Kispasse

Tuesday, March 21, 2006

Culture antipub

En avant-première, voici un article qui paraîtra dans Le Poing, notre magazine de fin d'études.
Les barbouilleurs d'affiches, autrefois cantonnés aux couloirs de métro, investissent désormais les tribunaux.

Les Déboulonneurs de Lyon ont mené leur première action en février
Finies les opérations cagoulées à saccager les stations de métro, l’heure est à la désobéissance civile. “On transgresse la loi et on assume les conséquences”, explique David Sterboul, un "déboulonneur" parisien. “On barbouille de grandes affiches publicitaires. Puis on attend la police pour se faire interpeller. Quand elle arrive, on tend notre carte d’identité en disant : “C’est moi qui l’ai fait””, renchérit Guillaume Gamblin, jeune "déboulonneur" de Lyon. Ce nouveau mouvement antipub s’inscrit dans la démarche d’action non-violente, jugée plus efficace. Leurs revendications? Rendre illégales les affiches géantes qui envahissent les rues. “On demande que la taille des affiches soit limitée à 70 cm sur 50 et qu’un nombre maximal soit fixé en proportion du nombre d’habitants.”
Les Déboulonneurs sont les derniers venus dans la galaxie des antipubs. Leur groupe est né à Paris. Plusieurs adeptes des opérations commando se sont recyclés dans ce mouvement. Arthur Lutz en fait partie. Avec 61 camarades de combat, il a comparu devant la justice pour avoir “dégradé du mobilier” à l’automne 2003, autrement dit pour avoir arraché et tagué tous les panneaux publicitaires d'une station de métro : “Métrobus demandait un million d’euros de dommages et intérêts. On a organisé notre défense en créant le Collectif des 62. Au final, on a été condamnés à leur verser 15000 euros.” Arthur a depuis intégré les Déboulonneurs : le quatrième vendredi de chaque mois, ils barbouillent une affiche dans l'espoir d'être jugés au pénal pour pouvoir faire le procès de la publicité.

Les Déboulonneurs regrettent que la municipalité de Lyon ait autorisé JC Decaux à installer de nouveaux panneaux publicitaires en échange de la mise en place d’un système de location de vélos gratuits.
“Obéis, consomme”, “Légitime réponse”, “Pub = violence”, “Harcèlement psychique”... Ironie de l’histoire, les antipubs reprennent ce qui fait le succès de la pub, des slogans chocs qu'ils taguent sur les affiches.
Plusieurs comités locaux ont emboîté le pas des Déboulonneurs parisiens. Premiers à toucher le pactole : les Montpelliérains. Pour leur première action en février, ils ont été interpellés et une procédure au pénal est lancée contre eux.
Les Déboulonneurs font souffler un vent de jeunesse sur un mouvement déjà bien organisé. Dans la galaxie antipub, il y a d'abord Résistance à l’Agression Publicitaire, les précurseurs. Ce mouvement créé en 1992 s’est attaqué à la surcharge publicitaire dans les boîtes aux lettres, à l’invasion de la pub dans le domaine artistique, notamment au cinéma, ou plus récemment à son intrusion à l’école. Il y a aussi les Casseurs de pub, les médiatiques, installés à Lyon. Ils publient un hors-série annuel, sans publicité bien entendu, et organisent diverses manifestations (la semaine sans télé en avril, la journée sans achats en novembre). “On va à la sortie des centres commerciaux pour distribuer des bons de non-achat”, explique Bruno Clémentin, fondateur du mouvement en 1999. Il y a encore le Publiphobe, une autre publication à l’origine des premiers barbouillages. Enfin, il y a Paysages de France, une association qui a choisi la voie juridique. Un hideux pylône vante un fast-food en bordure de voie express. Sa hauteur respecte-t-elle la loi ?
Tous ces groupes veulent atteindre le même objectif : arrêter de considérer l’homme comme un consommateur et la pub comme un créateur de besoins. Refuser de vendre, comme Patrick Le Lay, PDG de TF1, “du temps de cerveau humain disponible à Coca-Cola”.

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