Kispasse

Friday, July 22, 2005

Blue Friday

Embarquement pour Carhaix. Le Télégramme fait sa une sur les Vieilles Charrues. Carhaix c'est the place to be ce week-end. La petite bourgade du Centre-Finistère accueille le plus grand festival rock de France. Les Vieilles Charrues, plus fortes que les Eurockéennes ou les Francofolies, le petit festival a tracé son sillon depuis la première édition en 1992. La fête champêtre avec tirer de charrue et concours de jeux insolites avait rassemblé 500 personnes à l'époque. Deux déménagements plus tard, les Vieilles Charrues s'installaient sur le site de Kerampuil. J'étais à la pendaison de crémaillère en 1998, pour mes premières Vieilles Charrues. Iggy Pop (déjà !), Zebda, Charles Trénet... Le mélange des genres à la sauce carhaisienne. Depuis, je suis devenu un laboureur accro. Chaque année, il me faut mon pélerinage à Carhaix.

Cette année encore, on était plus de 50000 par soir à fouler le gazon de Kerampuil... ou plutôt à patauger dans la boue. Car oui, c'est vrai, il arrive qu'il pleuve en Bretagne. Mais le festivalier y est robuste et résistant et ce ne sont pas quelques gouttes qui vont annihiler sa bonne humeur.
Comme à chaque festival, l'histoire commence par un planter de tente. Celui-ci a été rapide, j'ai investi dans la "two seconds" de Decathlon, la tente qui se monte plus vite que son ombre. Une tente jetable, mais pas à jeter. Bref, une belle innovation. Au vu des centaines de "two seconds" qui s'accumulaient dans les campings gratuits, Decathlon a trouvé le filon gagnant. Combien d'heures de montage en additionnant toutes ces "two seconds" ?
J'arrive sur le site en retard. J'ai raté Sheer K, le vainqueur du tremplin des Jeunes Charrues de l'année dernière, les quatre jeunes Guinéens de Ba Cissoko, griots d'héritage, et Jeanne Cherhal, la nouvelle égérie de la chanson gouailleuse française, révélation du public aux Victoires de la musique. Elle a sans doute révélé son grand talent au public carhaisien, mais ce fut sans moi.

Direction La Havane ! J'arrive pendant la prestation d'Ibrahim Ferrer, l'ancien chanteur du Buena Vista Social Club. A 78 ans, le jeune gaillard a toujours le regard vif pétillant. J'ai mon tee-shirt Che Guévara, tout va bien ! Les cuivres enivrent, encore plus efficaces que la Faxe.
Jane Birkin enchaîne sur la scène Kerouac. Couac. La petite voix de Jane a du mal à percer dans le tumulte carhaisien. C'est donc plutôt à un concert des musiciens de Jane que l'on assiste. Mais elle se rattrape dans sa dernière chanson, le grand classique du petit Serge, la Javanaise. Finalement, nous nous aimons le temps d'une chanson.

Après la douce Jane vient l'heure des hardeurs. C'est un mythe du rock qui s'installe sur la scène Glenmor. Deep Purple nous emmène aux origines du rock, dans les années 60 et 70. Le groupe a changé, mais l'esprit reste le même. Les vieux rockeurs savent s'adapter à leur public. Ils esquissent quelques notes d'Alouette, gentille alouette. Et ils sont encore furieusement dans le coup. La preuve : ils nous offrent la musique de Star Wars sur un plateau. Avant de retourner en coulisses quelques instants, où on les imagine volontiers retourner du côté obscur grâce à un peu de poudre blanche. Mais tout cela n'est que supputations hasardeurses, d'autant que le chanteur ne tarissait pas d'éloges sur nous : à l'écouter, on est fantastic et unbelievable.
Bretagne vs Alsace. De la musique régionale après les stars internationales. Le concert suivant, intitulé Erik Marchand vs Rodolphe Burger, met en effet aux prises le chanteur-clarinettiste breton au chanteur-guitariste alsacien. Cela a donné une bonne excuse aux organisateurs des Vieilles Charrues pour réinviter Burger, le seul et unique "invité permanent" du festival. Le résultat, une création originale pour les amateurs du genre.

Après les deux habitués des VC, on passe à d'autres anciens, mais des petits nouveaux à Carhaix. New order, new hors d'oeuvre (comme titre le Télégramme). Les papys de la new wave, qui ont inspiré tant de groupes de la nouvelle génération, viennent leur donner une nouvelle leçon. Ils commencent en beauté avec Crystal et terminent leur rappel dans l'allégresse avec un bouillonnant Blue Monday.

Retour en France avec Luke. Ca pogotte et ça slame devant la petite scène. La tête en arrière, on oublie le reste du monde. Et le chanteur Thomas Boulard d'en rajouter une couche : "J'ai compris, les Vieilles Charrues... La star, c'est vous !" C'est allé vite pour Luke, ils enchaînent les gros festivals cet été (les Solidays, Dour, les Francofolies, le Paléo Festival et donc les Vieilles Charrues). Mais ils ne prennent pas la grosse tête pour autant. Ils ont une pensée pour Ingrid Betancourt dont le portrait est affiché sur la scène. L'ex-candidate verte aux présidentielles de Colombie est retenue en otage depuis plus de trois ans par les Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes. Bernard Lavilliers aussi aura une pensée pour elle.
LCD Soundsystem clôt le bal du vendredi de 2h à 3h. Pas fan, je vais retrouver ma two seconds en moins de deux. Que m'arrive-t-il ? C'est grave, docteur ?

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