne.

"Bien, nous allons maintenant examiner le dossier des transports. Combien de temps faudra-t-il pour interdire tous les centre-villes aux voitures et mettre en place des systèmes de prêt de vélos ?" Samuel Duhamel, ministre des transports et de l'écologie, ouvrit un volumineux dossier. "Il faudra compter six mois, monsieur le Président. Mais permettez-moi de dire que le projet ne va pas assez loin. Je suggère qu'on interdise carrément aux Français de posséder une voiture." Le Président considéra l'idée un moment. "Ca me plaît, Samuel, mais cela ferait s'écrouler tous nos efforts sur le covoiturage... Et puis ce serait une mesure si impopulaire..."

Dix ans plus tôt, personne n'aurait deviné que ce modeste étudiant en Sciences politiques à Rennes gravirait aussi rapidement les échelons républicains de la mobilité sociale. Après des études de journalisme, il s'était fait remarquer de la sphère politique en sortant avec la fille cachée de Nicolas Sarkozy. Le scandale, qu'il avait raconté en détail sur son blog, avait instantanément fait de lui une célébrité, et provoqué la chute de l'ancien homme fort de la droite. Un coup d'éclat qui n'était pas sans rappeler ceux de Daniel Cohn-Bendit, l'un de ses modèles en politique. Quelques semaines plus tard, il avait à nouveau défrayé la chronique en tentant de se faire prendre en photo entre les jumelles Bush, en visite à Paris. Son arrestation par les services spéciaux américains sur le sol français avait provoqué une crise diplomatique, avant que le Quai d'Orsay n'obtienne sa libération.

Didier Wampas, ministre de la cultureUn comité de soutien s'était créé spontanément autour de lui pour les présidentielles de 2013, rassemblant des personnalités aussi éclectiques que Didier Wampas (désormais ministre de la culture) ou Vincent G, rédacteur en chef des Inrockuptibles. Ecumant les mairies du Morbihan, il avait accumulé les signatures nécessaires, puis il avait passé des accords de désistement réciproque avec les principaux partis de gauche. Sa parfaite maîtrise des sondages lui avait permis d'entrevoir sa courte avance sur ses rivaux de gauche à l'issue du premier tour, et c'est donc avec le soutien du PS, du PCF et des Verts que le premier Président de la République divers gauche avait été élu. Mais les analystes politiques s'accordaient sur un point : Kispasse avait surtout bénéficié d'un vote de barrage face à Marine Le Pen, son adversaire du deuxième tour.

Vincent G, rédacteur en chef des InrockuptiblesDécapsulant distraitement un Breizh Cola, le président se tourna vers son ministre de l'intérieur. Partant du principe que rien ne vaut l'exemple, il avait nommé à ce poste Kevin, un jeune homme qui l'avait cambriolé quelques années auparavant, estimant que les ors de la République lui feraient prendre conscience de ses erreurs. Après tout, qui mieux qu'un ancien délinquant pouvait s'occuper des délinquants ? "Pour faire taire les grincheux accros à leur voiture, je compte annoncer une amnistie générale des contraventions de stationnement. Nous allons également présenter un projet de loi abolissant les infractions au code de la route pour les cyclistes. J'ai toujours trouvé anormal qu'un cycliste puisse être verbalisé pour avoir grillé un feu rouge, alors que toutes les études montrent que les deux-roues sont le mode de transport le plus sûr après le train."
Kevin déglutit. "En réalité, monsieur le Président, un pourcentage non négligeables des victimes d'accidents mortels sont des cyclistes.
- Vraiment ? Fascinant. En attendant, faites le nécessaire pour qu'ils échappent au code de la route. Et faites passer des consignes de fermeté contre les automobilistes qui les renversent."
Le Président Kispasse s'enfonça dans son fauteuil. "Bien, je pense que les autres dossiers peuvent attendre. Ah si, j'oubliais : je vais décréter le jour des Vieilles charrues fête nationale. Le communiqué est prêt, veillez à ce que toutes les mairies de France hissent haut les drapeaux européens et bretons ce jour-là."

Six mois après la prise de fonction du nouveau président, l'humeur n'était plus aussi joviale. "La guenneugueule de bois", titrait le quotidien Libération, pourtant l'un des premiers soutiens du président. "Malgré un programme ambitieux en matière de politique sociale, d'écologie et de culture, le bilan du président ne répond clairement pas aux attentes des Français", analysait l'édito du Monde. Sur TF1, les pubs pour coca-cola alternaient avec des reportages sur le chômage des jeunes et l'insécurité des petites vieilles. Le président éteignit la télévision. Les chaînes télé avaient une dent contre lui depuis qu'il avait instauré la semaine sans publicité et traité Patrick Le Lay de "phacochère bouffi à la solde de pepsi" lors d'un débat public. Il s'en moquait.

Tony Parker, ministre de la jeunesse et des sportsKispasse attacha sa ceinture alors que le Falcon présidentiel décollait vers l'ouest. Il était attendu à New York pour l'assemblée générale des nations unies. Bien entendu, il avait aussitôt appelé Tony Parker pour qu'ils aillent boire quelques bières. Un deuxième falcon était parti le chercher la veille à San Antonio. La session, consacrée à la situation au proche-orient, promettait d'être longue, et il aurait bien besoin de se détendre avant.

24 heures plus tard, il somnolait placidement dans l'hémicycle. Il avait discrètement débranché la prise de son casque, et à la place de la traduction des discours il entendait désormais le dernier album de Muse, dont la grandiloquence lui sembla fort appropriée aux circonstances. En bas, le président israélien, issu du parti Droit et vertu, semblait sur le point d'en venir aux mains avec le chef de la délégation diplomatique iranienne, secrétaire général du parti de la loi islamique. Il était temps de détendre l'atmosphère. Le président de la République française se leva, alluma son micro, prit une profonde inspiration, et déclara d'une voix douce mais ferme : "Bon, les gars, c'est bien sympa tout ça, mais en attendant on se fait un peu chier. Toutes les jolies New-Yorkaises sont en train de nous passer sous le nez, et j'ai des flambys et du champagne au frais dans mon Falcon de fonction. On va faire une teuf à tout péter."

Deux jours plus tard, une ogive nucléaire explosa au-dessus de Jérusalem.

Monday, July 17, 2006

Zidane, et maintenant?

Zizou, le Français préféré des Français (n'en déplaise aux Le Pen, les connards préférés des connards)
Privilège de ma fonction de webmaster de lavoixdunord.fr, je lance des sondages en ligne... J'ai demandé si je pouvais faire du politique, on m'a dit de plutôt viser le ludique. Dont acte...
Dans quel domaine le jeune retraité Zidane devrait-il se reconvertir?
Total des votes : 571 ( du 11/07/2006 au 17/07/2006 )
Les commentaires de foot (tout à fait, Zizou) 10 %
La politique (Zizou président !!! ou au moins maire de Marseille) 9 %
Entraîneur (Bordeaux, OM, Equipe de France...) 50 %
La chanson (un duo Zazie-Zizou pour faire plaisir à Johnny) 2 %
Le karaté (ce coup de boule !) 29 %

Monday, July 10, 2006

Jour de foot

Dimanche, jour de finale de Coupe du Monde. Toute la France retient son souffle. Toute? J'aurais bien aimé vous dire "non, un village d'irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l'envahissant ballon rond". Mais la vérité, c'est que même Bobital est suspendu aux crampons de Zizou et compagnie. La preuve, les concerts s'interrompent à 20h précises pour retransmettre le match sur écran géant, bouleversant la programmation pourtant très riche. En plus, les Bleus ont la mauvaise idée de faire durer le suspense, ce qui fait que certains artistes verront leur temps de scène sacrément écourté. Dommage, surtout que la défaite a un peu gâché la fête, l'ambiance n'était plus la même après cette désillusion...
Malgré sa bedaine, Bernard Lavilliers vote à gaucheTout avait pourtant bien commencé. Bernard Lavilliers faisait étape par Bobital dans sa tournée des festivals. On the road again... Cet habitué des Vieilles Charrues découvrait des terres neuves à Bobital. Ce qui n'a pas changé en revanche, c'est qu'il est toujours aussi anti-Sarkozy, ce qui ne le rend que plus sympa à mes yeux. Lorsqu'il porte le métissage au pinacle, il en profite pour casser du Sarko. Ca ne coute pas cher et ça fait toujours plaisir.
Les Hurlements d'Léo enchaînent avec un set rythmé, les cuivres n'y étant pas pour rien. Un petit doigt tendu à l'hélicoptère de la gendarmerie qui survole le site (opération fort polluante et inutile au possible, mais ça doit faire plaisir à ces messieurs), quelques slams et un pogo pour finir en beauté. Je ne les connaissais pas beaucoup, mais c'est mon coup de coeur du festival. Ils nous annoncent une tournée sous un chapiteau intitulée "Aux urnes etc..." pour la rentrée. Ca promet d'être sympa!
20h, les hurlements s'éteignent, laissant place à la Marseillaise berlinoise. Les festivaliers fourbus s'assoient pour suivre le match sur écran géant. Inutile de vous refaire le match. Juste un petit jeu de mot tout pourri: on savait que le coup de grisou pouvait tuer, on a découvert que le coup de Zizou pouvait faire très mal aussi (n'est-ce pas Materazzi?). Bref, on perd à la loterie, ce n'était pas notre jour de chance. Nous, on a surtout perdu des précieuses minutes de concert.
Le festival reprend son cours, avec les Finlandais de The Rasmus. Ces Kyo scandinaves n'en reviennent pas. On leur avait promis 45000 personnes et une ambiance de folie, ils découvrent des rangs clairsemés et abattus. En bon teenager attardé, je kiffe grave leur concert, avec In the shadows en clou du spectacle. Puis, on a quand même le droit à 25 minutes d'Anaïs, ce qui me fait regretter de ne pas en avoir plus. Mon coeur, mon amour est parfaite sur scène. Elle lance Christina, une chanson sur une pouf qui lui a piqué son mec, en s'adaptant aux conditions spatio-temporelles: "S'il y a des Christina dans le public, vous pouvez leur foutre des coups de boule à la Zizou... Non, finalement, laissez les tranquilles, c'est leur journée aujourd'hui, c'est la fête de la morue!" Un petit rap par ci, une ballade par là, c'est déjà fini, mais que c'était bon! J'espère la revoir très vite dans de meilleures conditions.
Lordi, des Vikings complètement barrésOn enchaîne avec Lordi, les Finlandais barjots qui ont gagné l'Eurovision. "Un spectacle pyrotechnique", avait annoncé le gentil organisateur. Mais c'est surtout leur déguisement qui fait rire, leur musique moins. C'est un peu pourri, mais vraiment drôle. Ils terminent avec Hard Rock Hallelujah, la chanson qui leur a fait décrocher le pompom. C'est bien que l'Eurovision s'ouvre à tous les styles musicaux... Après les vikings, on est convié à une orgie romaine avec Dyonisos. Mais il est déjà tard, mes amis qui travaillent le lendemain veulent rentrer et nous disons au revoir à Bobital. On loupe aussi Saian Supa Crew, mais on arrive entier à Rennes. J'ai perdu ma voix, je retrouverai la Voix mardi.

Sunday, July 09, 2006

Retour vers le futur

Trois mythes pour un concert d'anthologie... C'est ce qui nous attend le samedi soir. Une semaine après Muse, six jours après Bob Dylan, un jour après Indochine, je vais donc me coltiner Chuck Berry, Jerry Lee Lewis et Little Richard. Excusez du peu!
La journée ne commence pas en rock, mais en reggae. Patrice distille sa musique ensoleillée et tout Bobital s'enflamme et chaloupe de plaisir. Thiéfaine la mûreCe fils d'un Sierra-léonais et d'une Allemande chante en Anglais sur un rythme aux origines jamaïcaines. Bref, un citoyen du monde qui nous fait pénétrer dans son univers. Je redécouvre à cette occasion les plaisirs du slam, quand vous êtes portés par la foule, auxquels je n'avais pas goûté depuis des années.
Moins enjouée, la musique de Thiéfaine prend le relais. Sa tournée s'intitule "Suicide Tour", ça veut tout dire. Effectivement, une irrépressible envie de se jeter sous un train monte au fur et à mesure du concert. Mais tout cela est gommé par son dernier titre, l'inoxydable "fille du coupeur de joint" qui n'a pas pris une ride. Le public chante en choeur.
Jean-Louis Aubert la pêcheJean-Louis Aubert lui succède avec succès. Il jongle habilement entre ses derniers titres et les chansons mythiques de Téléphone. Il me promet qu'un jour, il ira à New-York avec moi, puis m'explique que quelque chose en moi ne tourne pas rond. Faudrait savoir, Jean-Louis! En tout cas, il semble cool, sympa et simple, exactement la même impression que m'avait donnée Louis Bertignac l'année dernière. Dommage que leurs routes se soient séparées en 1986. Une année de merde marquée par la fin de Téléphone, le retour de la droite au gouvernement et la mort de Coluche.
Mickey 3D le fruit de la passionPuis, c'est l'heure de Mickey 3D, un de mes groupes préférés. Toujours à gauche toute, ils parviennent avec leurs petites mélodies à ce que le public s'embrase, notamment lorsqu'ils font leur version rap de Respire ou quand ils reprennent J'ai demandé à la lune d'Indochine. Avec la France a peur, c'est aussi une leçon de journalisme qu'ils me donnent. Non, décidément, ce ne sont pas des Mickey.
Jerry Lee Lewis la cerise (sur le gâteau)Le clou de la soirée, c'est quand même le trio de papys du rock et du blues qui débarque alors chacun à son tour sur la grande scène. D'abord Jerry Lee Lewis, pianiste hors-pair, sur lequel on s'improvise de bons petits rock'n'roll. Puis Little Richard, qui arrive en retard parce qu'il s'était paumé à Dinan. Heureusement, Jean-Louis Aubert prend les choses en main en improvisant un couplet de "Imagine". Little Richard arrive enfin, dans un costume très kitsch et plein de paillettes, avec une moumoute sur la tête. Un musicien très doué lui aussi, mais un mec vraiment détestable. Il se prend pour une grosse star. Déjà, il avait exigé une Limousine, en toute simplicité. Il arrive sur scène avec une bonne demi-heure de retard, et commence par engueuler les deux cameramen. Little Richard la tomateAu cas où ils n'auraient pas compris, il explique au micro qu'il est en train de préparer un DVD et qu'il refuse qu'on le filme. Il va même jusqu'à menacer de quitter la scène si on ne respecte pas sa volonté. Petite précision, dont il n'avait pas dû être mis au courant: les cameramen sont là pour les écrans géants qui bordent la scène. Premiers sifflements. Entre deux chansons, il fait la promo pour son bouquin, soi-disant gratuit. Il nous engueule presque parce qu'on ne connaît pas les paroles de ses chansons. Ferme-la et joue!
Chuck la baieChuck Berry me semble beaucoup plus sympathique. Un grand moment de communion avec le public... et avec Jean-Louis Aubert qui le rejoint pour jouer Johnny be good en fin de concert. Surprise de Chuck, bonheur de Jean-Louis. Et ces commentaires à la fin: "Something happened, it's my brother!" (Il s'est passé quelque chose, c'est mon frère!)
Dick la bananeJe termine la soirée avec un peu de Dick Rivers, qui remplace à la dernière minute Elmer Food Beat. Et plutôt bien... Du rock à l'ancienne, again. Dick a toujours la banane et ça fait plaisir à voir. Je boude Trust, un peu trop bourrin à mon goût.

Saturday, July 08, 2006

Didier Wampas à l'Elysée

Les punks sont venus en pèlerinage à Bobital, mais par pour visiter sa belle église. BELLE PHOTO DU TELEGRAMMEMon été des festivals s'est réduit comme peau de chagrin depuis que j'ai appris que je n'ai pas de jours de congé. Juste quelques RTT à me mettre sous la dent (merci Martine!). Du coup, il m'a fallu choisir entre les Vieilles Charrues et les Terre-Neuvas. Terrible dilemme. J'ai opté pour Bobital. Plus d'amis motivés, meilleure affiche selon moi, moins de foule et donc plus de facilité pour déambuler et s'approcher des scènes. Pour la première fois depuis 1998, Carhaix devra composer sans moi...
Bobital, charmante bourgade costarmoricaine aux allures de village d'irréductibles Gaulois. 865 habitants l'hiver, environ 40000 pendant les 3 jours du festival. Sa boulangerie et son bar-tabac réalisent probablement la moitié de leur chiffre d'affaires annuel sur ce week-end. Le festival s'appelle Terre-Neuvas en hommage aux marins-pêcheurs qui allaient pêcher la morue du côté de Terre-Neuve. La légende dit qu'ils devaient aller si loin qu'ils auraient découvert l'Amérique avant l'ami Christophe Colomb. Cette fête populaire et traditionnelle s'est progressivement muée en un gigantesque festival de musiques. J'y allais pour la troisième fois consécutive.
Vendredi, on découvre à notre arrivée qu'il n'y a pas assez de places de camping. Pas grave, mes amis Céline et Michaël connaissent une habitante du cru, Vanessa. C'est arrangé: nous camperons dans son verger. Une excellente solution: non seulement nos hôtes sont très sympas, mais en plus nous avons un accès privilégié pour des toilettes et une salle de bain, incommensurable confort pour un festivalier.
Une fois ma "two seconds" jetée, en route pour le site. Je le découvre agrandi (d'où la pénurie de places de camping), il faudra marcher beaucoup d'une scène à l'autre cette année. L'organisation est meilleure que l'année dernière (moins d'attente pour entrer sur le site). Ce sont les Dandy Warhols qui nous accueillent sous la pluie. "En Bretagne, il ne pleut que sur les cons", avancent certains tee-shirts. Dommage, il semblerait que des cons se soient infiltrés sur le site. L'occasion de vérifier la toute-puissance du Dieu football. Quand les rockeurs de Portland rendent hommage aux Bleus entre deux chansons, la pluie cesse. Un signe annonciateur d'une belle victoire française en finale?
Y'avait l'ami Bruno...Le showman Bénabar enchaîne sur la petite scène. Toujours aussi excellent, Bruno! Ses sauts de cabri, limite grand écart, ses petites blagounettes entre deux morceaux et ses chansons bourrées de feintes. Il reprend Habanera de Carmen et fait chanter le public: "Prends garde à toi". Il se moque gentiment de nous parce qu'on ne connaît pas bien les paroles, nous provoque en expliquant que les Parisiens étaient meilleurs, et nous inflige sa "punition" maison en chantant "J'aurais voulu être un artiste". Douce punition... Il joue aussi ses nouvelles chansons, nous offre "Bruxelles", nous convie à "dîner" et nous ramène au temps de "Maritie et Gilbert Carpentier". Il termine en beauté avec son tube "Y a une fille qu'habite chez moi" et la brave "Muriel" à qui il demande toujours de dire oui (une chanson tendancieuse avant le référendum).
Bob Morane est pour la FranceRetour vers la grande scène. Terrain glissant, épaisse couche de gadoue, une sorte de cuvette de Dien Bien Phu pour accueillir Indochine. Ils étaient déjà venus quand le festival était tout petit et qu'ils revenaient sur le devant la scène. Ils ont fait du chemin depuis, les Terre-Neuvas aussi. Ils sont impressionnés par la foule environnante et la folie ambiante. Un grand moment. Les frères Sirkis, sortes de Brian Molko à la française, sont de véritables bêtes de scène. Un bref instant, ils nous font décoller de la gadoue pour nous envoyer sur la lune. Leur duo avec Mélissa Auf Der Maur (ex-bassiste des Smashing Pumpkins, pas présente sur scène mais visible sur les écrans géants) est magnifique. Boeuf de folie avec Didier Wampas sur Harry Poppers, avec des paroles qui semblent écrites par celui qui rêve d'avoir le portefeuille de Manu Chao et de voir Chirac en prison: Faire l'amour en Corée du Nord, Jouer aux indiens sur la glace, Et croire à la lutte des classes. Didier et Nicola, qui n'en loupent pas une, font semblant de faire l'amour sur scène. Indochine quitte la scène... Z'auriez pas oublié quelque chose, les gars? Rappel: une chanson, une seule, celui que tout le monde attend... Et soudain surgit face au vent le vrai héros de tous les temps, Bob Morane contre tout chacal, l'aventurier contre tout guerrier. C'est la vallée infernale et la jungle birmane à Bobital!
C'est un grand soir. Je dirais même plus: la croisée des grands soirs... Blankass est sur la petite scène. Je les avais loupé il y a quelques années alors qu'ils étaient encore anonymes et qu'ils enflammaient la salle des fêtes de Guer. Je ne commettrai pas la même erreur une seconde fois. Les petits gars du Berry nous bichonne. Le chanteur s'amuse d'un "problème de côté": y a un côté qui bouge bien, l'autre qui écoute amorphe. Devinez de quel côté je me trouve...
Didier Wampas est le roi de la terreDu pur délire! Le concert de Didier Wampas est unique. L'expression "joyeux bordel", souvent utilisée abusivement, prend ici tout son sens. Comme d'hab, Didier nous traite de Normands et vient slamer dans le public. Mais il s'adapte aussi merveilleusement aux conditions climatiques... Il fait tout son concert en boxer. Le petit jeu consiste alors pour le public à lui balancer des monceaux de boue. Parfois, la cible est manquée et on déguste... Mais c'est tellement drôle! Didier Wampas devient l'homme le plus crade que je n'ai jamais vu. Et il veut en rajouter une couche: il descend parmi nous et se roule dans la boue, demandant au public d'en faire de même. Je suis aux premières loges, je peux même toucher le phénomène, mais je reste debout, sachant pertinemment que lui retrouvera sa chambre d'hôtel ce soir quand je me jetterai dans ma toile de tente. Il nous traite de "dégonflés", c'est sûr qu'il est gonflé. A bloc. A la fin, il reprend "Où sont les femmes?" en faisant monter sur scène plein de spectatrices. C'est la folie, et certaines s'amusent à lui baisser son froc. Un scoop guenneugueskispasse: Didier Wampas en a une petite... Musicalement, il est fidèle à lui-même... Ses chansons me font marrer, c'est tout ce que je lui demande. Et moi aussi, je rêve de voir Chirac en prison! Et Didier Wampas à l'Elysée?

Thursday, July 06, 2006

De la schizophrénie d'être pro-bleu et pro-vert

Le Parc Matisse à Lille était plein à craquer. En haut à gauche, la statue de Tonton qui m'a un peu gêné pendant la deuxième période
L'oeil du décroissant: la France retrouve le moral grâce aux Bleus. Tous? Non, une poignée d'indécrottables décroissants résistent encore et toujours à l'euphorie ambiante. Une Coupe du Monde en plein pendant les soldes, les affaires sont bonnes pour les commerçants. Ca consomme à outrance: des maillots bleus, des téléviseurs HD, de la bière, du coca... Mauvaise nouvelle pour les anti-gaspillage qui aimeraient que ces super flux de superflu s'arrêtent. Pendant les scènes de liesse, difficile de ne pas voir ces détritus qui s'amoncellent sur la voix publique, ces épaves complètement bourrées et ces voitures qui brûlent de l'essence sans but précis.
L'oeil du supporter: le Parc Matisse de Lille explose au coup de sifflet final. Comme partout en France, les fumigènes fument, les éclats de rire fusent, des supporters un brin fêlés font trempette dans les fontaines ou montrent leur séant à la face du monde entier. Le bras tendu de la statue de François Mitterrand, qui m'empêcha de voir l'intégralité de l'écran géant pendant toute la seconde période, semble indiquer la direction de Berlin. Les Bleus disputeront une nouvelle finale de Coupe du Monde. Zizou terminera sa carrière au sommet de sa gloire, fait unique pour un sportif de ce niveau. Mais Zidane est unique. Il a encore été décisif hier soir. Après le beau De-Ashi-Barai de Carvalho sur Henry, c'est le capitaine des Bleus qui marque le penalty de la victoire.¨Par la suite, les Bleus ont souffert, mais la défense a été héroïque. Merci Lilian, merci Titi, merci Zizou... et merci Martine de nous avoir permis de mater le match sur écran géant, qui plus est en nous épargnant des pubs à la mi-temps! On est en finale, prions pour un superbe bouquet final à cinq jours de la fête nationale, pas de pitié pour les Ritals.

Ce que veulent mes lecteurs

A l'occasion de mes un an de blogging intensif, je fais le point sur les stats. Depuis que j'ai un moteur qui calcule mes stats de fréquentation, j'ai environ 40 visiteurs par jour. Une petite moitié sont des fidèles lecteurs, le reste arrive là par hasard. Quelques petites anecdotes à ce sujet:
- Quand j'ai publié un post "Sea, sex and music" de façon assez fallacieuse, j'ai eu beaucoup de visiteurs qui tapaient "sex" dans leur barre Google. Ils ont dû être déçus. D'ailleurs, ils ne traînaient pas longtemps sur mon blog.
- Mardi, un visiteur est tombé sur mon blog en tapant "recherche bonne petite pute sur armentieres" sur Google. C'est vrai que mon voleur, que quelques recherches m'avaient poussé à croire qu'il habitait Armentières, était une bonne petite pute, mais je ne pense pas que ce soit vraiment ce que cet internaute recherchait!
- Hier, j'ai eu un visiteur qui avait tapé "affiche panneau gag sur les chiotte toilette WC" dans sa barre Google. Deux questions: que recherchait ce gars? Comment a-t-il atterri sur mon blog?
- Un autre internaute est passé sur mon blog après avoir inscrit "zizou en slip" sur Yahoo.
- Autre recherche qui m'a fait rire: quelqu'un est tombé sur mon blog en tapant "condamnation mineur insolvable" dans sa barre de recherche.
- Y a beaucoup de monde qui tombe dessus en tapant "Domenech Estelle Denis" dans la barre. Pour leur faire plaisir, sachez que si Pirès n'a pas été sélectionné en Equipe de France, c'est apparemment parce que Raymond lui en veut depuis que la belle Estelle lui aurait fait une petite gâterie (avant qu'elle ne soit avec Domenech, mais le sélectionneur est du genre rancunier). Info non garantie au possible, je n'étais pas présent le jour du forfait...
- Enfin, dernier détail amusant: y a plein de Palois qui sont venus lire mon portrait du scout d'Atlanta car je parlais un peu de Ludovic Vaty qui jouera pour l'Elan béarnais la saison prochaine. Du coup, mon blog était cité sur un forum de fans. Ce qu'ils n'ont probablement pas vu, c'est que dans mes sites favoris (dans la colonne de droite), j'ai un lien vers le CSP Limoges, ennemi héréditaire de Pau-Orthez, intitulé "Tomorrow never dies"!

Wednesday, July 05, 2006

Auto-dérision

L'été sans bagnole. Ainsi titre en couverture le numéro d'été de l'excellent journal La Décroissance. Prenez le TGV, partez à vélo ou à pied, ou mieux encore: faites comme moi, ne prenez pas de vacances!
Car les voitures sont méchantes. Il ne faut pas croire le dernier film pondu par les studios Pixar, Cars (un excellent film d'animation soit dit en passant), qui nous les présentent comme d'adorables créatures, dotées de sentiments. Non, les voitures polluent, tuent et gênent les gentils vélos.
Depuis qu'ils fument pu d'shit (référence à leur dernier méga-tube), les p'tits gars de Stupeflip sont devenus de vrais écolos. Pour preuve, leur nouvelle chanson dont voici les paroles. Excellent (mis à part le passage sur les motos qui ne valent pas mieux que les voitures à mon avis):

Trop de hérissons écrasés, écrasés par les cages en métal
Trop de gens traumatisés, matisés par les cages en métal
Trop de poumons pollués, pollués par les cages en métal
Trop de gens écrabouillés, crabouillés par les cages en métal

Dans les cages en métal
Vous allez bien trop vite
A plus de 100 à l'heure
A fond sur l'autoroute-route
Dans les cages en métal
Vous êtes bien inconscients
Dans les cages en métal

Trop de gens traumatisés, matisés par les cages en métal
Trop de motards embêtés, embêtés par les cages en métal
Et trop de membres amputés, amputés par les cages en métal
Trop de gens écrabouillés, crabouillés par les cages en métal...

Tuesday, July 04, 2006

Vive le roi !

Non, je ne céderai pas une nouvelle fois à la Ségomania qui envahit le pays. Ce post ne sera pas un vibrant hommage à Melle Royal (qui pourrait devenir Mme Hollande si elle accepte l'invitation d'Oscar Temaru de se marier cet été à Tahiti). Je veux parler du roi Bob Dylan.
Tout est parti d'une fin de soirée esjienne. A l'heure où l'on a oublié quelle est sa langue maternelle et où l'on discute en anglais, j'ai eu un long débat sans queue ni tête avec Aldelaf, futur remplaçant de Stéphane Paoli à la matinale de France Inter. La teneur: who is the king? Lui soutenait Neil Young, je lui préférais Bob Dylan...
J'ai vu le roi hier soir au Zénith de Lille. Certes, il n'est plus à son zénith. Certes, à 65 ans, il a l'âge de jouir d'une retraite bien méritée. Certes, il n'est pas des plus communicatifs avec le public. Certes, il refuse de se faire photographier par la presse locale, ce qui est assez surprenant. Il égrène quelques perles de son répertoire infini, présente ses musiciens, salue la salle et part sous d'autres cieux pour un nouveau spectacle de son Never ending tour. A 40 euros les 100 minutes, ça fait cher la minute... Mais le timbre de voix est intact et le bougre est toujours aussi fort, notamment à l'harmonica. Paraît qu'il va sortir un nouvel album en août. Merci Bobby de ne pas prendre ta retraite tout de suite, nos oreilles apprécient. Et puis, un roi ne cède jamais son trône. Le roi n'est pas mort, vive le roi! Si Neil restera toujours Young, Bob Dylan ne sera jamais vieux.

Monday, July 03, 2006

Un samedi soir sur la Terre

Et vous, qu'avez-vous fait samedi soir? Pendant que les rockeurs européens se dépêchaient d'aller voir Depeche Mode à Belfort. Pendant que les teufeurs vannetais jouaient au chat et à la souris avec les CRS locaux et les grands reporters du Télégramme. Pendant que Zizou l'artiste émerveillait la France de quelques jongleries dont il a le secret. Pendant que Titi la patate épatait les supporters bleu-blanc-rosé et épouvantaient les Brésiliens. Pendant que la déferlante bleue écartait le péril jaune. Pendant que Raymond Domenech vivait le plus grand moment de sa vie (en attendant, croisons les doigts, le 9 juillet au soir). Pendant qu'Estelle Denis appelait le camping pour reporter la réservation. Pendant que Jacques Chirac sirotait sa Corona en se disant que ses mandats resteraient dans l'histoire grâce aux victoires des Bleus. Pendant que je passais une soirée magique à Arras.
Une fan de Muse qui les porte dans son coeurGrand-Place d'Arras, ses vieilles pierres, sa scène géante, son coucher du soleil. Jeudi soir, les papys du rock de Depeche Mode ont montré qu'ils avaient de superbes restes. Place aux jeunes. Ce soir, Muse vient fêter la sortie de son nouvel album. Le Main Square festival, c'est chébran, c'est chanmé.
20h30, arrivée, foule, première partie: The Kooks. Des petits British qui font du rock bien léché, propre et sans bavures. Le genre de trucs qui doit plaire à mes amis d'Impunité Zéro. 21h30: sortie de scène, le public est chaud, prêt à accueillir ses chouchous, prêt à s'a-muse-r. Mais il faut que le matériel soit en place, que le décor soit planté, que les stars soient disposées à entrer sur scène. Souvent une longue attente qui met la patience du public à rude épreuve. Pas cette fois-ci. Les organisateurs ont trouvé la parade. Projection de 25 minutes du match des Bleus. Fans de Muse, supporters de foot, même combat. L'Angleterre s'est fait sortir quelques heures auparavant. Matthew Bellamy et ses acolytes plus très anonymes doivent trépigner en coulisses. Zidane Superman. Les Bleus dominent de la tête et des épaules. Et du pied aussi. Mi-temps. Muse se fait attendre.
Matthew Bellamy, Maupassant aurait adoré écrire sa biographie22h15: but de Titi sur un caviar zidanesque (on dit bien jordanesque en basket). Muse entre en scène dans la foulée. Muse se fait entendre. Eux aussi jonglent, entre leurs tubes déjà devenus cultes et les chansons de leur nouvel album, Black holes and revelations. Dont Supermassive black hole. Non, les Bleus, pas de trou noir... Parfois un son ultra-puissant, sismique, parfois des ballades piano-voix toutes en douceur. C'est justement au cours d'une de ces balades musicales au pays des muses qu'une clameur monte dans la foule. Le doute n'est pas permis. La France a gagné son ticket pour les demis. Un demi, serveur!
Une muse et son prince charmantQuelle belle soirée! Matthew Bellamy termine son morceau et nous congratulate because on est qualifié pour les semi-finals. Beau joueur de piano, beau joueur de guitare et beau joueur tout court, Matthew.
Matthew Bellamy, samedi soir à Arras, dimanche aux Eurocks23h30: la terre tremble, les vitres des belles batisses de pierres sont proches de l'explosion, le temps ne court plus, il s'arrête. Time is running out. Non, pas encore. Sortie de scène. Revient, Muse! Rappel. L'Hysteria continue. Quelques minutes de bonheur en plus. Rideau. Retour sur Lille, concert de klaxons, fête tricolore, le jour de gloire 2.