Kispasse

Monday, August 08, 2005

La première fois que je me suis envoyé en l'air

"Faut que tu essayes, faut absolument que tu saches de quoi tu parles !" Ils sont marrants à la rédaction, mais ce ne sont pas eux qui vont sauter ! Mais qu’est-ce qui m’a pris de dire oui ?
Le journalisme est un métier à risques, je le savais déjà, mais se faire prendre en otage en Irak est plus glorieux pour un apprenti Tintin que de s’écraser comme une crêpe sur l’aérodrome de Meucon.

Je me pose plein de questions en me rendant sur place en cette belle journée de samedi, jour anniversaire d'Hiroshima. J’ai choisi la formule "Initiation automatique" sous les conseils de Rolland Auradou, le président du club. Je vais donc sauter seul, comme un grand : "Ça permet de vraiment découvrir ce qu’est le parachutisme en tant que sport. Le saut en tandem, c’est bien pour les sensations, c’est comme un tour de manège !"

En arrivant, je présente le certificat médical délivré par un médecin agréé qui a vérifié mon sens de l’équilibre, mon dos, mes yeux, mes oreilles et ma résistance à l’effort. Et je commence la formation avec huit autres personnes, plutôt jeunes, en quête de sensations. Notre moniteur, Hervé, 2.500 sauts à son compteur, est rassurant : il nous explique comment fonctionne un parachute, ce que nous aurons à faire pour sauter de l’avion, pour nous diriger et pour atterrir sur les jambes et non sur les fesses.

L’après-midi, on répète sur des harnais la procédure d’urgence pour ouvrir notre parachute de secours au cas où le principal, dont l’ouverture se fait automatiquement après environ trois secondes de chute libre, aurait un problème. Mais Hervé précise: "Aujourd’hui, les accidents sont plus souvent dus à une inattention des parachutistes qui se rentrent dedans plutôt qu’à un défaut du matériel." Rassurant, je vous disais…
Ça ne m’empêche pas d’avoir la gorge serrée au moment d’embarquer dans le bel avion à 1,5 millions d’euros pièce. Une fois en l’air, pas le temps d’hésiter cependant… Une minute de vol coûte 10 euros. A ce prix-là, mieux vaut se décider vite! Je saute. Banzaï!

La sangle d’ouverture automatique fonctionne à merveille. Heureusement car je mets quelques secondes avant de retrouver toute ma lucidité.
Puis c’est un grand spectacle qui s’offre à moi. La Terre vue du ciel à la Yann Arthus-Bertrand. On aperçoit même un bout de golfe au loin. 300 secondes en apesanteur, 300 secondes qui semblent durer des heures, 300 secondes de bonheur volé.