Kispasse

Friday, July 28, 2006

Placé-beau, Cali et Tracy à la folie, Dyonisos divin

Cette cuvée 2006 des Vieilles Charrues a encore offert une traînée de bons souvenirs aux festivaliers. Sous un soleil de plomb (car, c'est bien connu, en Bretagne, il ne pleut que sur les cons !), la quinzième édition a été énorme. Comme d'habitude.

> Cali : pour son deuxième passage aux VC (Vieilles Charrues pour les intimes), Cali a eu le droit à la grande scène et les organisateurs ne vont pas regretter cette faveur. En 2004, lors de son premier passage, il avait séduit le public en lançant à la fin de son tube C'est quand le bonheur ? « C'est aujourd'hui, ici à Carhaix ! » Rebelote cette année. Le Perpignannais a déversé tour à tour un tsunami d'émotion et une vague d'énergie sur un public qui surfait sur le bonheur. Cerise sur le gâteau : l'interprétation finale de Je m'en vais. Cali a fait un slam géant de 100 mètres, porté par la foule en délire depuis la régie jusqu'à la scène. Un 100 mètres qui ne battra pas le record du monde d'Asafa Powell et Justin Gatlin, mais qui restera dans tous les coeurs de ceux qui ont eu le plaisir de porter un bout de Cali quelques instants. Dans le sien aussi, puisque Cali a battu son coeur contre le micro en rythme avec la musique. Emotion, quand tu nous tiens.

> Dyonisos : les dieux de l'ivresse et de la transe mystique ont su embarquer le public dans leur délire enfantin inspiré par le cinéaste Tim Burton. A l'énergie, le chanteur a lui aussi slamé jusqu'à la régie avant d'y déclamer quelques vers au porte-voix dans un élan poétique. Un brin de douceur dans une Song for a Jedi survitaminée. Une sorte d'apothéose de ce Carhaix 2006, de bouquet final juste après les Pixies et le feu d'artifices et juste avant un dernier groupe plutôt anecdotique (Infadels).

> Placébo : la bande à Molko a enflammé le public carhaisien avec ses riffs de guitare ébouriffants. La voix de Brian Molko a envoûté ses fans. Une fois n'est pas coutume, un drapeau arc-en-ciel disputait les airs aux traditionnels Gwen ha du (le drapeau breton). Le chanteur n'a pas oublié de remercier le public et les bénévoles avant de terminer par Bitter end. Mais comme ce serait une fin au goût amer, Placébo n'a pas lésiné sur les rappels.

> Tracy Chapman : 42 ans et une carrière sans fausse note pour la belle chanteuse noir-américaine au sourire enjôleur (même quand elle chante !) Douceur de vivre sous le soleil carhaisien en ce dimanche après-midi : le bonheur est dans le pré de Kerampuilh ! Avec sa guitare à la main, elle n'a peur de rien. Le public non plus quand il l'écoute religieusement. Elle est venue parler d'une révolution, forcément douce (Talkin' Bout a Revolution), mais le public a surtout rêvé. Et frissonné quand Tracy Chapman a sorti son harmonica.

> Editors : le groupe d'indie rock de Birmingham a régalé les Carhaisiens d'adoption avec les chansons issues de son album The Back Room. Anecdote qui permet de comprendre à quel point ce groupe a tapé aux oreilles des grands spécialistes du rock. Ils étaient au Paleo festival en Suisse le vendredi, à Carhaix le samedi et à Benicassim en Espagne le dimanche. Soit le tiercé gagnant des rassemblements monstres du week-end !

> Diam's : « La Bretagne, ça déchire ! » Le moins que l'on puisse dire, c'est que, quand elle tient un gimmick, Diam's ne le lâche pas. Combien de fois a-t-elle répété ce slogan avant de quitter la scène Xavier Graal ? En tout cas, l'hégérie féminine du rap français a donné un concert sans erreur (pardon, sans boulette), allant même jusqu'à personnalisé de façon fort subtile le texte de ses chansons : « Aux Vieilles Charrues, le combat continue ! » Au passage, elle n'a pas oublié d'inviter les jeunes à voter l'an prochain et à dégommer Marine Le Pen, sa cible favorite. Le Pen, un Breton qui n'est pas prophète en son pays (né à La-Trinité-sur-Mer, c'est en Bretagne que Jean-Marie Le Pen obtient ses scores les plus faibles).

> Julien Clerc : avec des classiques de la chanson française passés un million de fois sur Nostalgie (Femmes... je vous aime, Mélissa) et des nouveautés qui passent en boucle sur Chérie FM (Quel jeu elle joue, double enfance), Julien Clerc a gâté ses fans et sérieusement augmenté la moyenne d'âge des festivaliers du dimanche. Magie du festival : en chantant Laissons entrer le soleil, il a chassé les derniers petits nuages qui résistaient encore et toujours à l'envahissant soleil. Julien Clerc s'est visiblement bien amusé, il n'a pas hésité pour un rappel avec Ma préférence.

> Jamel Debbouze : quelle drôle d'idée des organisateurs que de faire venir un humoriste dans un festival rock ! Effectivement, ce fut très drôle ! Jamel Debbouzec, comme il s'est rebaptisé lui-même pour marquer son passage en Bretagne, a montré son immense talent d'improvisation, même devant 55 000 personnes. Il a su adapter son spectacle à son public, se moquant gentiment des cités de Brest et évoquant la BAV, la Brigade anti-vaches. Il a terminé en racontant à sa manière l'histoire du festival, concluant : « Comme quoi, les grandes idées viennent souvent des mecs bourrés ! » Au final, il n'a pas eu le temps de faire tout son show, loin de là, mais il a donné une furieuse envie d'aller le revoir.

> Olivia Ruiz : elle a séduit son public. Evitons de dire ses fans, tant l'ancienne de la Star'Ac est parvenue à se détacher cette étiquette collée sur son front. Non, Olivia Ruiz n'est pas un clône de Jenifer. Elle a son propre univers. Même si, en parodiant la musique de Premiers baisers, elle en fait peut-être un peu trop. Est-ce vraiment nécessaire ?

> Pixies : une pointe de déception. Certes, musicalement, c'était très fort. Bien sûr, Where's my mind était un grand moment de cette édition avec 55 000 fans s'égosillant sur le fameux Wouhouhouhou ! Mais les papys rockeurs font leur âge, ils enchaînent leurs chansons sans ce grain de folie qui a donné tout leur éclat aux spectacles de Dionysos et Cali, pour ne citer qu'eux. Alors, on se souvient immanquablement des interviews dans lesquelles ils confiaient qu'ils avaient reformé le groupe pour l'argent, et on se dit que c'est bien dommage même si cela valait le coup pour la musique.

> Madness : même reproche, même sanction. Titre trompeur, le concert manquait vraiment de folie. Rien à voir avec les incontrôlables Ska P du temps où il rayonnaient sur la planète ska et où ils n'en loupaient pas une lors de leurs concerts.

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