Kispasse

Saturday, August 25, 2007

La crème du cinéma cubain

Juan Carlos Cremata a retrouvé avec plaisir Fernando Perez pour son séjour groisillon. Les deux hommes font partie des plus grands noms du cinéma cubain.Avec "Viva Cuba", il a fait voyager les festivaliers à travers son île. Il les a émus aussi. Avec "Nada+", il les a fait rire: "J'ai fait un film Rien. Grâce à lui, j'ai fait la tournée des festivals du monde entier pour rien. Et si vous voulez, à la fin du film, on parlera de Rien", a-t-il lancé aux spectateurs avant la projection. Juan Carlos Cremata Malberti est à Groix à l'occasion du festival du film insulaire. Un grand réalisateur et un globe-trotter qui maîtrise parfaitement le français.
Comment se sont passés vos trois premiers jours à Groix?

Très bien ! C'est comme à la maison ici ! Je suis né sur une île, à Cuba. Même si c'est loin géographiquement, c'est très proche dans le mode de vie. Il y a la proximité de la mer, qui est très importante pour moi, et une volonté des habitants de s'ouvrir vers le monde. C'est comme une fête cubaine, ici. J'apprécie beaucoup, même si je ne fais pas beaucoup la fiesta habituellement. Je suis plutôt calme.
Que pensez-vous du festival?
Les organisateurs sont très gentils. C'est plus que parfait, magnifique ! C'est la première fois que mes deux films sont ainsi projetés dans une île française. Le public n'est pas le même.
Vos deux films, "Nada+" et "Viva Cuba", ont suscité de très bonnes réactions. Cela vous a-t-il fait chaud au coeur?
C'est vraiment une belle expérience, surtout "Viva Cuba". Le cadre était magnifique, avec le petit port et la projection sur une maison. Malgré la pluie par moments, le public est resté en nombre. Habituellement, je ne regarde plus mes films, je les ai déjà vus tellement de fois! Mais là, je suis resté car c'était des conditions particulières. C'était magique!
Le fait de passer la semaine avec le réalisateur Fernando Perez, cela doit vous faire aussi plaisir. Est-ce un modèle pour vous?
On se connaît très bien. Tous les prix que j'ai reçus à Cuba, c'était de sa main. C'est un modèle à la fois comme réalisateur et comme être humain, il est resté très simple. J'ai beaucoup étudié ses films. Cette semaine, j'ai découvert que lui aussi étudie mes films maintenant. C'est merveilleux!
Qui d'autre vous a inspiré?
Beaucoup de réalisateurs, notamment des Français. Le cinéma cubain est né de la combinaison entre la nouvelle vague française et le néoréalisme italien.
Vous habitez à La Havane. Comment évolue la situation à Cuba, actuellement?
C'est difficile d'en parler. Je suis un artiste et je vis dans un monde imaginaire où règnent la paix, le bonheur et la justice. Je me réfugie dans mon art. Le monde réel, c'est autre chose.
Avez-vous déjà été victime de la censure, ou vous êtes-vous déjà vous-même censuré?
Non, je ne me suis jamais censuré et je n'ai jamais été censuré. Je ne critique pas le régime cubain en particulier, mais plutôt le manque d'humanité en général, dans le monde. Et puis, la censure existe partout. Par exemple, les producteurs voulaient que je change le titre de « Viva Cuba » pour qu'il soit projeté aux États-Unis. J'ai dit non. Finalement, il est quand même passé, même si ce titre a pu en déranger certains. L'artiste doit profiter de la censure pour dire les choses différemment, en la contournant.
Vous avez beaucoup voyagé, mais êtes toujours revenu à Cuba. Pourquoi?
J'ai vécu un an à New York car j'avais gagné un prix international. J'ai passé deux ans en Allemagne, j'ai aussi habité en Italie, au Chili et en Argentine. Mais j'ai découvert que ce qui me plaît vraiment, c'est de faire des films cubains!
Quels projets avez-vous pour la suite?
Je travaille actuellement sur deux projets : un film d'époque dans les années 50, avant la révolution cubaine, basé sur une pièce de théâtre, et une histoire tragique sur le phénomène de la prostitution masculine à Cuba.

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