Adieu Aligre, on t'aimait bien
Après avoir dénoncé le plan média des Bronzés, condamné le slogan aux relents colonialistes de Banania, soutenu la liberté de caricaturer, pourfendu la multinationale Google, je défends les radios libres. Ainsi va la vie au service médias de Libé que je vais quitter demain (snif!). Adieu Libé, je t'aimais bien...
La fin des micro-ondes
Aligre FM est à dix jours de l'extinction de voix et les radios libres à deux doigts d'être en voie d'extinction. Le compte-à-rebours a commencé pour cette radio associative qui émet sur l'Ile-de-France (93.1) en alternance avec Radio Pays. Cause de ses malheurs, TDF, son diffuseur, l'a mise en demeure de régler une dette de 11000 euros avant le 28 février, faute de quoi l'antenne sera coupée et Aligre cessera d'émettre. «Notre combat est symbolique des difficultés des radios associatives», explique Philippe Vannini, le président d'Aligre FM. Née en 1981, au moment de l'explosion des radios libres, Aligre FM en est l'une des dernières représentantes: "Beaucoup ont disparu à la fin des années 80. C'est un champ de ruines. Certaines ont choisi de passer dans la catégorie B, en diffusant de la publicité locale. Elles ont été avalées par de plus gros réseaux", déplore Philippe Vannini.
Aligre FM emploie huit salariés, dont cinq techniciens. Seule une animatrice est rémunérée, son fonctionnement repose grandement sur les quatre-vingt bénévoles qui s'y investissent. Elle doit régler 1600 euros par mois à Télédiffusion de France, soit près de 20000 euros par an, ce qui représente le quart de son budget: "C'est le même tarif que pour les radios commerciales. Il y a deux diffuseurs sur Paris, qui pratiquent étrangement le même prix", précise Philippe Vannini. Les radios parisiennes ont en effet trois solutions pour diffuser leur programme: TDF, Towercraft qui est une filiale de NRJ ou l’autodiffusion. TDF a perdu sa mission de service publique en 2004 avec la fin du monopole. Ses capitaux sont devenus majoritairement privés l’année dernière avec le retrait de France Télécom. "Nous n’avions plus de contacts avec cette radio depuis trois mois. Cette mise en demeure a permis de renouer le contact avec le président dans le but de trouver une solution", explique Thierry Bernard de TDF.
Côté recettes, Aligre FM ne diffuse pas de publicités, elle se contente de quelques partenariats, en perte de vitesse, et de subventions d'organismes européens ou étatiques. Elle a bien essayé de quémander quelques subsides auprès de la mairie de Paris et du conseil régional par l'intermédiaire du député socialiste Patrick Bloche. Peine perdue: "Nous ne subventionnons aucun média quel qu'il soit, fut-il destiné à une audience parisienne", lui a-t-on répondu à la mairie. Seule exception: Radio Campus Paris. Au grand dam de Philippe Vannini: "Nos techniciens coûtent moins cher que les joueurs du PSG!" Au conseil régional, il n'existe pas encore de programme-cadre destiné aux radios et télévisions locales et c'est au coup par coup que quelques aides peuvent être distribuées sur des projets spécifiques. Dernier exemple en date: la radio Droit de cité, basée à Mantes-la-Jolie a reçu une subvention de 50000 euros en décembre, au lendemain des émeutes, pour sa contribution à la démocratie participative.
"Nous avons notre part d'autocritique à faire. On pouvait trouver d'autres partenariats", regrette pour sa part Florent Coirier. Elevé à la sauce Nulle Part Ailleurs, ce jeune animateur bénévole a pris les rênes de l'émission Sexy Mother Fucker (tout un programme!) chaque mercredi à 17h30. "J'ai voulu aller là car c'est une radio apolitique à vocation sociale et culturelle. On n'est pas sous influence!"
Pour les 50000 auditeurs d'Aligre FM, l'arrêt de la station serait une catastrophe. "Pour eux, on représente un dernier espace de liberté d'expression. Ils le ressentent comme une atteinte à la démocratie", précisé Philippe Vannini qui se dit "surpris par le raz-de-marée de messages de soutien". Samedi soir à partir de 22h30, Aligre FM ouvre son antenne à des invités et à ses auditeurs pour une soirée spéciale sur le thème de la liberté d'expression. Peut-être un chant du cygne, sûrement un signe des temps que vivent (ou plutôt que meurent) les radios libres.
La fin des micro-ondes
Aligre FM est à dix jours de l'extinction de voix et les radios libres à deux doigts d'être en voie d'extinction. Le compte-à-rebours a commencé pour cette radio associative qui émet sur l'Ile-de-France (93.1) en alternance avec Radio Pays. Cause de ses malheurs, TDF, son diffuseur, l'a mise en demeure de régler une dette de 11000 euros avant le 28 février, faute de quoi l'antenne sera coupée et Aligre cessera d'émettre. «Notre combat est symbolique des difficultés des radios associatives», explique Philippe Vannini, le président d'Aligre FM. Née en 1981, au moment de l'explosion des radios libres, Aligre FM en est l'une des dernières représentantes: "Beaucoup ont disparu à la fin des années 80. C'est un champ de ruines. Certaines ont choisi de passer dans la catégorie B, en diffusant de la publicité locale. Elles ont été avalées par de plus gros réseaux", déplore Philippe Vannini.
Aligre FM emploie huit salariés, dont cinq techniciens. Seule une animatrice est rémunérée, son fonctionnement repose grandement sur les quatre-vingt bénévoles qui s'y investissent. Elle doit régler 1600 euros par mois à Télédiffusion de France, soit près de 20000 euros par an, ce qui représente le quart de son budget: "C'est le même tarif que pour les radios commerciales. Il y a deux diffuseurs sur Paris, qui pratiquent étrangement le même prix", précise Philippe Vannini. Les radios parisiennes ont en effet trois solutions pour diffuser leur programme: TDF, Towercraft qui est une filiale de NRJ ou l’autodiffusion. TDF a perdu sa mission de service publique en 2004 avec la fin du monopole. Ses capitaux sont devenus majoritairement privés l’année dernière avec le retrait de France Télécom. "Nous n’avions plus de contacts avec cette radio depuis trois mois. Cette mise en demeure a permis de renouer le contact avec le président dans le but de trouver une solution", explique Thierry Bernard de TDF.
Côté recettes, Aligre FM ne diffuse pas de publicités, elle se contente de quelques partenariats, en perte de vitesse, et de subventions d'organismes européens ou étatiques. Elle a bien essayé de quémander quelques subsides auprès de la mairie de Paris et du conseil régional par l'intermédiaire du député socialiste Patrick Bloche. Peine perdue: "Nous ne subventionnons aucun média quel qu'il soit, fut-il destiné à une audience parisienne", lui a-t-on répondu à la mairie. Seule exception: Radio Campus Paris. Au grand dam de Philippe Vannini: "Nos techniciens coûtent moins cher que les joueurs du PSG!" Au conseil régional, il n'existe pas encore de programme-cadre destiné aux radios et télévisions locales et c'est au coup par coup que quelques aides peuvent être distribuées sur des projets spécifiques. Dernier exemple en date: la radio Droit de cité, basée à Mantes-la-Jolie a reçu une subvention de 50000 euros en décembre, au lendemain des émeutes, pour sa contribution à la démocratie participative.
"Nous avons notre part d'autocritique à faire. On pouvait trouver d'autres partenariats", regrette pour sa part Florent Coirier. Elevé à la sauce Nulle Part Ailleurs, ce jeune animateur bénévole a pris les rênes de l'émission Sexy Mother Fucker (tout un programme!) chaque mercredi à 17h30. "J'ai voulu aller là car c'est une radio apolitique à vocation sociale et culturelle. On n'est pas sous influence!"
Pour les 50000 auditeurs d'Aligre FM, l'arrêt de la station serait une catastrophe. "Pour eux, on représente un dernier espace de liberté d'expression. Ils le ressentent comme une atteinte à la démocratie", précisé Philippe Vannini qui se dit "surpris par le raz-de-marée de messages de soutien". Samedi soir à partir de 22h30, Aligre FM ouvre son antenne à des invités et à ses auditeurs pour une soirée spéciale sur le thème de la liberté d'expression. Peut-être un chant du cygne, sûrement un signe des temps que vivent (ou plutôt que meurent) les radios libres.
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