Kispasse

Friday, May 05, 2006

L'autre Monsieur Lepers

Le vrai Monsieur Lepers (méfiez-vous des contrefaçons, surtout si elles s'appellent Julien)
Petit récapitulatif des épisodes précédents : L'Equipe et Libé se conjuguent au passé, voire au futur lointain. Mon futur proche n'est pas assuré, contrairement à ma voiture. Mais hier, j'ai enfin trouvé ma vocation: je veux faire John-Paul Lepers. Ce trublion du PAF a longtemps sévi chez Karl Zéro dans le Vrai Journal. Puis il est passé chez Lundi Investigation, toujours sur Canal. Non content que la chaîne cryptée ait refusé de diffuser un docu qu'il avait fait sur Bernadette Chirac, il a claqué la porte et a publié un bouquin, "Madâme: impossible conversation". Le projet actuel de cet apprenti bloggeur: faire une télé politique libre et indépendante sur Internet, de janvier à juin 2006, consacrée aux élections présidentielles et législatives. Sa chance: "Je ne serais pas tenu par les conventions CSA qui demandent de consacrer autant de temps à tous les candidats." Son problème: réunir les fonds nécessaires.
John-Paul avec DJ M'Ric, l'animateur de la conférence qui a ouvert les hostilités en disant: "John-Paul Lepers, vous êtes le Michael Moore français, en moins gros et en mieux coiffé"
Hier, John-Paul était à l'ESJ pour une rencontre à coeur ouvert. Un pur moment de délice. Il a notamment parlé de ses débuts à la télé, sur TF1: "Je devais faire un sujet pour le JT sur un tremblement de terre au Nicaragua. Mon chef a vu mes commentaires et m'a dit de rajouter que c'était une catastrophe terrible et que les habitants étaient désespérés. Je lui ai répondu que cela se voyait sur les images et que je préférais donner des infos sur le nombre de victimes, etc. Il m'a dit: "Faut quand même le dire." Je me suis levé et lui ai dit: "Très bien, faites-le vous même dans ce cas-là!""
Il a aussi évoqué son docu sur Bernie: "Au départ, pour qu'elle accepte de répondre à mes questions, je présentais ce projet comme un portrait sensible, tendre, drôle et décapant. Au final, elle apparaissait comme agressive, très autoritaire et faisant peu de cas des processus démocratiques. On y voyait sa face cachée qu'elle a réussi à préserver dans les médias, hormis dans le Canard Enchaîné." Et encore, John-Paul avait décidé de couper au montage la scène la plus forte du docu, où Bernadette se jetait sur la perche qui tient le micro en dénonçant des méthodes d'espion.

J'ai posé quatre questions à John-Paul Lepers. Petite interview labellisée Guenneugueskispasse:
- Est-ce que ça ne vous énerve pas que le traitement journalistique de la politique, particulièrement à la télé, se résume souvent à des petites phrases assassines et empêche tout débat de fond sur les idées?
- Ce petit jeu des petites phrases éloigne les citoyens de la politique. Mais en tant que journaliste, je sais comment ça marche: on a moins de 2 minutes pour caser toutes les infos. Les politiques utilisent ce système: ils savent qu'ils ont jusqu'à 17 heures pour lâcher leur petite phrase s'ils veulent qu'elle soit au 20 heures.
- Comment vous situez-vous dans le système du off qui fait que des politiques acceptent de dire, sous couvert d'anonymat, des infos aux journalistes?
- C'est une particularité dans notre pays, une tare dans notre société. Personnellement, je ne suis ami avec aucun politique et je pense être le journaliste politique le moins informé de France car je n'ai pas de off.
- Votre reportage qui m'a le plus marqué, c'était l'éloge à François Bayrou que vous aviez fait pendant la campagne de 2002. Vous expliquiez que la baffe qu'il avait mise à un gamin qui lui fouillait les poches démontrait un vrai courage politique. Vous êtes-vous remis de cette crise aiguë d'extrémisme centriste?
- Pas mal... Ca m'énervait de voir que tout le monde se moquait de Bayrou. Je suis allé le voir et je lui ai dit: "je veux vous écouter". Il était content, on a eu une relation particulière.
Pour ce qui est de la baffe, j'essaie aussi de dire quand les politiques font du bon boulot. Des jeunes s'étaient mis à caillasser. Il est allé à leur rencontre tout seul, sans garde du corps. Et cette baffe, cela va en concordance avec mes convictions personnelles sur l'importance de l'éducation. Mais pour reprendre votre question, je ne crois pas être atteint d'extrémisme centriste aigu.
Quand Lionel Jospin, toujours en 2002, lors de son dernier meeting à Rennes, s'est fait aspergé de ketchup par deux jeunes, il n'a pas eu la même réaction. Il a été évacué et a discuté avec eux en coulisses. Je suis allé lui demander ce qu'il leur avait dit. Il m'a répondu: "Et vous, qu'est-ce que vous leur auriez dit". Cela montre un problème d'autorité.
- Je pense que c'est surtout lié à l'éducation chrétienne de Jospin. Quand on lui arrose la joue droite, il tend la gauche.
Dernière question: on vient d'apprendre la fin du Grand Journal sur Canal + et le remplacement de Karl Zéro par Laurence Ferrari. Est-ce que ce n'est pas la fin de l'esprit Canal? A part les Guignols, il me semble qu'il a disparu, surtout quand on voit Denisot cirer les pompes de Sarko.

- Il y a eu des changements à la tête de Canal. Les nouveaux dirigeants veulent en faire une entreprise viable. Mais c'est vrai que beaucoup d'anciens s'en vont progressivement.

1 Comments:

  • At 1:22 PM, Anonymous Anonymous said…

    Et alors Lepers il l'a lu ton blog ou pas. Il t'as envoyé ses impressions ?

     

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