Vive le nucléaire ?
Du fait de sa radioactivité, le plutonium disparaît, mais très lentement. Sa demi-vie est de 24000 ans, ce qui veut dire qu’il faut 24000 ans pour que les quantités soient réduites de moitié, 48000 ans pour qu’elles soient divisées par quatre, et ainsi de suite. Dans 240000 ans, il en restera peu, le millième de ce que nous accumulons aujourd’hui, mais vu les quantités produites et les propriétés extrêmement dangereuses de ce produit, c’est encore beaucoup (le stock actuel serait de près de 2000 tonnes, dont 250 tonnes de plutonium militaire, très concentré, provenant du désarement américano-soviétique). Et 24000 ans, 240000 ans, ce n’est pas demain. 24000 ans, c’est plus loin de nous dans l’avenir que les peintures de Lascaux dans le passé. 240000 ans, c’est la moitié du temps qui nous sépare de la maîtrise du feu par l’homme… Les autres déchets nucléaires se comportent de manière analogue, avec une vitesse de disparition plus ou moins grande.
Utiliser le nucléaire, c’est obligatoirement produire de tels déchets. C’est donc se condamner à les gérer pendant des centaines de milliers d’années. On peut bien sûr affirmer que les sociétés humaines, de plus en plus développées, auront toujours les capacités nécessaires, capacités scientifiques et techniques, économiques et politiques. Cela signifie bien entendu que, pendant ce petit bout d’éternité, aucune des sociétés détentrices de ces stocks de déchets ne retournera à une sorte de Moyen Âge technologique ; qu’elles auront toujours les moyens financiers nécessaires à cette gestion, et qu’elles n’estimeront jamais avoir d’autres chats à fouetter ; que sur ces centaines de milliers d’années, aucune période de troubles, d’anarchie, de chaos, ne viendra remettre en cause ce programme… Les romains devaient avoir ce genre de certitudes au plus fort de la prospérité de leur empire.
PS : Après l’arrêt du surgénérateur Superphénix en 1997, 14 tonnes de plutonium ont été entreposées dans un hangar voisin du réacteur. Un réacteur qui contient toujours 5500 tonnes de sodium fondu dont on n’a pas encore réussi à se débarrasser. Le sodium explose au contact de l’eau et peut s’enflammer tout seul au contact de l’air. Depuis 1997, son maintien en fusion à 180° consomme autant qu’une ville de 40000 habitants. Vivement l’ITER !
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