Kispasse

Tuesday, January 31, 2006

Humour, gloire et bronzés

Je présente mes excuses à Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte et compagnie! J'ai passé ma journée à critiquer le plan média des Bronzés 3 qui a eu l'outrecuidance de ne pas inviter Libé, Télérama et les Inrocks à la projection de presse.
Cela dit, je signe mon premier véritable article dans Libé. Mon jour de gloire est arrivé... J'espère que Serge sera content de moi ! Et puis, peut-être cela remettra dans son bon chemin l'attaché de presse un peu trop zèlé qui a refusé de nous inviter à la projection. C'est facile de n'inviter à la critique que les pompeux spécialistes du cirage de pompe.

De longues plages télé pour les Bronzés
"On vous a laissés sur vos a priori négatifs", explique l’attaché de presse Thomas Percy pour justifier son refus d’inviter Libération à la projection de presse des Bronzés 3. Comme Télérama et les Inrockuptibles, Libé a été jugé indésirable pour apporter sa critique à l’édifice.
Opération séduction. Il ne s’agit là que d’un épisode dans un plan médiatique soigneusement mitonné. Les bronzés sont cuits et recuits à l’issue d’un marathon médiatique d’un mois. Warner, chargé de la distribution du film, a dépensé 1,5 millions d’euros de frais de lancement. Une goutte d’eau par rapport au budget du film : 35 millions d’euros. "On a eu l’impression d’un raz de marée, mais c’est un budget raisonnable, tempère Emmanuelle Michaka, directrice marketing de Warner. C’est la moitié de ce qui a été dépensé pour le lancement du dernier Harry Potter en France."
Warner a dépensé dix millions d’euros pour obtenir la distribution du film : "Avec cinq millions d’entrées, on rentrerait pile dans nos frais", assure Emmanuelle Michaka.
Plutôt que de s’éparpiller pour couvrir tout le PAF, les promoteurs se sont concentrés sur quelques émissions. "Chaque décision a été prise très en amont, poursuit Thomas Percy, l’attaché de presse. L’idée était de réunir les six acteurs principaux dans des émissions spéciales. On ne voulait pas saouler les gens avec du matraquage." C’est raté, se diront les fidèles de TF1 et de RTL.
Josiane Balasko, Michel Blanc, Marie-Anne Chazel, Christian Clavier, Gérard Jugnot et Thierry Lhermitte se sont mis d’accord sur quatre apparitions à la télévision. Une fois n’est pas coutume, Ardisson et Fogiel ont été boudés. Etonnament, c’est Michel Drucker qui a ouvert le bal sur France 2, bien que ce soit TF1 qui ait investi dans le film. Le meilleur score pour Vivement dimanche depuis près d’un an avec 3,7 millions de téléspectateurs.
La première chaîne s’est ensuite rattrapée pour donner du bronzé aux "cerveaux disponibles" qui la regardent. La grosse artillerie a été mise sur la brèche. Jean-Pierre Pernaut en a parlé dans son 13 heures chaque jour pendant une semaine, Arthur a fait un numéro spécial des Enfants de la Télé, regardé par 8 millions de téléspectateurs, et PPDA a reçu les principaux acteurs lundi soir dans son journal.
Bouquet final hier soir avec la programmation du deuxième volet de la saga, Les Bronzés font du ski, pour achever de mettre en appétit. Depuis la sortie du film en 1979, c’est la onzième fois sur les chaînes hertziennes que Gilbert urine sur la voiture de Bernard. Avec dix millions de téléspectateurs à chaque fois, le succès est garanti satisfait et remboursé. TF1 et TPS ont déboursé 9,6 millions d’euros pour s’arroger les droits de diffusion télé des Bronzés 3.
"Il n’y a pas eu de plan qui correspondrait à marcher main dans la main avec le producteur, se défend-on à TF1. La vocation de la chaîne est de faire de l’audience et d’investir dans des films qui vont en faire. Ce n’est pas un problème de qualité, c’est un événement pour le cinéma français." Pourtant, Pierre Charon, chargé de la communication du film, reconnaît qu’une réunion s’est tenue avant l’été avec le vice-président de TF1 Etienne Mougeotte et le producteur Christian Fechner.
A la radio, c’est l’autre "partenaire" du film, RTL, qui s’y est collé avec une campagne d’affichage d’une semaine et la participation des acteurs à plusieurs émissions.
Verrou sauté. Ce qui est rassurant, c’est que la production a partiellement échoué dans sa tentative de verrouiller la critique. Plusieurs journaux admis à donner leur avis sont déçus, notamment le JDD : "L’ensemble tient gentiment la route, aidé par quelques répliques vachardes. Mais le charme n’y est plus." Idem sur les forums Internet où les spectateurs ayant vu le film en avant-première sont plutôt sévères. Les bronzés sont habillés pour l’été.

Monday, January 30, 2006

Les médias, c'est mon dada

Serge July est mon chef, Florence Aubenas ma collègue de travail et Edouard de Rothschild l'homme qui me nourrit à coups de tickets resto chaque midi. C'est le sommet de ma carrière professionnelle : je bosse pour [{Libération}->www.liberation.fr]. OK, c'est pour 3 semaines et je ne suis que stagiaire, mais faut pas rêver non plus. Parce qu'à Libé, en ce moment, c'est pas la joie.
Premier jour de stage. On découvre Libé, ses journalistes, sa belle terrasse qui domine Paris, sa machine à café (on est stagiaire quand même)... et ses messages accrochés aux murs. Des mots de la direction sur le plan de départ volontaire (pour éviter d'avoir à licencier, Libé propose des conditions avantageuses à ceux qui acceptent de partir) ou des syndicalistes : "Faut être con pour ne pas quitter le navire Libération (avec les rats)". Pour ceux que le sujet intéresse, y a un blog [Libé lutte->http://www.libelutte.org/]. Bonjour l'ambiance !
Tout le monde ne parle que de la deadline pour déposer sa démission dans le cadre du plan ce lundi à 18h. Au final, 85 salariés se sont présentés au guichet départ pour se libérer de ce canard en péril (7 millions de pertes d'exploitation en 2005). Problème : y a que 52 postes à supprimer ! Ca va bientôt être la course à la démission...

Je suis affecté au service médias. Il y règne une très bonne ambiance, mes nouveaux collègues ont l'air vraiment sympa. J'ai écrit un article d'une dizaine de lignes intitulé, à condition qu'ils ne changent pas mon titre, "En Grande-Bretagne, les victimes blanches noircissent plus de pages", à propos de l'accusation par le chef de la police londonienne de racisme institutionnel de la part des journaux britanniques. En résumé, un blanc égorgé a plus de "chances" de faire la une du Sun qu'un noir assassiné. Les lecteurs scrupuleux de Libé connaîtront demain cette "injustice". On pourrait appeler ça la discrimination positive.

Friday, January 13, 2006

Une femme libérée

Souvenez-vous l'été dernier... Florence Aubenas libérée après 157 jours de captivité. Eh bien, après 216 jours de liberté, Florence Aubenas est venue nous rendre visite hier à l'ESJ. Fidèle à elle-même : naturelle, drôle et passionnante. Sa première nuit en France dans une base de la DGSE ? "Il n'y avait pas de grandes paraboles pour espionner le monde entier ni de micros cachés dans les steaks. C'était plutôt du genre VVF, assez chichement meublé ! Au lieu d'agents secrets, il y avait simplement des psychologues avec des chaussettes Mickey pour me débrieffer." La première chose qu'elle ait faite en rentrant ? "Rien de spécial. Je pourrais vous faire une réponse mélo, mais la vérité, c'est qu'on rentre chez soi... et merde, j'ai renversé l'Ajax !" Le procès d'Outreau qu'elle avait couvert à Saint-Omer ? "C'était un tout petit tribunal et on vivait en vase clos. Il y avait les accusés, les avocats et les journalistes, et tout ce petit monde se retrouvait à la machine à café ou aux toilettes. C'était le loft !" Son sentiment sur Serge July, le patron de Libé contesté en ces temps difficiles ? "J'aime son côté plouc. C'est un type qui n'en revient toujours pas quand il a pu dîner avec Catherine Deneuve." Pendant 2h30, elle tient son public en haleine. C'est un florilège, c'est Florence.



Elle parle aussi de sa nouvelle notoriété, qui ne lui simplifie pas sa vie de journaliste (c'est qui qui pose les questions, ici ?), et de la difficulté de garder ses convictions après un tel événement. Elle était contre la détention de prisonniers à Guantanamo, elle a donc refusé de parler aux enquêteurs américains. Elle a quand même changé d'avis sur un point : elle déconseille aux journalistes de se rendre en Irak, car l'enjeu n'en vaut pas la chandelle, surtout si c'est pour être coincé à l'hôtel toute la journée.

Elle enchaîne sur la triple crise de son journal : économique (concurrence des gratuits, panne du système de distribution), sur le fond (délégitimation, décalage entre la rédaction et les lecteurs révélé par le référendum sur la Constitution) et contestation du créateur historique au sein même de la rédaction. Y a p'têt un poste qui va se libérer. Faut l'envoyer où, le CV ?

Sunday, January 08, 2006

Mes voeux

C'est la traditionnelle période des voeux de début d'année. Je mets ma pierre à l'édifice et donne les miens pour 2006. Je souhaite donc :
- à vous tous : un pétrole très cher qui vous pousse à utiliser votre vélo ou les transports en commun plus souvent.
- à Nicolas Sarkozy : de continuer à faire des morts en moins sur la route, mais de trouver d'autres solutions pour cela que de faire brûler des voitures.
- à Jean-Marie Le Pen : de connaître le même sort qu'Ariel Sharon (rebaptisé Sharon Stone en ce moment). Eh oui, Jean-Marie se vantait souvent, quand on lui reprochait d'être trop vieux pour se représenter, d'avoir le même âge que Sharon à qui on ne faisait jamais ce genre de commentaires.
- à George Bush : de n'avoir pas besoin de déclencher une nouvelle guerre pour faire distraction.
- à Thierry Gilardi et Jean-Michel Larqué : une extinction de voix le 10 juillet 2006 tellement ils auront gueulé la veille avec la victoire des Bleus en finale de la Coupe du Monde.
- à Tony Parker et Boris Diaw : de s'étriper en finale de la conférence Ouest de la NBA avant de se réconcilier en gagnant les Championnats du Monde au Japon en battant feu Dream Team.
- aux étudiants de l'ESJ : une fin d'année pleine de tsunamis et de guerres, ça fera beaucoup de boulot pour des jeunes journalistes en quête de piges et CDD.
- à toutes les filles que j'ai aimé avant (spéciale dédicace à Félix Gray et Didier Barbelivien) : une merveilleuse année 2006 !