Sciences Po mène à tout...

Le journalisme mène à tout, à condition d'en sortir, aurait dit Jules Janin. En ce moment, il mène surtout tout droit à l'ANPE, sans passer par la case travail. France Soir, Libé, L'Huma, Le Monde... Nos journaux vont mal, et les journalistes sont mal barrés. Mais je ne veux pas rentrer dans la sinistrose ambiante, et je vous rappelerai donc qu'il ne faut pas vivre pour travailler (même s'il faut travailler pour vivre), que la vie est belle et qu'il y a toujours moyen de s'en sortir avec un peu de talent et beaucoup d'imagination.
Hier soir, j'ai dîné avec des vieux de la vieille, ou plutôt de jeunes anciens du jeune IEP de Rennes. L'occasion de se faire un petit japonais, en préparation des Championnats du monde de sketba fin août à Tokyo, et de discuter de nos vies, du monde et du CPE. Petits portraits de ces amis. Qui aime bien châtie bien.

Gigi l'amoroso avait été injustement remercié à l'issue de sa première année à l'IEP de Rennes. Il avait ainsi testé les méfaits du CPE avant l'heure. Mais il s'en est bien remis depuis. Enchaînant sur un parcours sans faute à la fac de droit de Rennes, il vient de rentrer dans la vie active. Son titre de noblesse inscrit en belles lettres sur sa carte de visite: consultant junior. Dans les faits, il s'est lancé dans le lobbying pro-nucléaire. Autre fait d'arme anti-écologique, il a participé à une séance de vidage de poubelles dans la Vilaine en fin de soirée, mais semble regretter cet acte de vandalisme. Il cherche actuellement une autre boîte qui le prendrait à temps plein. Il est sur la bonne voie. Il fait aussi partie d'un "groupe punk, Excaliburne" qui a pignon sur la blogosphère. Ils parlent de sujets de société cruciaux comme les éjaculateurs précoces dans leur chanson 7 centimètres et 7 secondes dont voici quelques paroles en quasi-exclusivité:
"7 centimètres et 7 secondes
Y'a pas a dire on est des dieux
7 centimètres et 7 secondes
Toutes façons on peut pas mieux ... ET MERDE

Des gamins pas très très vieux
qu'ont rarement trempé leur queue
Nous mettent bien minables
Y'a pas plus lamentable
On fait tout skè en not' pouvoir
mais comme d'hab
trop tôt ça part
excitation au sommet
à peine rentré j'ai éjaculé"


Pendant longtemps, Coco ne savait pas ce qu'elle voulait faire dans la vie. Elle aimait bien danser le rock et randonner en montagne, mais on n'en fait pas son métier, si? Alors, elle a intégré Sciences Po Rennes. Elle a choisi la filière Service Public en deuxième année. Là, elle a découvert que le droit administratif lui plaisait. Le Gaja, c'était son dada. Mais tous ses doutes n'étaient pas dissipés, elle se disait qu'elle aimerait bien travailler dans le secteur de la santé. Alors, elle est allée voir une psychologue conseillère en orientation qui lui a fait quelques tests, lui a pris pas mal d'argent et lui a dit: "Y a aucun doute, vous êtes faite pour travailler dans le secteur de la santé!" Elle s'est donc lancée dans cette palpitante aventure en passant deux Masters dans ce secteur. Elle a rencontré l'amour à la montagne, et la mort dans une maison de retraite où elle était stagiaire. Elle partage donc son temps entre Toulouse où elle étudie, Paris où elle travaille (3 semaines par mois, pour 300 misérables euros, on appelle ça la génération précaire) et Bordeaux où elle boit (non, pas de vin rouge) les paroles de son chéri. Elle est blonde et elle l'assume plutôt bien. Hier soir, elle était si contente de nous revoir qu'elle est restée très tard avec nous. Pour Corinne, très tard, ça veut dire 22h10, mais ça nous a quand même fait vachement plaisir.


Max la menace est celui qui s'en est le mieux sorti financièrement. Normal, il avait fait la section Economique et Financière à l'IEP. Il travaille donc comme assistant débutant dans un grand cabinet d'audit. Il touche "un vrai salaire". Il porte un beau costard-cravate au boulot. Mais surtout, il a ses initiales (MAM, ça rappelle quelqu'un) sur son "pilote-case". Bref, je savais vaguement que je n'avais pas choisi la bonne voie pour être riche. J'en ai eu une preuve supplémentaire hier. En plus, l'argent n'a même pas pourri notre cher Maxime.