Kispasse

Monday, October 29, 2007

Abd al Malik, donneur de son


Ce n'est pas un donneur de leçon, mais il a conscience que son exemple peut servir. Abd Al Malik a accepté de répondre aux questions du public avant son concert qui a fait salle comble, samedi soir, au centre Athéna à Auray.
"J'ai eu de la chance, je ne me considère pas comme un modèle, mais si les choses que j'ai vécues peuvent aider les autres, tant mieux!" Abd Al Malik a accepté en toute simplicité de répondre aux questions du public, délivrant un message empreint d'humanisme, de tolérance et de partage: "Même le nom de l'album, Gibraltar, c'est l'idée de passerelle. Pour nous, la musique, c'est la capacité à partager des émotions, qu'on soit jeune, vieux, blanc, noir..." Comme dans son livre "Qu'Allah bénisse la France", il s'est dévoilé sans ambages, parlant de sa jeunesse à double face, entre études brillantes (double cursus en philosophie et lettres) et délinquance (pick-pocket et deal). Finalement, il a bien tourné et il sait à qui il le doit: "J'ai pu accéder à une éducation, l'école est la clé de tous les possibles. Les profs sont mes héros."
Abd le donneur de son a aussi parlé musique. Il se revendique "enfant de la fusion". Il vient du hip-hop et du rap: "Faire du rap, c'était comme une catharsis pour moi, ça me permettait de sortir mes émotions et, à travers mon histoire, les gens peuvent se reconnaître. C'est en cela que la musique est un miroir de l'humanité."
Il est toujours le leader du groupe de rap strasbourgeois N.A.P, qui va participer à la réalisation d'un album collectif qui sortira en janvier. Mais il s'est ouvert à d'autres styles musicaux comme le jazz, et c'est son slam d'un genre nouveau qui lui a permis d'accéder à la notoriété. Il a pu vérifier son nouveau statut samedi soir, puisque 1000 personnes sont venues l'applaudir. Ils ont eu droit à un spectacle total: textes inspirés et bien mis en rythme, une énergie communicative, des gesticulations millimétrées... Il a surtout décliné les chansons de son album "Gibraltar", récompensé par une Victoire de la musique.
Quand il chante "Les Autres", qui reprend les paroles de "Ces gens-là" de Brel, on se souvient de ce qu'il disait du mythe quelques heures avant, lors de la rencontre avec le public: "Brel, c'est la quintessence de l'artiste, il s'exprimait avec ses tripes. C'est un vrai modèle artistique pour moi." Et on se dit que le modèle aurait été fier de son élève.
Abd Al Malik ne lésine pas non plus sur des répliques bien senties pour introduire ses morceaux et se mettre le public dans la poche: "Peut-on penser et danser en même temps? C'est l'énigme, vous allez me donner la réponse" ou encore "À chaque fois que je viens dans la région, l'accueil est extraordinaire, j'espère que vous serez à la hauteur de cette réputation". Assurément, les Alréens l'ont été.
Le public était en phase avec l'emphase des paroles: "Dans le jardin, les fleurs sont multiples, mais l'eau est unique", s'exclame-t-il dans deux chansons, reprenant ainsi la devise de son grand maître soufiste. Quand il termine une chanson par "C'est toi que j'aime", un cri s'élève dans la salle: "Je t'aime aussi!" Et quand trois fans amourachées du premier rang dessinent un coeur avec leurs doigts, Abd Al Malik n'oublie pas de le leur rendre un peu plus tard, avant de quitter la scène sur ces mots: "Je voulais vous dire, je voulais te dire: Bretagne, Auray, je t'aime."

Tuesday, October 23, 2007

La Dent Creuse a fait le plein

Les Fatals PicardsLes organisateurs du festival rock ont eu le nez creux. Samedi soir, à Guéhenno, La Dent Creuse affichait complet, pour la première fois de son histoire.
Avec plus de 1000 spectateurs, la salle de basket était pleine à ras bord. Le pari de décaler ce festival d'été à l'automne est plus que gagné: "On a dû arrêter de vendre des places à 23 h 30, raconte Christian Josse, président de l'organisation. On est super-contents, surtout après cinq ans de galère. On est dans le rouge depuis quatre ans. On s'était dit qu'on s'essoufflait et que cette année serait la dernière. Ce succès va nous faire réfléchir, tout en gardant la tête sur les épaules."
La RudaL'année dernière, le festival s'était déroulé fin août et n'avait rassemblé que 600 personnes. "Cette année, le changement de date s'est fait par hasard, en raison de la disponibilité de certains groupes. Mais finalement, on a trouvé la bonne formule!" Dans un été saturé de décibels, les petits festivals ont du mal à trouver leur place et leur public. Pour preuve, Rocklang à Languidic n'a pas rencontré le succès attendu à la mi-juillet. Avec une affiche similaire, puisque deux des cinq groupes qui se produisaient à Guéhenno samedi soir étaient aussi à Languidic (Les Fatals Picards et Kiemsa), La Dent Creuse a fait le plein. Les Fatals PicardsUne fois de plus, les Fatals Picards ont montré, avec leurs textes décapants et pleins d'humour, qu'ils n'étaient pas que les représentants malheureux de la France à l'Eurovision. "C'était un bon concert, témoignait Laurent, le guitariste du groupe, à l'issue du set. On sent que les gens commencent à connaître nos morceaux. Il y a sans doute un effet Eurovision, combiné à nos tournées qui nous emmènent de plus en plus souvent sur les terres bretonnes. Le public breton est plus habitué au côté festif des festoù-noz. Nous, on vient du café-théâtre, c'est plus cosy."
Imbéciles heureux
S'ils n'en manquent pas une pour titiller le régionalisme, les Fatals Picards assurent aimer notre région: "Ce qu'on n'aime pas dans le régionalisme, c'est le côté imbéciles heureux qui sont nés quelque part, comme chantait Brassens, cette autosatisfaction qui peut conduire au microracisme, poursuit Laurent. Mais notre régisseur est breton. J'ai passé de belles vacances à Crozon, sur l'île de Groix et à Mûr-de-Bretagne."
La PhazeAprès les Fatals, la Ruda a ressorti ses tubes pour faire monter la température. La Phaze a enchaîné en présentant quelques nouveaux titres en avant-première: "Je me suis battu pour les avoir, je ne le regrette pas", glisse Christian Josse. Enfin, les Mayennais de Kiemsa ont clos la soirée avec leur énergie flamboyante.

L'envers du décor

Si Athéna était une déesse chaste à qui on ne connaît pas d'aventures, il n'en va pas de même du centre Athéna à Auray. Chaque soir de spectacle, c'est une nouvelle aventure pour le staff. Une aventure humaine, où il faut gérer au mieux les caprices de stars parfois peu raisonnables. Une aventure technique, où le régisseur général et ses bataillons d'intermittents doivent fournir du bon son et un jeu de lumières de qualité. Une aventure financière, où il faut gérer au mieux le budget largement subventionné. Tout cela en garantissant une sécurité optimale. C'est ensuite à l'artiste ou aux comédiens de jouer. Mercredi soir, les organisateurs ont levé le rideau pour faire découvrir aux spectateurs l'envers du décor.

ILS NE MANQUENT PAS DE CACHETS
Les ventes de CD sont en chute libre et vous vous inquiétez pour la survie de vos groupes préférés? Rassurez-vous! La chanson peut encore rapporter gros à condition d’enchaîner les tournées. 19.000 euros, c’est le cachet versé à William Sheller pour son récital l’année dernière. Abd Al Malik, pour son concert vendredi prochain, devra se contenter de 15.000 euros. Bien loin des 40.000 euros demandés par Ayo. Trop cher: la déesse de la soul française n’est pas près de se produire au centre Athéna.

UN AUTRE MONDE
Surprotégés par leurs managers, les artistes sont parfois légèrement déconnectés de la réalité. Pour preuve, la venue de Pierre Perret au centre Athéna. Comme il était arrivé à la dernière minute, son épouse a demandé à Katherine Teycheney d’aller leur chercher deux sandwichs et une bouteille de vin rouge. Et de tendre un billet de 500 francs, en s’inquiétant: "Vous pensez que vous aurez assez?"

CAPRICES DE STARS
Certains artistes ne reculent devant rien. Ainsi, Mauranne avait voulu six bouteilles de bordeaux d’un très grand cru, attirant la suspicion du staff du Centre Athéna: "C’est connu, Serge Reggiani a composé sa cave comme ça". La parade? Les bouteilles lui ont été apportées déjà débouchées. Ainsi, toute l'équipe de l’Athéna a pu partager ce bon vin avec Mauranne et ses musiciens après le concert. Autre anecdote: Michel Fugain voulait absolument un canapé dans sa loge et n’en démordait pas, sauf qu’elles sont trop exiguës pour y mettre un sofa.
Quant à Stefan Eicher, qui s’arrêtera à Auray le 15 février prochain, sa fiche technique précise qu’il souhaite dormir dans un endroit atypique. On envisage de le conduire sur l’île de Berder.
Ces exigences vous paraissent abusées? Et encore, ce n'est rien: "Ca s'est calmé! Il y a 25 ans, il fallait apporter le rail de coke et les filles qui vont avec!"

UN CONCERT QUI A ACCOUCHÉ DANS LA DOULEUR
Au rayon des superbes souvenirs, la venue des Ogres de Barback en 2004. Ils n’ont pu venir une première fois parce que leur chanteur avait dû rejoindre sa femme qui venait d’accoucher. Annulant à la dernière minute, les musiciens sont quand même venus expliquer la raison de leur absence au public et ont juré qu’ils reviendraient. Ils ont tenu leur promesse trois mois plus tard, avec énergie et brio.

COMBIEN ÇA COÛTE
Le centre Athéna a été construit en 1990 pour 25 millions de francs. Le staff dispose d’un budget artistique de 300000 euros par an. Il s’autofinance à 75%, c’est-à-dire que les trois quarts de cette enveloppe proviennent du prix des places, le reste étant subventionné par la municipalité. C’est beaucoup plus qu’une structure publique: pour une scène nationale, l’État demande simplement que 10% du budget artistique soit couvert par les recettes.

DANS LES LOGES D'ATHENA
Loges d’artistes, régie son et lumière, arrière-scène… Lors de cette soirée portes ouvertes, une première qui sera reconduite l’année prochaine, le centre Athéna a tout montré.
Pour commencer la visite, la douzaine de spectateurs ayant répondu à l’invitation a reçu la fiche technique fournie par le régisseur d’Abd Al Malik pour sa venue vendredi prochain.
"On l’a signé pour 15000 euros avant qu’il ne gagne le prix Constantin et une Victoire de la musique, précise Katherine, chargée de communication. Maintenant, il coûterait bien plus cher. Mais ce cachet double quasiment avec la fiche technique." Beaucoup de matériel doit être loué: "On préfère ne pas tout acheter parce que ça évolue tellement vite que c’est rapidement dépassé."
Organisation pratique, plan de scène, équipement son, matériel lumière, liste des chambres d’hôtel à prévoir… Tout est détaillé sur la fiche technique. Sans oublier les doléances de "catering", principalement la liste des boissons demandées (assez sobre": 32 bouteilles d’eau et une seule de whisky) et les plats à mitonner (avec de la viande halal ou casher pour trois des quatorze personnes de l’équipe). Mieux vaut être aux petits soins pour que tout se passe bien.
"S’ils ont une journée de relâche, c’est aussi à nous de la payer", ajoute Katherine. Ce ne sera pas le cas pour Abd Al Malik qui se produit le lendemain à Lamballe.
Shakespeare 1 - Molière 0
"Le milieu du spectacle et la technique, c’est tout un jargon", remarque Katherine. Un enfer pour les anglophobes, tant la langue de Shakespeare est omniprésente au grand dam de celle de Molière. "On utilise un vocabulaire très proche de celui des marins, ajoute le régisseur général Franck Prouin. Par exemple, on ne parle jamais de corde, mais de guinde, parce que la corde, c’est pour le pendu." Attention aussi aux impairs sur le plan des couleurs: "Jusqu’à récemment, le vert était banni parce que Molière était habillé en vert quand il est mort sur scène."
Côté coulisses, c’est la haute technicité qui frappe les esprits. Si les loges sont assez rudimentaires, la forêt de câbles et les consoles son et lumière impressionnent. Le régisseur général Franck Prouin montre un micro-cravate minuscule, allume un projecteur dessinant un logo sur scène, transforme sa voix avec différents échos: "C’est un métier intéressant, il y a plein de joujoux!"

REGISSEUR GENERAL: L'HOMME A TOUT FAIRE
C’est par la petite porte qu’il s’est fait sa place sur la grande scène du spectacle vivant. Franck est le régisseur général du centre Athéna depuis novembre 2005. Un homme de l’ombre qui n’a pas son pareil pour mettre en lumière les artistes de passage.
À l’écouter présenter son métier, parlant en watts, en décibels et en degrés Kelvin, on l’imagine titulaire de moult diplômes en électricité, en physique et en audiovisuel. Pas du tout: "Je n’ai pas fait d’études spécifiques. J’ai commencé en faisant de petits montages au théâtre du Châtelet. J’ai appris sur le tas. Puis j’ai travaillé pour des metteurs en scène, surtout Patrice Chéreau." Le hasard des rencontres fait bien les choses. Sa soif d’apprendre et sa compétence feront le reste.
De 1988 à 1992, il travaille pour le théâtre André-Malraux à Rueil-Malmaison, près de Paris. Puis, il met son savoir-faire au service d’une entreprise privée d’équipement scénique pendant dix ans. L’occasion de jouer les globe-trotters et de bourlinguer au Maghreb ou encore dans l’Océan indien…
Originaire de Theix, il souhaite reposer ses valises dans la région: "J’ai voulu revenir pour la qualité de vie. La ville d’Auray recrutait." Deux tests d’embauche plus tard, il est employé, officiellement comme chef de garage municipal, dans les faits comme régisseur général du centre Athéna. Un métier technique qui fait peser sur ses épaules de lourdes responsabilités.
Haute tension
Si le son ou le jeu de lumières ne sont pas à la hauteur, ses oreilles peuvent chauffer: les artistes ne sont pas toujours diplomates. Mais surtout, il doit faire attention sur le plan de la sécurité car il manipule de fortes puissances électriques: dans les hauteurs de la salle par exemple se trouvent 24 prises de 5000 watts et 72 prises de 3000 watts.
La veille et le jour des grands concerts, il est dans le jus, au four et au moulin pour que tout soit prêt quand débarquent l’artiste, ses musiciens et ses techniciens. La fiche technique qu’ils ont fournie doit être respectée au mieux, tout en veillant à ne pas dépenser trop: "Il faut négocier avec eux parce que c’est quand même de l’argent public. Si je respectais la fiche d’Abd Al Malik à la lettre, il faudrait changer toutes les enceintes parce qu’il n’aime pas cette marque!"

Thursday, October 18, 2007

Dessine-moi un arbre!

Vous avez le choix aujourd'hui. Vous pouvez lire les journaux dits sérieux qui vous apprendront qu'on n'en sait toujours pas plus sur l'état de dégradation du couple présidentiel, ou vous pouvez lire ce petit article, que j'ai pris beaucoup de plaisir à écrire, où vous apprendrez ce qu'est un ferblantier, pourquoi il est dur de remonter avant la Révolution quand on fait son arbre généalogique et ce que c'est que Geneanet. A vous de voir...
Les bébés naissent peut-être dans les choux, ce n'est pas une raison pour y rester. Les élèves de sixième du collège Le Verger ont visité hier les archives municipales, où sont consignées les naissances.
Tout le monde n'a pas eu un papa gangster comme Stomy Bugsy. En se penchant sur les registres des archives, les enfants ont remonté le fil du temps, à une époque où l'on n'était pas ingénieur informaticien ou caissière, mais cloutier, ferblantier (fabricant d'objets en fer-blanc) ou encore marchand d'épingles. Pas toujours évident de déchiffrer les registres: "Ils sont très vieux et c'est écrit à la plume", remarque Luidji, 11 ans. Cet atelier sur le thème de la généalogie était organisé par Guylaine Le Meut, chargée de médiation culturelle au centre Athéna, en collaboration avec les services de la mairie: "Les enfants vont écrire un courrier à leur mairie de naissance pour demander un acte de naissance. Ils feront des recherches pendant les vacances. En novembre, ils construiront leur arbre généalogique." Vendredi, les enfants avaient assisté à une représentation théâtrale de "Lettres d'amour de 0 à 10". Verdict: "C'était parfois un peu long, mais c'était une belle histoire, estime Steven. On y voyait un petit garçon, Ernest, à la recherche de ses origines. Il rencontre une petite fille, Victoire, qui lui redonne la joie de vivre..."
La joie de vivre, les collégiens alréens l'ont assurément. "Aujourd'hui, on ne fait plus d'actes de naissances à la mairie d'Auray. Est-ce que vous savez pourquoi?", demande Cécile Thomas, du service archives et patrimoine de la mairie. Quelques doigts se lèvent: "Parce que c'est trop plein", glisse un enfant. Raté ! Olivier a une meilleure explication: "Il n'y a plus de maternité ici." Cécile Thomas essaie de leur transmettre le goût de la généalogie: "C'est comme une enquête policière, un jeu de piste. C'est traverser l'histoire, c'est aussi faire de la géographie et même des mathématiques en calculant l'âge de ses ancêtres..." Notre appellation n'a pas toujours été d'origine contrôlée par l'État. S'il est facile de remonter jusqu'à la Révolution française, avant, ça se gâte: "Il n'y avait pas d'état civil, raconte Geneviève Hamon, du service archives et patrimoine. Les prêtres tenaient les registres de baptêmes, de mariages et de sépultures. Certains ont été brûlés à la Révolution."
Ces difficultés n'ont pas fait peur à Jean-Noël Parent, professeur de sciences de la vie et de la Terre, qui accompagnait les élèves. Il est remonté jusqu'en 1600: "Grâce au site Internet Geneanet, j'ai retrouvé 2000 personnes en ascendance directe et 8000, si on compte les frères et soeurs." Les enfants n'iront pas jusque-là, mais Cécile Thomas est sûre d'une chose: "L'arbre n'arrête pas de grandir. Vous aussi, vous aurez des enfants et des petits-enfants." Au fait, comment on fait les bébés? Ça, c'est une autre histoire...

Si le Grenelle venait à Auray...

On ne se refait pas. Mon premier article publié dans l'édition d'Auray du Télégramme parle d'environnement. L'occasion, en bon lecteur de La Décroissance, de botter le cul de Nicolas Hulot et Al Gore, ces Ecotartuffes en puissance.

Le Grenelle de l'environnement débarque aujourd'hui à Brest. Ce tour des régions constitue la deuxième phase de cet événement. Six groupes de travail ont auparavant rendu des rapports centrés sur l'agriculture, la biodiversité, le climat, la démocratie écologique, l'économie, environnement et santé. Pour Marc Le Grouyellec, Alréen qui a créé sa boîte spécialisée dans l'environnement, le Grenelle est une bonne initiative, mais il attend les résultats pour juger sur pièce: "Il y a urgence. C'est bien que tout le monde ait une réflexion. Mais ça manque de transparence pour le grand public. Et puis, c'est bien de faire un Grenelle français, mais les enjeux sont mondiaux, il faut une concertation globale." S'il se réjouit que les questions écologiques soient ainsi sur le devant de la scène, il dénonce certains comportements chez des stars médiatiques: « Certains paradoxes font frémir: on ne peut pas prêcher la sauvegarde de l'environnement comme Nicolas Hulot et faire 300 heures d'hélicoptère pour une émission télé. Idem pour Al Gore: il fait un film sur l'environnement, puis fait un scandale dans un hôtel à Deauville parce que la climatisation ne marche pas. Sa piscine consomme en énergie l'équivalent de 30 foyers américains. Et on lui décerne le Nobel de la Paix..."

Et l'interview qui va avec...
À l'heure où le Grenelle de l'environnement fait escale à Brest, les questions environnementales sont sur le devant de la scène. Le pays d'Auray compte plusieurs dossiers brûlants. Petit panorama avec Marc Le Grouyellec, fondateur d'Axis Environnement.
Dans le pays d'Auray, les questions environnementales sont-elles suffisamment prises en compte?
Il y a un gros déficit de communication et d'information à ce sujet. Par exemple, il y a une Semaine de l'environnement à Auray, mais on n'a jamais été contacté par la mairie dans ce cadre. Ça ne semble pas être un gros souci pour eux : cela préoccupera plus les générations futures que les actuelles.
Votre coeur de métier, c'est l'assainissement. Comment la situation pourrait-elle être améliorée sur le secteur?
Ici, c'est une question compliquée, car on est en bord de mer, il y a beaucoup de cours d'eau et énormément de maisons secondaires. Dans ces conditions, l'assainissement collectif n'est pas forcément le plus adapté. On a déjà fait beaucoup de chemin depuis la création d'Axis Environnement en 1996. On est parti de zéro pour arriver à une situation bien cadrée. Une charte qualité environnement a été élaborée. C'est un outil de travail important, surtout pour les particuliers qui peuvent accéder au cahier des charges exigé par la loi sur l'eau.
En matière de pollution des sols, quelle est la situation locale?
Ce n'est pas un scoop: il y a en Bretagne un gros problème lié à l'élevage intensif. Et les sols ne sont pas des éponges qu'on essore et qui se nettoient d'une année sur l'autre. Des petits progrès ont été faits, mais il faut des années pour qu'ils soient visibles. Et il en reste encore à accomplir: par exemple, certaines mairies désherbent encore les rues avec des produits chimiques très polluants.
Comment évaluez-vous les risques de l'incinérateur de Plouharnel sur la santé des riverains?
Ce n'est pas à moi de le faire. Simplement, j'ai le sentiment que l'argent injecté dedans n'a pas été bien géré. Aujourd'hui, on est capable de faire des incinérateurs très propres, à condition d'utiliser les moyens à bon escient et d'avoir un minimum de réflexion.
Autre dossier qui a fait couler beaucoup d'encre: l'extraction de sables au large de Gâvres-Quiberon. Quel impact sur l'environnement?
En dehors de l'impact géologique, sur lequel les experts ne sont pas d'accord, trois choses sont sûres. Cela suppose un trafic maritime important sur une zone, l'entrée de la rade de Lorient, qui n'est pas faite pour absorber ça. Cela entraînerait aussi un trafic routier gigantesque en plein tissu urbain. Et une cimenterie, c'est anti-écolo au possible. Nous, on travaille sur l'habitat sain, à base de bois, de biobriques ou encore de fibres naturelles comme le chanvre ou le lin.
Sur le plan des constructions, y a-t-il encore des progrès à faire?
Oui. On voit des maisons orientées est-ouest se construire dans les nouveaux lotissements, ce sont des gouffres d'énergie.
Sur le plan des transports, le vélo et le bus sont-ils bien mis en valeur?
Là encore, il y a un problème de communication et de concertation avec les usagers. On entend tout et son contraire, par exemple que le centre va devenir piéton. À mon avis, cela ferait surtout le bonheur des supermarchés. On n'a pas forcément besoin de plus de pistes cyclables, mais il faudrait au moins faire ralentir la circulation près des points chauds comme les collèges-lycées. Concernant le blocage de l'arrière de l'hôtel de ville, je vois surtout les kilomètres et les émissions de CO2 que ça génère.
Sur le plan énergétique, les énergies renouvelables sont-elles bien exploitées?
Je trouve scandaleux que tous les projets autour du golfe aient avoorté et que des associations dites écolos se battent contre des projets éoliens. Ce sont des fadaises.

Thursday, October 11, 2007

Bon Alréen

La grande braderie, c'est fait. Le carnaval, itou. L'Intercelcuite, déjà bu, pardon, déjà vu. Après Lille, Dunkerque et Lorient, je déménage une nouvelle fois, CDD obligent. Cette fois-ci, je pose mes baskets à Auray pour 3 mois. Pour mes lecteurs de l'autre bout du monde, c'est une petite cité de 10000 habitants située sur la côte sud du Morbihan, entre Vannes et Lorient. Une charmante ville bobo dans laquelle je ne devrais pas dépareiller: j'ai déjà commencé à prendre mes repères sur le marché bio du jeudi. Grâce aux divisions de la droite locale, c'est un maire communiste, Michel Le Scouarnec, qui est sorti vainqueur de la triangulaire aux municipales de 2001. Un coco chez les bobos, on aura tout vu.

Monday, October 01, 2007

Royal: "Intégrez-vous les uns les autres comme vous m'avez désintégrée..."


Le bizutage, pratique d'un autre âge, est mort: vive les week-ends d'intégration! Ségolène Royal, alors ministre de la Famille, a voulu mettre un terme à certains rites humiliants. Ce joyeux bordel ne collait pas avec sa conception de l'ordre juste. Les étudiants se sont adaptés. Passages à tabac, non. Descentes d'alcool, oui. Petite photo prise devant le musée des Beaux-Arts place de la République à Lille. Au milieu coule une fontaine... Pour finir, une morale de La Fontaine extraite de sa fable "Le lion, le loup et le renard", spéciale dédicace à tous les jeunes lions et les vieux éléphants, "amis" de l'autruche Ségo:
"Messieurs les courtisans, cessez de vous détruire:
Faites, si vous pouvez, votre cour sans vous nuire.
Le mal se rend chez vous au quadruple du bien.
Les daubeurs ont leur tour, d'une ou d'autre manière:
Vous êtes dans une carrière
Où l'on ne se pardonne rien."