Kispasse

Monday, April 10, 2006

Berezina

Après le temps de la défaite vient celui de l’analyse. Pourquoi un jeune espoir prometteur du journalisme sportif comme moi a-t-il pu se scratcher en plein vol et rater de la sorte son concours L’Equipe ?
D’abord, c’était mon premier casting de presse-réalité. Car, je le rappelle, il y avait 2 CDD de 3 mois à la clé de cette Star’Ac du journalisme, ce qui montre le champ de ruines actuel que présente le paysage journalistique français.
Ensuite, je n’étais pas au niveau sur le quizz sport. Une préparation intensive dans les derniers jours avant l’épreuve ne m’a pas permis de combler mes lacunes. La barre était trop haute et les questions trop difficiles. Il faut dire que l’histoire du sport ne me passionne guère. Entre un débat sur le baron Villepin et une discussion sur le baron Coubertin, je choisis sans hésiter le premier.

Il y a bien quelques sportifs de l’histoire dont j’admire le courage. Par exemple, Ray Ewry surnommé "l’homme caoutchouc" qui a eu la polio à douze ans, ce qui ne l’a pas empêché de gagner 8 médailles olympiques aux épreuves de sauts sans élan au début du 20e siècle…

Jesse Owens, l’Américain noir, petit-fils d’esclave, qui en a mis plein la vue d’Hitler à Berlin en 1936 en réalisant un formidable quadruplé (100m, 200m, 4*100m et longueur)…

Abebe Bikila, un soldat ethiopien de la Garde impériale plus connu pour avoir remporté le marathon des JO de Rome de 1960 pieds nus, avant de récidiver en 1964…

Tommie Smith, le Noir qui a gagné le 200m à Mexico en 1968, puis est monté sur le podium la tête baissée et le poing ganté de noir pendant l’hymne américain en protestation contre les discriminations raciales…
Mais là encore, si ces légendes du sport me fascinent, c’est parce qu’il y a un message politique derrière leurs exploits.

Quant à l’article sur Philippe Lucas (voir plus bas), j’en suis vraiment content et les échos de ceux à qui je l’ai montré sont très bons. On m’a dit que l’encadré était à la limite du vulgaire. Mais je l’assume, Philippe Lucas était lui-même cru dans sa façon de s’exprimer. Pour reprendre une devise olympienne (le comble pour ce fan du PSG), il allait droit au but. Face à ça, comment réagir en tant que journaliste ? Maquiller tous ses propos quitte à le faire apparaître comme quelqu’un de fade ? Ou tenter de faire ressortir cette facette de sa personnalité ? J’ai plutôt opté pour la deuxième solution, même si j’ai transformé quelques "j’en ai rien à branler" par des plus politiquement corrects "j’en ai rien à cirer / à foutre". Car sa vulgarité n’était pas déplacée, elle était juste drôle. J’ai également trouvé dommage que deux membres du jury (soit la moitié) soient les vainqueurs de la Page d’or de l’année dernière : quelle légitimité ont-ils à nous corriger ? Une chance sur deux qu’ils ne connaissent pas le mot “ chafouin ” et trois sur quatre qu’ils ne savent pas que la tournée à venir de Johnny s’intitule "Flashback tour".
Enfin, c’est plus accessoire, mais je pense aussi que la présence du directeur d’études de l’ESJ, bien loin de jouer en notre faveur, aurait plutôt tendance à nous handicaper. Petite question : j’hésite à lui envoyer une lettre comme celle qui suit. J’attends vos conseils, que vous soyez de l’ESJ ou non. Pour ceux qui n’y sont pas, sachez juste que je ne l’aime pas, qu’il ne m’aime pas et que l’on s’en porte très bien tous les deux.

Salut Eric,
Ce mail ne risque pas d’arranger l’état embryonnaire de nos relations. Mais je ne l’écris ni pour moi ni pour toi, mais pour les premières années qui passeront le concours L’Equipe l’année prochaine et pour les générations suivantes. J’ai longuement discuté avec des membres du jury après les résultats. Le champagne aidant, ils ont fini par me lâcher quelques petites vérités. Notamment que ta présence n’était pas souhaitable le jour du concours et que, s’ils tentaient de ne pas en tenir compte, elle aurait plutôt tendance à les énerver plutôt qu’autre chose. En effet, les directeurs d’études dans leur ensemble ne sont pas invités, et sauf erreur de ma part, seuls les Toulousains étaient ainsi accompagnés. De plus, tu as semble-t-il participé au projet de création d’un concurrent à L’Equipe. Je trouve cela génial et j’espère un jour avoir les c… pour le faire, mais comprends qu’à L’Equipe, ils aient gardé cela au travers de la gorge. Ne prends pas cela pour un tacle par derrière, mais juste comme quelques remarques empreintes d’humilité d’un joueur à son coach. A bientôt, Laurent

8 Comments:

  • At 1:43 AM, Anonymous Anonymous said…

    C'est le post le plus mythique que tu ais jamais posté...
    On verse dans la littérature.

     
  • At 11:33 AM, Anonymous Anonymous said…

    Bah vas-y fais toi plais' balance ton mail...

     
  • At 1:01 AM, Anonymous Anonymous said…

    Juste pour dire que j'ai fais passwé hier un oral à Vincent G. et que je l'ai trouvé pitoyable...

    Bravo Eric M. pour le casting de la 80ème ! Serre les fesses, moi et mes rides, on arrive à toute vitesse.

     
  • At 5:47 PM, Anonymous Anonymous said…

    quand tu m'auras développé, on se remettra en question tous les deux...
    En attendant, je t'embrasse et te remercie encore de ne pas m'épuiser

     
  • At 5:53 PM, Anonymous Anonymous said…

    avant d'espérer pouvoir te scratcher, pense à décoller.

     
  • At 8:43 AM, Blogger Kispasse said…

    Merci pour ces commentaires toujours d'une grande finesse. Je voudrais simplement répondre au commandant de bord. Certes, je n'ai jamais travaillé pour L'Equipe. Mais j'ai travaillé pendant un an pour un hebdomadaire régional à couvrir le match du foot du jour (niveau district) et à faire une page de petits compte-rendus de toutes les autres équipes. Cela fait aussi deux ans que je pige pour la Voix des Sports. J'avais donc, ne vous en déplaise, bel et bien décollé.

     
  • At 9:00 AM, Anonymous Anonymous said…

    Mille excuses Antoine Blondin. Je ne pensais pas que tu avais une si haute opinion de toi. Pour le coup, tu prends vraiment de l'altitude

     
  • At 1:55 AM, Blogger Unknown said…

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