Kispasse

Friday, August 31, 2007

Il file au Brésil

Non, il n'y a pas que des présidents de merde qui se foutent de notre gueule sur cette Terre. Oui, il y a encore des types bien qui rêvent et mettent tout en oeuvre pour que ça devienne réalité. La preuve...
Certains filent à l'anglaise, Thomas Ruyant file au Brésil, c'est plus fun. Pas pour le carnaval de Rio, même si son origine dunkerquoise pourrait le laisser croire. Ce jeune navigateur se prépare à faire sa première transat.
En ce moment, il est "dans le jus". Plus que deux semaines avant le départ de la mini-transat. Pas de temps à perdre: Thomas peaufine son bateau. À quelques mètres, se dressent fièrement des mastodontes des mers, comme le Groupama de Franck Cammas qui a récemment traversé l'Atlantique en un temps record, 4 jours et 4 heures. Le bateau de Thomas, un prototype, affiche des mensurations plus modestes (6,50 mètres), mais lui aussi va partir à l'assaut de l'Atlantique.
À seulement 26 ans, le skipper se prépare à sa première transat. Deux étapes et un total de 4200 milles nautiques (7800 kilomètres) sont au programme des 84 navigateurs engagés, de 18 nationalités différentes. Il faudra d'abord parcourir les 1100 milles qui séparent La Rochelle de Madère, en six jours environ. Après dix jours passés sur l'archipel portugais, les navigateurs s'attaqueront à 3100 milles jusqu'à Salvador de Bahia, en trois semaines environ. "C'est la première fois que je resterai si longtemps en mer, en solitaire et sans assistance, explique Thomas. J'ai un peu d'appréhension, mais je suis surtout content de partir et pressé d'y être. C'est un rêve qui se réalise." Son rêve l'emmènera au Brésil, où il compte rester un mois. Mi-vacancier, mi-manutentionnaire réparant son bateau.
Dunkerquois d'origine et fier de l'être, Thomas a décidé d'amarrer son bateau à Lorient en 2006: "À Dunkerque, je m'entraînais tout seul. Ici, il y a les meilleurs de la flotte de minis, un entraîneur sur l'eau qui nous fait progresser, des cours météo et la structure AOS qui gère l'aspect logistique." Thomas ne renie pas ses origines pour autant. En témoignent les noms de son bateau: l'officiel, Nord-Pas de Calais Faber France, et l'officieux, Nat'che, "ça veut dire tremper, mouiller en Dunkerquois." Thomas aime aussi rentrer à Dunkerque pour son fameux carnaval en février-mars, où il se travestit, "comme les autres".
Pendant la transat, Thomas s'attend à "quelques coups de mou", mais il compte "bien dormir et bien manger pour garder le moral". Tout ça reste relatif: bien dormir, cela veut dire cinq heures par jour, par tranche de 20 minutes. Bien manger, c'est "pâtes bolo, du poulet au curry, du hachis parmentier", le tout en nourriture lyophilisée bien sûr.
S'il est devenu skipper, ce n'est étonnamment pas pour la bonne bouffe. "J'ai commencé à 5-6 ans sur le bateau du père. Puis j'ai fait le parcours habituel: Optimist, dériveur, habitable... J'ai fait plusieurs tours de France à la voile quand j'étais étudiant en fac de sport. Au moment d'entrer dans la vie active, j'ai décidé de me lancer dans la mini. Je suis mieux sur l'eau qu'à terre. J'aime bien tous les aspects: le côté technique, la gestion de projet et bien sûr, la navigation au large. Il y a une forme de goût du risque, de dépassement de soi."
Des notions qu'il a déjà éprouvées lors de la course Les Sables-Les Açores-Les Sables en 2006 (8e sur 65). Il s'était filmé. Extrait... Le bateau tangue. Les traits tirés, Thomas raconte qu'il a peu dormi à cause d'une dépression. Pas de celles qui broient du noir, mais plutôt de la coque. 40 noeuds, ça empêche de roupiller tranquille.
Des conditions éprouvantes, il en a aussi vécu lors de la Transgascogne cette année (11e sur 75): "C'était le chaos pour la première étape, avec un vent à 45 noeuds, une mer démontée. Dans ce cas-là, tu fais le dos rond, tu réduis ta toile et t'attends que ça passe!" Ou que ça casse.

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