Franck Dubosc se met à nu
"Il était une fois... Franck Dubosc." C’est le titre du nouveau spectacle de l’humoriste, dans lequel il raconte quelques passages de sa vie, de sa naissance à sa vieillesse imaginée. Avec un humour qui fait mouche. Rencontre.
Vous vous mettez à nu dans ce spectacle, tout en romançant un peu votre vie. À quel point est-ce le vrai "journal d’un Franck", pour reprendre votre expression?
À un point assez important. Il y a beaucoup de choses vraies, plus que d’habitude, plus que dans mes précédents spectacles. Pratiquement tout est vrai, sauf bien sûr quand je joue le vieux monsieur de 84 ans, à la fin. Mais j’ai vraiment été un bébé moche, qui faisait caca derrière le coffre à jouets. J’ai vraiment eu beaucoup de boutons quand j’étais ado. Une chose fausse, c’est à propos de ma première relation sexuelle: ce n’était pas avec une Anglaise, mais avec une Belge! En tout cas, c’est pour ça que j’aime beaucoup jouer ce spectacle: je retraverse réellement ma vie.
Est-ce difficile de livrer ainsi une part de soi-même sur scène?
Non, parce que je ne livre que des moments choisis. En revanche, ça aurait été plus difficile quand j’ai commencé, il y a dix ans. Je n’aurais pas eu le courage, ou peut-être l’impudeur, de le faire.
Y a-t-il des éléments de votre vie que vous avez hésité à raconter parce qu’ils étaient trop intimes?
Je me suis demandé dans quelle mesure je parlais ou pas de mon père, décédé. Je le fais finalement à deux reprises. Et puis, c’est marrant, mais je ne parle pas de ma sœur, alors qu’elle compte énormément pour moi. Et je le lui ferai savoir le soir où elle sera dans la salle. J’adapte aussi quelques détails de mon spectacle aux circonstances. Par exemple, la première fois que je l’ai présenté à Lille, en octobre au Sébastopol, j’ai donné le prénom de Monique à la première fille que j’ai embrassée. En fait, la maman de mon premier metteur en scène, qui était lillois, s’appelait Monique.
Vous commencez par raconter votre naissance, le 7 novembre 1963, dans la froideur du Petit-Quevilly, dans la banlieue de Rouen. Ce n’est pas à proprement parler un Hollywood français et vous avez d’ailleurs cette jolie formule dans votre spectacle: "C’est comme commencer une partie de Scrabble avec que des W." Dans ces conditions, diriez-vous que votre succès compte triple?
Oui, tout à fait. Ce n’est pas une question d’être un fils de, mais c’est vrai que, pratiquement parlant, je n’avais pas de structure pour répéter, pas d’argent. En même temps, si j’avais eu cette aisance, je ne l’aurais peut-être pas fait. On se bat d’autant plus que le combat est difficile.
Vous racontez aussi votre adolescence, l’âge ingrat de la puberté. Est-ce que ça a vraiment été une période difficile pour vous?
Pas difficile, mais j’ai quand même souffert des boutons. Je n’étais pas un ado très séducteur, les filles ne me regardaient pas. C’est peut-être pour ça, que j’ai joué ce personnage à qui tout réussit.
Le récit de vos premières relations sexuelles, comparées avec la guerre au Vietnam, fait beaucoup rire. Êtes-vous resté en contact avec Simone, la "guerrière" anglaise qui s’avère en fait être belge? Vous a-t-elle fait des commentaires sur ce sketch?
Non, pas du tout. Ça, c’est du roman. J’ai écrit cette partie sur le sac à vomis d’un avion, en atterrissant à Toronto, en rentrant du Mexique. J’ai mis le point final quand les pneus ont posé le sol. Pour ma vraie première relation, j’étais dans un camping avec douze jeunes. J’ai partagé mon sac de couchage avec une Belge et on a fait ça dans une grange, à côté. Je n’ai pas eu le temps d’avoir peur! Et ça a dû me laisser plus de souvenirs qu’à elle!
Vous interpellez le public à plusieurs reprises et vous faites monter quelques spectateurs pour une leçon de disco. Vous est-il arrivé d’avoir des réactions qui vous ont désarçonné?
Pas quand les gens montent sur scène. En général, ils n’osent pas trop faire le malin et ils ont raison: le public préfère les gens simples. En revanche, lors de mon premier passage au Sébastopol, au début de mon spectacle, je demande: "Qu’est-ce que j’ai de plus que vous?" Quelqu’un a crié "rien", avant que je n’aie le temps de dire "du talent", ça m’a un peu désarçonné. C’est la preuve que l’humour est un exercice fragile.
Au cinéma, vous vous êtes illustré dans des comédies populaires. Est-ce ce que vous préférez jouer? Aimeriez-vous diversifier vos rôles?
On verra, je n’en ai pas la volonté pour l’instant. J’ai choisi la difficulté, l’humour. Quand je serai fatigué, je ferai la simplicité, le dramatique. Mais j’ai déjà tâté les deux, avant d’être connu.
Quelques facettes moins connues de Franck Dubosc: vous avez été journaliste pour la chaîne anglaise Channel Four, assistant magicien et acteur dans la série anglaise à l’eau de rose Coronation Street. Que retirez-vous de toutes ces expériences?
S’il y avait une suite à ce spectacle, je pourrais parler de tout ça. Ce sont de très belles années, qui ont forgé mon caractère. Tout à coup, j’étais devenu connu de l’autre côté de la Manche. Mais quand je rentrais à Paris, je retrouvais ma chambre de bonne.
Vous terminez votre spectacle en vous imaginant à 84 ans. Qui aimeriez-vous être à cet âge-là?
Un vieux con avec beaucoup d’argent, un bateau et plein de belles gonzesses (rires). Non, le plus sain, ce serait un vieux monsieur, avec sa femme et de grands enfants qui pensent encore à moi. Mais surtout, que je n’ennuie personne!
LES PETITS PREFERES DE FRANCKY
Probablement aimez-vous Franck Fubosc, mais qu’aime Franck Dubosc? Pour mieux le connaître, nous lui avons demandé ce qu’il préférait. Où l’on apprend qu’il est 16e au championnat du monde de Formule 1 sur PSP...
Musique: le chanteur anglais James Blunt. D’ailleurs, je passe un extrait de l’une de ses chansons à la fin du spectacle, pendant le rappel, quand je m’imagine à 84 ans.
Film: Quand Harry rencontre Sally.
Plat: avocat-vinaigrette en entrée, et puis un bon steack-frites.
Boisson: du rosé.
Sport: j’ai découvert le surf.
Jeu: la PSP (playstation portable, ndlr). J’ai beaucoup l’occasion de m’en servir en tournée, car je voyage pas mal. En ce moment, je suis 16e au championnat du monde de Formule 1, avec Alonso!
Devise: "vise la lune, au pire tu toucheras une étoile." C’est d’Oscar Wilde.
Destination de vacances: le Mexique, et tout particulièrement la province du Yucatan.
Public: il y en a plusieurs. En fait, je dirais celui qui vient me voir. Je suis flatté.
Passages de son spectacle: le récit de ma première relation sexuelle, et aussi celui du vieux monsieur, à la fin, quand je m’imagine à 84 ans. J’aime aussi quand je raconte mon arrivée à Paris, dans une chambre de bonne: c’est un des moments les plus vrais. Ce sont les plus émotionnels, même si ce ne sont pas forcément ceux qui font le plus rire.
Vous vous mettez à nu dans ce spectacle, tout en romançant un peu votre vie. À quel point est-ce le vrai "journal d’un Franck", pour reprendre votre expression?
À un point assez important. Il y a beaucoup de choses vraies, plus que d’habitude, plus que dans mes précédents spectacles. Pratiquement tout est vrai, sauf bien sûr quand je joue le vieux monsieur de 84 ans, à la fin. Mais j’ai vraiment été un bébé moche, qui faisait caca derrière le coffre à jouets. J’ai vraiment eu beaucoup de boutons quand j’étais ado. Une chose fausse, c’est à propos de ma première relation sexuelle: ce n’était pas avec une Anglaise, mais avec une Belge! En tout cas, c’est pour ça que j’aime beaucoup jouer ce spectacle: je retraverse réellement ma vie.
Est-ce difficile de livrer ainsi une part de soi-même sur scène?
Non, parce que je ne livre que des moments choisis. En revanche, ça aurait été plus difficile quand j’ai commencé, il y a dix ans. Je n’aurais pas eu le courage, ou peut-être l’impudeur, de le faire.
Y a-t-il des éléments de votre vie que vous avez hésité à raconter parce qu’ils étaient trop intimes?
Je me suis demandé dans quelle mesure je parlais ou pas de mon père, décédé. Je le fais finalement à deux reprises. Et puis, c’est marrant, mais je ne parle pas de ma sœur, alors qu’elle compte énormément pour moi. Et je le lui ferai savoir le soir où elle sera dans la salle. J’adapte aussi quelques détails de mon spectacle aux circonstances. Par exemple, la première fois que je l’ai présenté à Lille, en octobre au Sébastopol, j’ai donné le prénom de Monique à la première fille que j’ai embrassée. En fait, la maman de mon premier metteur en scène, qui était lillois, s’appelait Monique.
Vous commencez par raconter votre naissance, le 7 novembre 1963, dans la froideur du Petit-Quevilly, dans la banlieue de Rouen. Ce n’est pas à proprement parler un Hollywood français et vous avez d’ailleurs cette jolie formule dans votre spectacle: "C’est comme commencer une partie de Scrabble avec que des W." Dans ces conditions, diriez-vous que votre succès compte triple?
Oui, tout à fait. Ce n’est pas une question d’être un fils de, mais c’est vrai que, pratiquement parlant, je n’avais pas de structure pour répéter, pas d’argent. En même temps, si j’avais eu cette aisance, je ne l’aurais peut-être pas fait. On se bat d’autant plus que le combat est difficile.
Vous racontez aussi votre adolescence, l’âge ingrat de la puberté. Est-ce que ça a vraiment été une période difficile pour vous?
Pas difficile, mais j’ai quand même souffert des boutons. Je n’étais pas un ado très séducteur, les filles ne me regardaient pas. C’est peut-être pour ça, que j’ai joué ce personnage à qui tout réussit.
Le récit de vos premières relations sexuelles, comparées avec la guerre au Vietnam, fait beaucoup rire. Êtes-vous resté en contact avec Simone, la "guerrière" anglaise qui s’avère en fait être belge? Vous a-t-elle fait des commentaires sur ce sketch?
Non, pas du tout. Ça, c’est du roman. J’ai écrit cette partie sur le sac à vomis d’un avion, en atterrissant à Toronto, en rentrant du Mexique. J’ai mis le point final quand les pneus ont posé le sol. Pour ma vraie première relation, j’étais dans un camping avec douze jeunes. J’ai partagé mon sac de couchage avec une Belge et on a fait ça dans une grange, à côté. Je n’ai pas eu le temps d’avoir peur! Et ça a dû me laisser plus de souvenirs qu’à elle!
Vous interpellez le public à plusieurs reprises et vous faites monter quelques spectateurs pour une leçon de disco. Vous est-il arrivé d’avoir des réactions qui vous ont désarçonné?
Pas quand les gens montent sur scène. En général, ils n’osent pas trop faire le malin et ils ont raison: le public préfère les gens simples. En revanche, lors de mon premier passage au Sébastopol, au début de mon spectacle, je demande: "Qu’est-ce que j’ai de plus que vous?" Quelqu’un a crié "rien", avant que je n’aie le temps de dire "du talent", ça m’a un peu désarçonné. C’est la preuve que l’humour est un exercice fragile.
Au cinéma, vous vous êtes illustré dans des comédies populaires. Est-ce ce que vous préférez jouer? Aimeriez-vous diversifier vos rôles?
On verra, je n’en ai pas la volonté pour l’instant. J’ai choisi la difficulté, l’humour. Quand je serai fatigué, je ferai la simplicité, le dramatique. Mais j’ai déjà tâté les deux, avant d’être connu.
Quelques facettes moins connues de Franck Dubosc: vous avez été journaliste pour la chaîne anglaise Channel Four, assistant magicien et acteur dans la série anglaise à l’eau de rose Coronation Street. Que retirez-vous de toutes ces expériences?
S’il y avait une suite à ce spectacle, je pourrais parler de tout ça. Ce sont de très belles années, qui ont forgé mon caractère. Tout à coup, j’étais devenu connu de l’autre côté de la Manche. Mais quand je rentrais à Paris, je retrouvais ma chambre de bonne.
Vous terminez votre spectacle en vous imaginant à 84 ans. Qui aimeriez-vous être à cet âge-là?
Un vieux con avec beaucoup d’argent, un bateau et plein de belles gonzesses (rires). Non, le plus sain, ce serait un vieux monsieur, avec sa femme et de grands enfants qui pensent encore à moi. Mais surtout, que je n’ennuie personne!
LES PETITS PREFERES DE FRANCKY
Probablement aimez-vous Franck Fubosc, mais qu’aime Franck Dubosc? Pour mieux le connaître, nous lui avons demandé ce qu’il préférait. Où l’on apprend qu’il est 16e au championnat du monde de Formule 1 sur PSP...
Musique: le chanteur anglais James Blunt. D’ailleurs, je passe un extrait de l’une de ses chansons à la fin du spectacle, pendant le rappel, quand je m’imagine à 84 ans.
Film: Quand Harry rencontre Sally.
Plat: avocat-vinaigrette en entrée, et puis un bon steack-frites.
Boisson: du rosé.
Sport: j’ai découvert le surf.
Jeu: la PSP (playstation portable, ndlr). J’ai beaucoup l’occasion de m’en servir en tournée, car je voyage pas mal. En ce moment, je suis 16e au championnat du monde de Formule 1, avec Alonso!
Devise: "vise la lune, au pire tu toucheras une étoile." C’est d’Oscar Wilde.
Destination de vacances: le Mexique, et tout particulièrement la province du Yucatan.
Public: il y en a plusieurs. En fait, je dirais celui qui vient me voir. Je suis flatté.
Passages de son spectacle: le récit de ma première relation sexuelle, et aussi celui du vieux monsieur, à la fin, quand je m’imagine à 84 ans. J’aime aussi quand je raconte mon arrivée à Paris, dans une chambre de bonne: c’est un des moments les plus vrais. Ce sont les plus émotionnels, même si ce ne sont pas forcément ceux qui font le plus rire.