Kispasse

Sunday, August 14, 2005

Ilois en liesse

Ce week-end, c'est le festival de la voile sur l'Ile-aux-Moines. Mon raide-chef m'a demandé d'aller faire du people en papier d'annonce. Ce qui voulait dire : me transformer en envoyé spécial du 13 heures de TF1 qui dresse le portrait d'irréductibles Ilois, ou carrément en paparazzi de Voici en embuscade dans la haie de la maison secondaire de Roger Zabel. J'ai opté pour la première solution, peut-être parce que Jean-Pierre Pernault a fait la même école de journalisme que moi (selon ses "camarades" de promotion, il lisait Minute, le journal facho, pendant les cours en amphi).

Pour être plus positif, je dirais que je me suis essayé aux portraits à la Libé, et c'est un exercice plutôt sympa. Voilà donc le fruit de ma journée passée sur l'Ile-aux-Moines dans le Golfe du Morbihan. Au passage, cette expression est un pléonasme puisque mor bihan veut dire petite mer, donc golfe, en Breton.

L'île aux trésors
Sur l’Ile-aux-Moines, les trésors s’appellent pipits maritimes, bernaches cravants ou encore fauvettes pitchous. Pas besoin de creuser le sol pour les trouver, il suffit de lever les yeux. Petit paradis naturel et repaire d’oiseaux rares, l’Ile-aux-Moines fait le plaisir de quelque 4.000 touristes par jour pendant la période estivale. L’hiver, ils ne sont plus que 550, indécrottables Ilois qui ne quitteraient leur île pour rien au monde. "Dès que je m’absente huit jours, je suis en état de manque", reconnaît le maire Jean Préfard. Et il n’est pas l’exception qui confirme la règle : "J’ai un copain, Jojo Labousse qui tenait le Café du port. Il a fait un voyage au Canada, on a dû l’amener de force à l’aéroport. Quand il est revenu, il a juré qu’il ne repartirait jamais !"

Le nombre d’habitants à l’année a connu une progression inverse à celui des touristes : ils étaient 1418 en 1900, 1100 après la guerre, et 550 aujourd’hui.
Au début du XXe siècle, on recensait 18 fermes sur l’île, il n’en reste plus une seule aujourd’hui. Les compagnies de Marine marchande et les thoniers ont également pris le large, cédant la place à une économie centrée sur le tourisme.
Mais le maire n’aime pas pour autant entendre les touristes qui débarquent lui faire la leçon : "Quand ils me disent qu’heureusement, ils sont là pour nous faire vivre, je rigole doucement et leur réponds que l’île vit depuis plus de 7.000 ans !" La preuve : le Cromlec’h remis à jour date de l’an 4.500 avant J.C.

Une exposition gratuite dans l’ancienne ferme attenante a été mise en place par le conseil général. Elle présente la faune et la flore de l’île ainsi que son histoire. Elle remporte un franc succès : ouverte depuis le 21 juillet, elle a déjà attiré 2700 visiteurs. Et le livre d’or ne tarit pas d’éloges : "Très bonne initiative ! L’argent public est utilisé avec utilité et goût !" Une expo qui permet de mieux apprécier tous les trésors de l’île.

Le maire de la mer
Ilois de souche, Jean Préfard ne s’est jamais beaucoup éloigné de son île. Ce chirurgien-dentiste y jouit désormais d’une retraite active puisqu’il a été élu maire en 2001. Il connaît bien ses administrés, il les aime aussi : "Il y a une solidarité entre nous. On partage toujours nos joies et nos peines, même si on n’est pas toujours d’accord."

Jean Préfard (à droite), Ilois de souche, et son adjoint Jacques Guillot, né sur l'Ile d'Arz voisine.Jean garde plein de souvenirs de son enfance sur l’île. Sa grand-mère y était commerçante : "A l’époque, il n’y avait que dix bateaux dans le port. Pour aller à Vannes, on utilisait soit un car gazogène, soit le bateau à vapeur. On y allait une fois par semaine pour chercher les provisions."
La passion du golfe et de la voile, il l’a acquise grâce à la Société des régates de Vannes et son président Méchin, qui prêtaient des Herbulots, les ancêtres des Vauriens : "Chaque dimanche, on allait faire une régate avec toutes les communes autour du golfe." Elu en 2001, Jean se bat pour préserver l’authenticité de l’île.
Parmi ses premières actions de maire figurent la construction de huit logements sociaux, l’ouverture de la ferme du Cromlec’h ou encore la création d’une boulangerie afin qu’il y en ait toujours une sur l’île. Six nouveaux logements sociaux ainsi que quatre commerces (poissonnerie, pharmacie, fruits et légumes, et souvenirs) vont ouvrir au printemps prochain. Le maire se plaît dans ses nouvelles fonctions, la mer le lui rend bien.

Bruno coince la bulle sur l'Ile-aux-Moines
Vick et Vicky, vous connaissez ? Les deux héros de bande dessinée créés par Bruno Bertin ont déjà résolu des énigmes dans la forêt de Brocéliande, au Mont-Saint-Michel, mais aussi sur l’Ile-aux-Moines. "C’est d’ailleurs l’album "Les disparus de l’Ile-aux-Moines" qui a propulsé la collection." Il en est à sa quatrième édition, et un tirage limité tout doré a rassasié les fans de la première heure.
Un club Vick et Vicky a même été créé et compte 400 membres : "Les lecteurs m’invitent dans leur pays pour que j’en fasse un album." Ainsi, Bruno vient d’aller en Egypte et son nouvel album, "Sur les terres des Pharaons", sortira le 1er octobre. Ses prochaines destinations : la Roumanie et le Maroc.

Mais Bruno n’y va pas pour buller ! Cet as du coup de crayon s’imprègne de l’atmosphère des endroits qu’il aime, rencontre des habitants du cru et en tire un scénario à rebondissements. "Les disparus de l’Ile-aux-Moines", quant à eux, vont être édités en breton l’année prochaine grâce au conseil régional.
Bruno revient régulièrement sur l’île, "en dilettante" : "J’ai découvert cet endroit avec mes grands-parents qui adoraient pêcher. J’aime ses habitants, avec leur caractère entier et leur tempérament bien trempé. Et ce festival de la voile, c’est un tour de force chaque année !"

P'tit Louis et sa petite reine

Son nom de baptême est Louis-Marie Le Port, mais tout le monde l’appelle P’tit Louis (au centre sur la photo). Cet Ilois de 45 ans symbolise la mutation économique de l’île à lui seul. Petit-fils d’agriculteur, fils d’un marin de commerce, P’tit Louis a connu "36 métiers et 36 misères" avant d’ouvrir son commerce de location de vélos près du port en 1991. Ce Mac Gyver du vélo a vu pédaler du beau monde : Daniel Bilalian, David Pujadas ou encore Axel Bauer, un si "brave gars" qu’il en a appelé son fils Axel. P’tit Louis est aujourd’hui un homme heureux : ça roule pour lui !

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