Kispasse

Sunday, July 24, 2005

Trop Kool

Un Berrichon en Armorique centrale... Florent Marchet commence son set à l'heure du dessert. Depuis le réveil, on l'entend faire ses balances sur le site. Mais le temps de prendre une douche (la seule du week-end... un bien fou !), de remballer ma "two seconds" (un peu plus de deux secondes, mais c'est quand même vite fait) et de ramener mes affaires à la voiture, je suis en retard. En regagnant le site, j'entends Florent qui a déjà commencé. L'une de ses premières chansons est la superbe Je n'ai pensé qu'à moi. Il ne m'a pas attendu, il n'a vraiment pensé qu'à lui. Je vois la deuxième moitié de son concert.

Ce poète en herbe innove : il lit un extrait écrit par une romancière américaine sur un fond musical. Plutôt sympa.
Tinariwen enchaîne sur la grande scène. Un nom trompeur aux consonnances bretonnes. En fait, impossible de se tromper à leur vue : ces gars-là viennent du désert, et pas du Poher. Ce sont en fait des touaregs, un peuple nomade à l'histoire intéressante qui a fui la répression de 1963, puis la sécheresse. Certains ont atterri sur le territoire algérien, dont l'équipe de Tinariwen. Le groupe est né en 1982, comme moi. Leurs poésies chantées abordent les thèmes de l'exil, de la répression et des revendications politiques. Parfait pour commencer doucement cette journée et accompagner une petite sieste sur la prairie plus si verte de Kerampuil et sous un soleil retrouvé.
L'ambiance vire au psychédélique avec Nosfell. Un peu trop branchouille pour moi, l'occasion d'aller voir ce qui se passe du côté de la troisième scène. Et je tombe sur un petit groupe bien sympa, visiblement heureux d'être là, et qui, cerise sur le gâteau, fait de très bonnes chansons à textes.

Ils s'appellent Rue traverse et ont gagné le tremplin des Jeunes Charrues dans le pays du Léon (Nord-Finistère). Les Jeunes Charrues, c'est un peu comme la Star'Ac ou Popstars, mais pour les vrais groupes. Comme c'est une histoire de musique et pas de sexe, ça n'intéresse pas la télé. Comme disait Tryo à propose de la télé-réalité, sortez les poubelles !

C'est ensuite Bernard Lavilliers qui nous rejoue son invitation au voyage. Du fin fonds des Etats-Unis à l'Afrique en passant par la Jamaïque, il nous fait partir sous d'autres latitudes plus ensoleillées. L'as du déhanché a pris de la bedaine, mais non non, il n'a pas changé. On the road again... D'ailleurs il nous en fait une super version acoustique. Après un petit séjour backstage, il nous revient plus bondissant que jamais. Des sauts de cabri qui éveillent mon esprit suspicieux : j'aurais aimé être un artiste... pour pouvoir me trouver en coulisses, et voir la potion magique de Nanard. Au passage, Lavilliers écorne l'hôte de Matignon, rappelant avec une bonne mauvaise foi que les cent jours arrivent bientôt à leur terme et qu'il y a toujours des chômeurs en France.
C'est une autre "star" de la chanson française qui succède à Lavilliers. Michel Delpech vient flirter avec le public carhaisien, lui conter fleurette et le convier chez Laurette. Confirmation : Wight is toujours Wight. Et Michel est toujours Delpech, un gentil chanteur qui sert de la bonne soupe ni trop salée ni trop pimentée. Un moment convivial que je passe avec d'autres récidivistes des festivals, Ronan et Nounours, que j'avais rencontré à Bobital.
Tiken Jah Fakoly prend ensuite possession de la grande scène. L'Ivoirien voit très clair sur les malheurs de son continent : la corruption, les guerres civiles, le découpage artificiel des pays imposé par les colons... Pour les dénoncer, Tiken a choisi de les chanter, et c'est un régal pour les yeux et pour les oreilles.
Dans un tout autre style, Rachid Taha vient mettre son grain de Sahel sur la petite scène. Toujours aussi barré, cet Algérien débarqué à Lyon à l'âge de dix ans met le feu dans l'arène.

Les Franz d'en haut parlent à la France d'en bas. Les Ecossais de Franz Ferdinand viennent distiller leur "rock fervent et érudit" (dixit les Inrocks, le mag rock fervent et érudit) à Carhaix. Un pur régal : ils m'embarquent ailleurs (take me out en Anglais). Le public saute, slame et chavire. Tout en classe et en subtilité, des rockeurs new generation.
Moins classe et moins subtil, mais également jouissif : je vais ensuite voir Kool Shen sur la troisième scène. L'ex de Joey Starr au sein des NTM fait sa tournée d'adieu dans toute la France, qu'il a baptisée Dernier round. Il s'en explique : cela fait plus de dix ans qu'il porte la voix des banlieues, il est temps de passer la main. C'est dommage mais logique. En tout cas, c'est un beau spectacle sur scène. Il reprend quelques perles de l'époque NTM pour faire plaisir aux fans.
Un bon son brut pour bien finir une belle édition 2005 des Vieilles Charrues. Comme d'hab, beaucoup critiquaient la prog. Comme d'hab, ils ont eu tort : c'était riche, éclectique, magique. Je me permets même le luxe de louper le concert de clôture, car je bosse demain. Dommage : Laurent Garnier est venu mixer pendant deux heures. Les échos que j'en ai eus sont excellents. Une bonne moitié du public est restée jusqu'au bout. D'irréductibles festivaliers qui ont prouvé samedi à quel point ils étaient motivés. Vivement l'année prochaine ! Et d'ici là, kenavo à tous les laboureurs !

2 Comments:

  • At 4:31 AM, Anonymous Anonymous said…

    salut
    dsl de ne pa être resté mé bon on bossait aussi et tôt en plus.

    J'espère que tu as bu au moins 3 bières pour nous.

     
  • At 10:55 AM, Blogger Kispasse said…

    Heu, juste deux. Je devais moi aussi me ramener chez moi parce que je bossais le lendemain. J'espère qu'on se reverra dans des prochains festivals.

     

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