Kispasse

Sunday, April 30, 2006

Arroseur arrosé

Menteur menteur 2. J'ai retrouvé mon voleur skizophrène grâce à ma mythomanie. Devant le manque d'empressement de la police, j'ai pris l'enquête à bras le corps. Je suis allé voir l'amie chez qui il voulait dormir, une jeune fille prénommée Hafeda. Je lui explique l'histoire à un détail près. Non, Jonathan ne m'a rien volé. En revanche, il a oublié sa veste chez moi et je cherche à le contacter pour la lui restituer. Après un premier temps de méfiance, elle finit par concéder qu'elle connaît un Jonathan. Heureusement, il ne m'a pas menti sur son prénom. Car tout le reste était bidon: il n'a pas 17 ans, mais 19 ans. Il n'habite pas Lille Fives, mais Armentières. Il n'est pas en CAP bâtiment, mais il fait un stage dans un petit théâtre lillois. Il a connu Hafeda dans un hôpital psychiatrique car tous deux souffrent de skizophrénie. Il a perdu son père.
Hafeda m'a donné le numéro de téléphone de la mère de Jonathan. Sympa, elle m'a payé un petit café et m'a dit en partant que je pouvais revenir quand je voulais. Je me suis empressé d'aller donner ces informations à la police. En insistant sur le fait que Jonathan serait prévenu par son amie dès le lendemain que je l'avais retrouvé. Je demande donc qu'il soit interpellé rapidement. Primo, il risque de se débarrasser de toutes mes affaires au plus vite. Secundo, s'il pète les plombs, il peut venir m'agresser étant donné qu'il sait où j'habite. Je précise au policier que si tel est le cas, je n'hésiterai pas à porter plainte contre la police. Car ce clampin m'explique qu'il ne sera probablement pas interpellé avant la semaine suivante en raison de la mauvaise organisation de la police et de la transmission difficile entre les différents services. Je devine aussi que faut pas déconner: on est en week-end, et avec le 1er mai, vaut mieux pas trop compter sur eux...
Bilan: j'ai retouvé mon voleur en 36h. Combien de temps aurait mis la police? J'espère retrouver mes affaires, mais j'en doute. Le jugement et l'indemnisation prendront du temps. Ca m'apprendra à vouloir jouer le bon Samaritain!
A friend in need is a friend indeed, dit-on en Anglais. Je tiens donc à remercier ceux qui m'ont soutenu et aidé dans cette épreuve, sur ce blog, au téléphone ou en face. En particulier mes parents, Damien (qui m'a prêté de l'argent), Samuel (qui m'a proposé sa voiture), Alexis (qui m'a aussi proposé de l'argent), Landing (qui m'a témoigné un soutien aussi chaleureux que drôle sur son blog), Claire de l'ESJ (qui m'a réconforté et ne m'a pas blâmé pour avoir perdu un appareil-photo de mon école), Jamel (qui s'est fait volé des vêtements, mais ne me réclamait rien), Mathieu et Pierre (qui m'ont appelé cette nuit car ils pensaient avoir retrouvé mon voleur et voulaient lui casser la gueule) et Hafeda qui a été gentille et m'a permis, même involontairement, de retrouver mon voleur. En revanche, je ne remercie pas Jonathan (sans qui cette histoire ne serait jamais arrivée) ni la police (qui n'a rien à voir avec la résolution de cette affaire).

Friday, April 28, 2006

Lettre à mon voleur

Cher Jonathan (car oui, tu m'auras certainement coûté cher),
Je me permets de t'écrire ce que je ne pourrai jamais te dire. Tu es parti comme un voleur hier matin. Même pas un au revoir, même pas un merci pour l'hébergement, la politesse n'est pas ta plus grande qualité. En revanche, je te reconnais un certain talent dans la ruse, le mensonge et la discrétion, qualités qui font de toi un bon attrape-couillons.
Je ne te jette pas toute la pierre. Certes, tu as été un beau connard à ainsi abuser d'un type sympa qui acceptait de t'héberger pour te dépanner. Mais je sais aussi parfaitement qu'il y a une situation de grande misère et de précarité derrière cela. Je sens également qu'il y a une famille déstructurée, et tes parents sont sans doute partiellement responsables de la situation actuelle (de ce fait, je n'aurais aucun scrupule s'ils doivent payer pour tes conneries de mineur).
Je regrette tout de même que notre discussion ait ainsi été écourtée par les événements. Je m'étais mis en tête de te faire passer quelques messages. Le premier, mon refrain favori: on n'a qu'une planète, protégeons-la. Tu sembles ne l'avoir que partiellement assimilé. En effet, si tu m'as laissé mon vélo, preuve que tu respectais mon choix (ou peut-être n'était-il pas à ton goût?), tu m'as par ailleurs volé ma voiture. On vient de m'annoncer une bonne nouvelle: elle a été retrouvé à Hellemmes. Deux questions me tarabustent désormais: as-tu piqué mes affaires entreposées à l'intérieur? Combien de kilomètres inutiles as-tu parcouru? Je t'avais pourtant donné le chiffre qui tue: si tous les êtres humains vivaient comme les Français, il nous faudrait environ 4 planètes Terre.
Après la leçon d'écologie, j'avais tenté de te faire un cours d'éducation civique. Tu m'avais dit que tu aurais 18 ans en mars prochain. Je t'avais alors parlé de l'importance du vote et de la démocratie, précisant que tu aurais ce droit merveilleux si tu t'inscrivais sur les listes électorales avant la fin de l'année. Par pudeur probablement, tu avais changé de sujet de conversation, tu semblais plus intéressé par les nouvelles technologies, particulièrement les appareils photos numériques.
Dernière remarque que je tenais à te faire: je te remercie d'être blanc. En effet, combien de personnes m'ont demandé depuis hier ta couleur de peau? Ils ne sont pas racistes, moi non plus. Même un pote rebeu de mon équipe de basket en était persuadé après que je lui ai conté l'histoire. Je n'était pas peu fier de lui décrire ton physique franchouillard. Il y a des cons partout, et de toutes les couleurs.
Malgré ton départ précipité, je n'ai pas trop envie de te revoir, sauf à la barre d'un tribunal. Ne reviens donc pas chez moi, tu ne seras pas le bienvenu.
Adieu

Thursday, April 27, 2006

Trop bon trop con

Plainte déposée le 27 avril 2006 à 11h25 au commissariat de Lille:
GUENNEUGUES LAURENT né le 08/08/1982 à PLOERMEL (56), de nationalité française, étudiant demeurant 11 rue de Cassel 59000 LILLE, sur les faits:
Je me présente en vos services pour vous faire part d'un vol survenu à mon domicile.
En effet, cette nuit vers 00h30 alors que je regagnais mon domicile en empruntant le métro dans le sens gare Lille Flandres - CHR Calmette, un jeune homme m'a abordé pour demander du feu. Il m'a expliqué qu'il était en difficulté, sans logement et qu'il comptait se faire héberger chez une amie. Nous sommes descendus en station Porte des postes et sommes partis à pied, en empruntant le boulevard Montebello.
L'individu a alors sonné dans ce boulevard à l'interphone d'un immeuble pour entrer en contact avec son amie. Après cinq ou six sonneries sans que personne ne nous ait répondu, nous sommes partis et je lui ai proposé de venir à mon domicile pour la nuit. Dans l'immédiat, je ne connais pas l'adresse ni le nom de son amie, mais en retournant sur place, je pourrai fournir ces renseignements ultérieurement. Au cours du trajet, nous avons discuté et il m'a déclaré se prénommer Jonathan, être en CAP bâtiment, avoir 17 ans et 18 ans en mars 2007, et habiter chez ses parents à Lille Fives.
En passant devant chez moi, je lui ai désigné mon véhicule car il semblait s'intéresser aux voitures. Nous avons continué à discuter et avons bu un verre à mon appartement. Nous nous sommes couchés vers 1h30, et à mon réveil à 8h, ce jeune homme était parti. J'ai alors constaté qu'il m'avait dérobé deux appareils photographiques numériques dont l'un de marque Pentax appartient à mes parents et le second de marque ignorée est la propriété de mon école de journalisme ESJ située rue Gauthier de Chatillon à Lille. Je déplore également le vol de vêtements, mais je ne puis vous dire lesquels dans l'immédiat, ainsi que de mon porte-feuille. Ce dernier était en cuir noir et contenait mon permis de conduire, ma pièce d'identité, ma carte 12/25 SNCF, ma carte d'électeur, la somme de 10 euros environ et ma carte bleue visa. Mes comptes sont gérés par le Crédit Mutuel de Bretagne, sous la référence XXX et mon agence est sise Place de l'Eglise à Guer (56). Mon numéro de carte est le XXX.
Outre cela, il m'a dérobé mon véhicule Peugeot 106 Kid de couleur bleue immatriculé 8515VG56 avec les clés, mais je suis toujours en possession de ma carte grise. J'ai fait opposition téléphoniquement sur ma carte bancaire ce jour à 9h38.
Je serai à même d'identifier cet individu qui était de type européen, âgé de 17 ans environ, de corpulence mince, 1m65 environ, cheveux blonds foncés et courts, avec des plaques rouges sur un côté du visage, vêtu d'un jogging de couleur blanche sans plus de précisions.
Je n'ai rien d'autre à déclarer.
Je dépose plainte contre ce prénommé Jonathan pour vol.
Après lecture faite par lui-même, Monsieur GUENNEUGUES Laurent persiste et signe le présent avec nous.

Ca n'arrive pas qu'aux autres... Je ne sais pas si je suis vraiment condescendant. En revanche, je suis l'incarnation vivante de l'expression "Trop bon trop con". Enfin, avec la vidéo du métro, les empreintes digitales sur le verre et l'adresse de la copine (si tant est qu'elle existe), j'ai espoir qu'on retrouve cette petite frappe. Il va payer cher, on ne s'attaque pas à moi impunément. A moins que ce soit moi qui y perde beaucoup dans l'histoire. Que ferai-je la prochaine fois que je vois quelqu'un en galère? Le laisser dans la rue, l'emmener au commissariat ou au Samu social, l'héberger quand même en fermant à clé et en cachant la clé sous l'oreiller?

Tuesday, April 25, 2006

Ce que je ne regarderai pas cette semaine


C'est la semaine sans télé, organisée par les Casseurs de Pub. Le but: montrer que l'on n'est pas dépendant de son petit écran, et que l'on peut s'en passer l'espace d'une semaine. Du coup, j'ai raté Le Cauchemar de Darwin et Retour vers le futur 2. Pas de Choristes ce soir... En même temps, j'avais déjà vu tous ces chefs-d'oeuvre moultes fois.
Du coup, hier soir, j'ai allumé ma radio. Sans trop réfléchir, j'ai mis ma station préférée, le Mouv. J'avais oublié que même les plus grands ont des faiblesses. Le Mouv le soir, c'est de la libre antenne avec l'émission des Filles. Bon, ce n'est pas bite-cul-baise comme sur Skyrock, mais ce n'est pas non plus l'extase. Pourtant, j'ai passé un vrai bon moment hier soir, en entendant une étudiante de prépa raconter son week-end à New-York ou encore un jeune dédicacer une chanson à un ami victime de la route. J'ai même poussé le vice jusqu'à passer à l'antenne. Une étudiante annonçait son départ imminent en Ecosse pour une année Erasmus, et demandait des conseils. Etant moi-même parti un an à Edimbourg, je me suis permis d'appeler.
J'ai pu lui vanter les beautés du Loch Ness, les vertus de la Tenent's ou encore l'absence de complexes des Ecossaises (dont la taille de la jupe est inversement proportionnelle à la température et à la grosseur des bourrelets). Et puis, l'animatrice nous redonne la parole à la fin de la discussion au cas où on aurait un message ou une dédicace. L'occasion est trop belle: "Je voulais juste ajouter que c'est la semaine sans télé, organisée par les Casseurs de Pub. Alors, éteignez vos postes et écoutez le Mouv." Et oui, mes fidèles lecteurs seront étonnés que je n'en ai point profiter pour faire un peu d'autopromotion de ce blog.

Monday, April 24, 2006

Les vacances de Raymond Domenech

Qui ose critiquer Béatrice Schönberg parce qu'elle garde son fauteuil de présentatrice du 20h après avoir épousé le ministre de la cohésion sociale Jean-Louis Borloo? C'est un procès d'intentions, s'est élevé Thomas Hugues l'autre jour en aparté. Il est bien placé pour faire des jugements sur tout: c'est lui qui s'est ému contre ses méchants patrons de TF1 de perdre la fauteuil de remplaçant de PPDA au profit d'Harry Roselmack, avant de se rétracter à la suite d'une substancielle augmentation de salaire. Bref, Hugues défend Schönberg contre vents et mariées. A tort à mon avis (et comme disait mon prof de TI en terminale, le tort tue). L'autre jour, quand Chirac est intervenu pour essayer de calmer la grogne anti-CPE, elle a présenté son journal comme si de rien n'était. Mais sa situation maritale l'empêchait d'être crédible sur les deux sujets phares du jour (le CPE et la baisse du chômage) qui ont occupé les 20 premières minutes. Anne Sinclair, elle, avait eu la classe de démissionner. Ockrent et Schönberg, elles, restent en place.
Cette attaque est facile et gratuite, me direz-vous. Je vais donc aussi m'en prendre à une cible moins exposée, Estelle Denis. La belle Mme foot de M6 (la petite chaîne qui monte en descendant dans la merde) recevait hier soir son compagnon Raymond Domenech, par ailleurs sélectionneur de l'équipe de France de football. C'était assez drôle de les voir se vouvoyer. Sur l'excellent plateau étaient réunis les chroniqueurs habituels (Pierre Menez et Dominique Grimault) et des confrères illustres (Bernard Laporte, sélectionneur de l'équipe de France de rugby, Daniel Costantini, ancien coach des Barjots, et Claude Bergeaud, coach de Tipi, Bobo et autres frères Piétrus en sélection nationale de basket).
Bergeaud fait la mouche du coach
Résultat de cette rencontre: des discussions passionnantes sur le rôle de l'entraîneur, ses relations avec les joueurs, avec les femmes de joueurs et avec les journalistes. Où l'on apprend que Domenech est un homme heureux et un doux rêveur qui aime à imaginer une nouvelle liesse bleue au soir du 9 juillet et une réception à la Garden Party de l'Elysée. Pierre Menez, s'adressant à Raymond et Estelle, pose alors la question qui tue: "Et après le Mondial? Vous savez déjà où vous partez en vacances?" Estelle calme ses ardeurs voyeuristes d'un sobre "ça va, là", mais ses joues rouges montrent qu'elle est gênée. Au moins, ils ont pu rentrer ensemble après l'émission, réalisant ainsi une petite économie en carburant (et les petites rivières de pétrole font les grands pipelines).

Saturday, April 22, 2006

Sacré soir


Je viens de voir une interview d'Olivier Rey, le repreneur alcoolique et irrespectueux de France Soir, dans l'excellente émission + Clair. Première question de la belle présentatrice: "Vous licenciez 80 journalistes..." Réponse de Rey: "Je sauve 50 emplois!" Mensonge: il y avait deux projets en lice, le tribunal de Lille a tranché en faveur de celui du duo Brunois-Rey, mais l'autre projet (celui du milliardaire russe Gaydamak) promettait de conserver tous les emplois. Ensuite, Rey est interrogé sur son projet éditorial et ses récents propos à la radio. Il a dit que s'il envoyait un journaliste couvrir un match de foot, ce n'était pas pour savoir que Juninho avait marqué un but à la 50e, mais pour apprendre s'il était sorti en boîte après le match et s'il s'était tapé une pute. Ca promet!
Je regrette vraiment la décision du tribunal de Lille. J'ai lu une interview de Gaydamak dans Libé. Il n'est peut-être pas clean sur tout, mais son projet était vraiment meilleur. C'est impossible de faire un bon journal avec seulement 50 journalistes. Pire: la rédaction dans son ensemble soutenait ce projet. Un journal, c'est avant tout des journalistes, et je trouve normal qu'ils aient leur mot à dire sur leur devenir. Bref, je soutiens entièrement leur mouvement de grève et vous incite à aller voir leur blog France Soir en lutte. Et ce n'est pas seulement parce que je vois d'un mauvais oeil l'arrivée de 80 journalistes à l'ANPE.

Friday, April 21, 2006

Bonhomme de neige

Toujours dans la série con descendant, j'ai aujourd'hui dévalé les pistes de la Clusaz avec mes amis Mathilde et Manu. Un bain de soleil et de neige avant de retourner à Lille.
En haut de Balme avant de descendre, facile de faire le malin
Dans la descente avec Mathilde, la grande classe
Et soudain, c'est le drame

Thursday, April 20, 2006

La suite

Pour me souvenir de ces vacances mémorables, faire un press-book, exercer mes talents de photographe ou encore divertir Vince quand il arrive au boulot le matin, voici un nouvel opus imagé de nos périgrinations annéciennes.
Suite de la série animalière. Avec pour commencer nos tourtereaux du jour
Où est Sébastien?
Il me rend chèvre
Petit jeu du jour (pour occuper stagiaires désoeuvrés): retrouver le parapente caché sur la photo
Château d'eau
Petit scoop: Michael Jordan prend les mêmes médicaments que Michael Jackson
En soutien à la révolution ukrainienne
"Je déteste les couples qui me rappellent que je suis seul" (Anaïs)
Les petites maisons dans la prairie
Mont blanc (non, pas le Mont-Blanc, c'est juste un mont qui est blanc)
Après l'effort (on a quand même fait le tour du lac à vélo aujourd'hui)...
... le réconfort!
Magique
PS: Pour mon ami de L'Equipe qui se permet de me dire que je suis condescendant sans m'avoir jamais parlé, sache qu'aujourd'hui, j'étais un con ascendant car nous sommes montés à Forclaz d'où nous dominions le lac d'Annecy (1150m). Techniquement, tu as raison: au retour, j'étais un con descendant.

Florilège écolo

C'est Emile, un ami esjien, qui m'en a donné l'idée dans son commentaire précédent. Voilà quelques extraits de paroles de chansons chargées de sens pour moi. Derrière la musique se cachent parfois des mots qui sonnent juste.


Ma préférée: Mickey 3D, Respire

Approche-toi petit, écoute-moi gamin,
Je vais te raconter l'histoire de l'être humain
Au début y avait rien au début c'était bien
La nature avançait y avait pas de chemin
Puis l'homme a débarqué avec ses gros souliers
Des coups d'pieds dans la gueule pour se faire respecter
Des routes à sens unique il s'est mis à tracer
Les flèches dans la plaine se sont multipliées
Et tous les éléments se sont vus maîtrisés
En 2 temps 3 mouvements l'histoire était pliée
C'est pas demain la veille qu'on fera marche arrière
On a même commencé à polluer le désert

Il faut que tu respires, et ça c'est rien de le dire
Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire

D'ici quelques années on aura bouffé la feuille
Et tes petits-enfants ils n'auront plus qu'un oeil
En plein milieu du front ils te demanderont
Pourquoi toi t'en as 2 tu passeras pour un con
Ils te diront comment t'as pu laisser faire ça
T'auras beau te défendre leur expliquer tout bas
C'est pas ma faute à moi, c'est la faute aux anciens
Mais y aura plus personne pour te laver les mains
Tu leur raconteras l'époque où tu pouvais
Manger des fruits dans l'herbe allongé dans les prés
Y avait des animaux partout dans la forêt,
Au début du printemps, les oiseaux revenaient

Il faut que tu respires, et ça c'est rien de le dire
Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire
Il faut que tu respires, c'est demain que tout empire
Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire

Le pire dans cette histoire c'est qu'on est des esclaves
Quelque part assassin, ici bien incapable
De regarder les arbres sans se sentir coupable
A moitié défroqués, 100 pour cent misérables
Alors voilà petit, l'histoire de l'être humain
C'est pas joli joli, et j'connais pas la fin
T'es pas né dans un chou mais plutôt dans un trou
Qu'on remplit tous les jours comme une fosse à purin


Egalement bien placée sur ma play-list, Raphaël, Et dans 150 ans

Et dans 150 ans, on s'en souviendra pas
De ta première ride, de nos mauvais choix,
De la vie qui nous baise, de tous ces marchands d'armes,
Des types qui votent les lois là bas au gouvernement,
De ce monde qui pousse, de ce monde qui crie,
Du temps qui avance, de la mélancolie,
La chaleur des baisers et cette pluie qui coule,
Et de l'amour blessé et de tout ce qu'on nous roule,
Alors souris.

Dans 150 ans, on s'en souviendra pas
De la vieillesse qui prend, de leurs signes de croix,
De l'enfant qui se meurt, des vallées du tiers monde,
Du salaud de chasseur qui descend la colombe,
De ce que t'étais belle, et des rives arrachées,
Des années sans sommeil, 100 millions de femmes et
Des portes qui se referment de t'avoir vue pleurer,
De la course solennelle qui condamne sans ciller,
Alors souris.

Et dans 150 ans, on n'y pensera même plus
A ce qu'on a aimé, à ce qu'on a perdu,
Allez vidons nos bières pour les voleurs des rues !
Finir tous dans la terre, mon dieu ! Quelle déconvenue.
Et regarde ces squelettes qui nous regardent de travers,
Et ne fais pas la tête, ne leur fais pas la guerre,
Il leur restera rien de nous, pas plus que d'eux,
J'en mettrais bien ma main à couper ou au feu,
Alors souris.

Et dans 150 ans, mon amour, toi et moi,
On sera doucement, dansant, 2 oiseaux sur la croix,
Dans ce bal des classés, encore je vois large,
P't'être qu'on sera repassés dans un très proche, un naufrage,
Mais y a rien d'autre à dire, je veux rien te faire croire,
Mon amour, mon amour, j'aurai le mal de toi,
Mais y a rien d'autre à dire, je veux rien te faire croire,
Mon amour, mon amour, j'aurai le mal de toi,
Mais que veux-tu ?...


L'impayable Bénabar, La station Mir

Ca fait cent vingt-deux jours que je suis en l'air
a tourner autour, tout autour de la terre
Quand je m'ennuie je m'enferme dans le cockpit
Pour m'endormir, je compte les satellites
Y'a plus d'endroit, y'a plus d'envers
C'est l'infini, les étoiles, leur poussière
A mon hublot je m'imagine à ma fenêtre
Le toit des voitures, le haut des parcmètres
Je voulais quitter la terre mais maintenant je la regrette
J'ai pas le mal du pays... J'ai le mal de la planète
La station Mir notre cabane de l'espace
Désolé de le dire, elle est bonne pour la casse
Avec Sergueï et Youri, on la bichonne
On a dit pour s' marrer, qu'on mettrait un klaxon
Station en orbite, radeau près des côtes
Dans cet océan on connaît que des îles désertes
On a foulé la lune et c'est la grande fierté
Mais pour l'univers, c'est même pas l'Ile de Ré
Il va pleuvoir chez nous, des nuages gorgés d'eau
Quittent l'Angleterre pour le continent
D'ici je vois en vrai la météo
Sans une femme souriante qui gigote devant
Sortez les parapluies et rappelez les gosses
Remontez vos cols, courez sous l'abribus
Est-ce que j'ai fermé chez moi le vasistas
Si c'est pas le cas, ma moquette elle y passe
Je regarde en bas de l'autre côté de l'atmosphère
C'est bizarre de se dire qu'il y a tant de frontières
Vu d'ici, vraiment y'a pas grande différence
Entre la Mandchourie, le Texas, la Provence
La conquête de l'espace c'est l'avenir des humains
C'est pourquoi on ne lésine pas sur les moyens
La preuve : mon scaphandre vaut tellement de fric
Qu'avec on pourrait soigner la moitié de l'Afrique
Je voulais quitter la terre, j'avais pas tort en fait
J'ai plus le mal du pays, j'ai même plus le mal de la planète.


L'inusable Renaud, Hexagone

Ils s'embrassent au mois de Janvier,
car une nouvelle année commence,
mais depuis des éternités
l'a pas tell'ment changé la France.
Passent les jours et les semaines,
y a qu'le décor qui évolue,
la mentalité est la même :
tous des tocards, tous des faux culs.

Ils sont pas lourds, en février,
à se souvenir de Charonne,
des matraqueurs assermentés
qui fignolèrent leur besogne,
la France est un pays de flics,
à tous les coins d'rue y'en a 100,
pour faire règner l'ordre public
ils assassinent impunément.

Quand on exécute au mois d'mars,
de l'autr' côté des Pyrénées,
un arnachiste du Pays basque,
pour lui apprendre à s'révolter,
ils crient, ils pleurent et ils s'indignent
de cette immonde mise à mort,
mais ils oublient qu'la guillotine
chez nous aussi fonctionne encore.

Etre né sous l'signe de l'hexagone,
c'est pas c'qu'on fait d'mieux en c'moment,
et le roi des cons, sur son trône,
j'parierai pas qu'il est all'mand.

On leur a dit, au mois d'avril,
à la télé, dans les journaux,
de pas se découvrir d'un fil,
que l'printemps c'était pour bientôt,
les vieux principes du seizième siècle,
et les vieilles traditions débiles,
ils les appliquent tous à la lettre,
y m'font pitié ces imbéciles.

Ils se souviennent, au mois de mai,
d'un sang qui coula rouge et noir,
d'une révolution manquée
qui faillit renverser l'Histoire,
j'me souviens surtout d'ces moutons,
effrayés par la Liberté,
s'en allant voter par millions
pour l'ordre et la sécurité.

Ils commémorent au mois de juin
un débarquement d'Normandie,
ils pensent au brave soldat ricain
qu'est v'nu se faire tuer loin d'chez lui,
ils oublient qu'à l'abri des bombes,
les Francais criaient "Vive Pétain",
qu'ils étaient bien planqués à Londres,
qu'y avait pas beaucoup d'Jean Moulin.

Etre né sous l'signe de l'hexagone,
c'est pas la gloire, en vérité,
et le roi des cons, sur son trône,
me dites pas qu'il est portugais.

Ils font la fête au mois d'juillet,
en souv'nir d'une révolution,
qui n'a jamais éliminé
la misère et l'exploitation,
ils s'abreuvent de bals populaires,
d'feux d'artifice et de flonflons,
ils pensent oublier dans la bière
qu'ils sont gourvernés comme des pions.

Au mois d'août c'est la liberté,
après une longue année d'usine,
ils crient : "Vive les congés payés",
ils oublient un peu la machine,
en Espagne, en Grèce ou en France,
ils vont polluer toutes les plages,
et par leur unique présence,
abîmer tous les paysages.

Lorsqu'en septembre on assassine,
un peuple et une liberté,
au cœur de l'Amérique latine,
ils sont pas nombreux à gueuler,
un ambassadeur se ramène,
bras ouverts il est accueilli,
le fascisme c'est la gangrène
à Santiago comme à Paris.

Etre né sous l'signe de l'hexagone,
c'est vraiment pas une sinécure,
et le roi des cons, sur son trône,
il est français, ça j'en suis sûr.

Finies les vendanges en octobre,
le raisin fermente en tonneaux,
ils sont très fiers de leurs vignobles,
leurs "Côtes-du-Rhône" et leurs "Bordeaux",
ils exportent le sang de la terre
un peu partout à l'étranger,
leur pinard et leur camenbert
c'est leur seule gloire à ces tarrés.

En Novembre, au salon d'l'auto,
ils vont admirer par milliers
l'dernier modèle de chez Peugeot,
qu'ils pourront jamais se payer,
la bagnole, la télé, l'tiercé,
c'est l'opium du peuple de France,
lui supprimer c'est le tuer,
c'est une drogue à accoutumance.

En décembre c'est l'apothéose,
la grande bouffe et les p'tits cadeaux,
ils sont toujours aussi moroses,
mais y a d'la joie dans les ghettos,
la Terre peut s'arrêter d'tourner,
ils rat'ront pas leur réveillon;
moi j'voudrais tous les voir crever,
étouffés de dinde aux marrons.

Etre né sous l'signe de l'hexagone,
on peut pas dire qu'ca soit bandant
si l'roi des cons perdait son trône,
y aurait 50 millions de prétendants.


Dans la peau du taureau, Francis Cabrel, La corrida

Depuis le temps que je patiente
Dans cette chambre noire
J'entends qu'on s'amuse et qu'on chante
Au bout du couloir ;
Quelqu'un a touché le verrou
Et j'ai plongé vers le grand jour
J'ai vu les fanfares, les barrières
Et les gens autour

Dans les premiers moments j'ai cru
Qu'il fallait seulement se défendre
Mais cette place est sans issue
Je commence à comprendre
Ils ont refermé derrière moi
Ils ont eu peur que je recule
Je vais bien finir par l'avoir
Cette danseuse ridicule...

Est-ce que ce monde est sérieux ?
Est-ce que ce monde est sérieux ?
Andalousie je me souviens
Les prairies bordées de cactus
Je ne vais pas trembler devant
Ce pantin, ce minus !
Je vais l'attraper, lui et son chapeau
Les faire tourner comme un soleil

Ce soir la femme du torero
Dormira sur ses deux oreilles
Est-ce que ce monde est sérieux ?
Est-ce que ce monde est sérieux ?
J'en ai poursuivi des fantômes
Presque touché leurs ballerines
Ils ont frappé fort dans mon cou
Pour que je m'incline

Ils sortent d'où ces acrobates
Avec leurs costumes de papier ?
J'ai jamais appris à me battre
Contre des poupées
Sentir le sable sous ma tête
C'est fou comme ça peut faire du bien
J'ai prié pour que s'arrête
Andalousie je me souviens

Je les entends rire comme je râle
Je les vois danser comme je succombe
Je pensais pas qu'on puisse autant
S'amuser autour d'une tombe
Est-ce que ce monde est sérieux ?
Est-ce que ce monde est sérieux ?
Si, si hombre, hombre
Baila, baila

Hay que bailar de nuevo
Y mataremos otros
Otras vidas, otros toros
Y mataremos otros
Venga, venga a bailar...
Y mataremos otros


Enfin, parce que les Anglais aussi me font souvent vibrer et parce qu'il n'y a pas que l'écologie qui se chante bien, Suzanne Vega, Luka, chanson dans laquelle elle se met dans la peau d'un enfant battu

My name is Luka
I live on the second floor
I live upstairs from you
Yes I think you've seen me before

If you hear something late at night
Some kind of trouble. some kind of fight
Just don't ask me what it was
Just don't ask me what it was
Just don't ask me what it was

I think it's because I'm clumsy
I try not to talk too loud
Maybe it's because I'm crazy
I try not to act too proud

They only hit until you cry
And after that you don't ask why
You just don't argue anymore
You just don't argue anymore
You just don't argue anymore

Yes I think I'm okay
I walked into the door again
Well, if you ask that's what I'll say
And it's not your business anyway
I guess I'd like to be alone
With nothing broken, nothing thrown

Just don't ask me how I am
Just don't ask me how I am
Just don't ask me how I am



La traduction:

Je m'appelle Luka
Je vis au second étage
Juste au-dessus de vous
Oui, je crois que vous m'avez déjà vu.

Si vous entendez quelque chose tard dans la nuit,
Quelque bruit trouble, une sorte de dispute,
Ne me demandez pas ce que c'était...

Je pense que c'est parce que je suis maladroit
J'essaie de ne pas parler trop fort
Peut-être que c'est parce que je suis fou
J'essaie de ne pas agir trop fièrement.

Ils ne font que taper jusqu'à ce que je pleure
Après, je ne demande pas pourquoi
Je ne peux plus discuter...

Oui, je pense que je vais bien
J'ai encore marché dans la porte
Et si vous me demandez ce que c'est, je vous dirai
Que ce ne sont pas vos affaires de toutes façons
Je suppose que j'aimerais être seul
Sans rien de cassé, sans rien de jeté.

Ne me demandez juste pas comment je vais...

Wednesday, April 19, 2006

Photos de vacances

A tous seigneurs, tous honneurs. Manu et Mathilde, mes hôtes de la semaine. Ma devise: squat toujours!

Une nouvelle photo avec une célébrité. Cette fois, c'est Jean-Jacques Rousseau qui s'y colle, sur le lieu même où il rencontra Mme de Warens.

Sur les bords du lac d'Annecy

Ange de lumière

Démon de minuit

La belle et la bête (ou bien, au choix, la patate et la frite)

Série animalière. Attention, un cygne...

... peut en cacher un autre

Bataille...

... et fontaine

Tuesday, April 18, 2006

270000 euros, le prix de la fauche

On dit souvent que l'habit ne fait pas le moine. Il faudrait ajouter qu'un surnom ne fait pas un journal. Du Dauphiné Libéré, je ne connaissais que le surnom évocateur (le Daubé) et des critiques de quelques amis. Je l'ai acheté pour la première fois aujourd'hui. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir le titre mis en une: "Sale temps pour les anti-OGM". Ce débat est à mon avis complètement à tort occulté par les journaux. La majorité de la population est contre les OGM, mais on y vient progressivement sans que personne ne bronche, hormis les faucheurs. Dans ce cas-là, la désobéissance civile s'impose comme ultime recours.

En dernière page du Daubé du jour donc, se trouve le portrait fort intéressant de Jean-Baptiste Libouban, 71 ans, faucheur volontaire condamné à verser 270000 euros à des géants semenciers et qui attend les huissiers avec philosophie. C'est signé Gilles Debernardi. Voici un extrait:
"Jean-Baptiste n'est pas un homme d'argent. Il prône les vertus de la "décroissance" économique, se contente de l'autarcie que lui procurent quelques vaches et son potager. Tant qu'on a des choux... Quelque part, au fond d'un tiroir, doit pourtant traîner le diplôme que lui délivra, jadis, une Ecole supérieure de Commerce. Cette erreur de jeunesse ne sera pas retenue, pour cause de prescription. Depuis, le doux réfractaire a vécu du strict minimum, sur les contreforts héraultais du Larzac, au sein de la Communauté de l'Arche. Commune de Joncels, hameau de la Flayssière. Une soixantaine de compagnons y perpétuent l'enseignement du maître fondateur, Lanza del Vasto, lui-même disciple de Gandhi et sainte icône de la génération hippie. Partage et non-violence dictent la conduite de ces paysans végétariens. Labour, pas la guerre. Ce qui n'empêche pas de manifester, à l'occasion, contre le nucléaire, les pollutions ou la "marchandisation" galopante. On met ses actes en accord avec ses principes. Ici, la culture est "bio", le repas frugal, le chauffage au bois et la télévision inexistante. Une voiture suffit pour trente personnes, et le système de "toilettes sèches" -un trou régulièrement recouvert de sciure- fournit le plus naturel des composts. Un courant alternatif? Exactement, et qui refuse de passer par l'EDF: "Disons que nous sommes en panne d'électricité permanente". L'éolienne a pris la foudre et les panneaux solaires font ce qu'ils peuvent: "Mais c'est très agréable de dîner aux bougies, comme dans les grands restaurants"."

S'en suit le récit des deux fauchages de champs OGM auxquels Jean-Baptiste a participé avec José Bové, Noël Mamère, Gilles Lemaire et d'autres: "Nous étions un millier dans ce champ, neuf coupables ont été mis en examen, tous soigneusement choisis." Le journaliste rappelle aussi les doutes de la justice: "On condamne à Riom et Toulouse. On relaxe à Orléans et Versailles, où les magistrats admettent la légalité du "principe de précaution" vis-à-vis des OGM."
Comme quoi, il ne faut pas se fier aux on-dit. Certes, le reste du Daubé n'est pas transcendantal, mais cet article à lui seul vaut largement les 80 centimes que j'ai investis dedans. Et cela vaut toutes les explications du monde concernant les OGM. D'un côté, de puissantes multinationales qui veulent développer leurs profits, quitte à prendre des risques inconsidérés sur le vivant et la nature. De l'autre, quelques vaillants résistants qui mènent un combat au nom de principes et non en suivant leur intérêt personnel et financier. La lutte est inégale, elle est pourtant nécessaire. Il en va du devenir de la planète que nous laisserons à nos enfants.

Dur, dur d'être journaliste

Je souhaiterais répondre à un journaliste de L'Equipe qui m'a écrit ce commentaire:
"En parcourant ton blog, j'ai parfois la fâcheuse impression que tu devrais postuler pour "Fan de..." ou créer un concept d'émission du type "A la recherche du nouveau journaliste".
Au risque de me répéter, courage..."
Pour ce qui est de la première remarque, les Guenneugueskispasse peuvent effectivement s'apparenter à des "Fan de...". Mais je fais parfaitement la distinction entre mon activité de blogger et celle de journaliste. De plus, quand je pose des questions provocatrices à Kyo lors d'une conférence de presse, je pense que ce sont des interventions intéressantes qui méritent d'être soulevées. De même, quand je prends la parole lors d'un meeting de Besancenot pour défendre mes idées, je ne suis certes pas dans mon rôle de journaliste, mais je ne suis pas non plus dans la position du fan, plutôt dans celle du citoyen qui participe au débat civique.
Pour ce qui est de la seconde remarque, elle est presque fondée. Mais l'émission dont il s'agit n'est pas "A la recherche du nouveau journaliste", mais "A la recherche d'un journal". Car ce n'est pas évident de chercher du travail comme jeune journaliste en cette période de crise. Les journaux ne recrutent pas beaucoup en ce moment. La concurrence des gratuits et l'émergence d'Internet ont entraîné une grosse baisse des ventes (à de rares exceptions près, comme L'Equipe). Et encore, nous autres qui avons choisi la spécialité presse écrite ne sommes pas à plaindre en comparaison des spé radio. Chez eux, c'est presque Dallas, son univers impitoyable. Seuls les télé sont mieux lotis, selon mes dernières informations. Pour eux, la situation semble se décanter petit à petit. Et encore, si l'arrivée de la TNT a créé un appel d'air, la fusion entre Canalsat et TPS va entraîner la disparition de plusieurs chaînes.
Merci en tout cas pour ces encouragements, en espérant qu'ils soient sincères.

Welcome to Annecy


Annecy a un je-ne-sais-quoi de British. Il y d'abord le lac, le plus pur d'Europe selon mon ami La Frite, pêcheur à ses heures perdues. Il n'est pas sans rappeler le Loch Ness, même si on a à peu près autant de chances de voir un quelconque monstre montrer le bout de sa queue. Il y ensuite les grandes étendues de gazon vert en plein centre, idéal pour glander, bronzer, bouquiner ou discuter, qui ne sont pas sans me rappeler les Meadows à Edimbourg. Il y a aussi une presse de merde. Les Anglais ont le Sun, les Annéciens ont le Dauphiné Libéré (le Daubé pour les intimes, ça veut tout dire). Il y a enfin les Anglais, des touristes en quête de dépaysement. C'est raté. Z'auraient mieux fait d'aller à Amsterdam. Comme à Annecy, ils auraient découvert un joli réseau de petits canaux. Mais question dépaysement, ils auraient été davantage servis: entre les vitrines du quartier rouge et les coffee-shops, Amsterdam semble vraiment appartenir à un autre monde. Car oui, un autre monde est possible.

Stage au vert

Comme tout sportif qui se respecte, je commence aujourd'hui mon stage au vert à Annecy, loin du tumulte lillois et de la pollution parisienne. Le but: retrouver des amis qui ont agrandi les rangs de la diaspora bretonne, respirer un bol d'air frais et retrouver des sensations pures... voire la vache Milka si elle traîne dans le coin. Hier en arrivant, j'ai déjà vu l'endroit où Jean-Jacques Rousseau a rencontré Mme de Warens. Pour me convaincre de faire le détour bien que je sois chargé comme un mulet, Manu m'avait dit que c'était là où Rousseau s'était masturbé (récit qu'il fait également dans les Confessions) et qu'ils avaient érigé une statue en mémoire de ça.
Pour poursuivre dans l'anti-chronologie à la façon d'Irréversible, le film-choc de Noé, j'ai lu Marianne dans le train. Les articles sur le CPE n'apprennent pas grand chose et sont inexacts. Selon eux, seules les facs ont manifesté et les grandes écoles ont boudé le mouvement. Or, pour parler des deux que j'ai fréquentées, l'IEP de Rennes a connu deux semaines de blocage et l'ESJ de Lille a voté en faveur de la grève et nous étions une bonne trentaine à aller défiler. En revanche, deux articles fort intéressants ont retenu mon attention. Une fois n'est pas coutume, ils étaient en pages Culture (habituellement, ce sont les pages qui m'intéressent le moins car ce domaine est particulièrement mal traité, voire maltraité par les journalistes).
Le premier concernait un évangile apocryphe retrouvé en Egypte et qui fait apparaître Judas comme un initié injustement traité au fil des siècles. Jésus lui aurait dit: "Tu surpasseras tous les autres. Car tu sacrifieras l'homme qui me sert d'habits". Ou encore: "Je t'enseignerai les mystères du Royaume, mais pour cela, tu souffriras beaucoup."
Le second article de Marianne passionnant pose une question inédite et marrante: "Astérix est-il gaulliste?" Extrait: "Il faut prendre un peu de potion intellectuelle avant que l'analyse de Rouvière (dans Astérix ou les lumières de la civilisation) nous tombe sur la tête. Sa thèse est que le monde d'Astérix, entre le village gaulois, l'hégémonisme romain et les poussées barbares, subsume les trois tentations politiques: démocratique, absolutiste, autoritaire. César incarnerait le pouvoir autocratique qui voudrait que Rome ne soit plus dans Rome mais partout où il est. Face à lui, les Goths et les Normands symboliseraient le contre-modèle caricatural de la civilisation, où l'individu serait sacrifié au nom d'un collectif illusoire qui ne travaillerait qu'au service d'un seul chef. Ouf! Enfin, dans notre village gaulois s'épanouirait la démocratie, un peu cacophonique parfois, mais qui imposerait une vision idéale de la société, où les pouvoirs seraient séparés et où l'individu ne serait pas étouffé par les tentations plébiscitaires modernes ni par un individualisme pernicieux."
Par la suite, il explique qu'Astérix a diffusé des valeurs gaullistes comme sa volonté d'indépendance ou ses thèses anticoloniales (il me semblait pourtant que De Gaulle avait lancé un "Je vous ai compris" aux Pieds-Noirs avant de poursuivre la Guerre d'Algérie pendant 4 longues années). Tout comme De Gaulle se méfiait d'un pouvoir politique noyauté par les énarques, César doit affronter l'hégémonie de l'ENA, l'Ecole des Nouveaux Affranchis qui transforme la société en champ de bataille. Quant à Astérix et les Normands, il annonce dès 1967 les revendications de mai 68 (car le conflit entre générations y est criant, incarné par Goudurix). Et la crise anti-CPE avec des socialistes mêlés avec des casseurs, c'était dans la Rose et le Glaive???