Heureuse défaite

A la une de mon Libé chéri ce matin: "La droite prend une gauche". A la une de mon cher Télégramme: "Le PS reprend des couleurs" avec le président de région Jean-Yves Le Drian qui fait l'accolade à son successeur hilare, Françoise Olivier-Coupeau, FOC pour les intimes. Le Point a son FOG, Lorient a sa FOC. Avec le C de clairvoyance: pour avoir assisté à une interview, on sent que la nouvelle députée a réfléchi et maîtrise ses dossiers sur le bout des doigts.
Hier soir, j'ai couvert les élections, d'abord au siège de campagne de Maria Colas, la candidate UMP à Lorient, puis au QG de FOC. A l'UMP, on avait disposé les flutes de champagne avec un sens certain de l'esthétique, en écrivant le nom de la candidate et celui du parti (seule entorse au protocole: comme il manquait quelques flutes, des gobelets en plastique venaient boucher les trous).
Finalement, la soirée a été bien meilleure que je ne l'imaginais. Avec de vrais bons moments: Juppé out, Klarsfeld battu, FOC élue, 4 verts à l'assemblée. Seule grosse déception: dans ma circonscription, il s'en est fallu de peu, mais le vieux Loïc Bouvard a réussi son pari de devenir le doyen de l'Assemblée nationale avec 50,42% des voix. Il n'a pas fait une seule réunion dans l'entre deux tours, et son meeting à Guer restera donc le dernier de sa carrière politique.
J'aurai donc été présent au dernier meeting de Jospin (à Rennes en 2002, quand des LCR l'avaient peinturluré de ketchup) et à celui de Bouvard. Avec un plaisir non dissimulé, je lui ai dit ses quatre vérités: "Vous aviez promis ici-même, voilà cinq ans, que c'était la dernière fois que vous vous présentiez, et que vous cèderiez la place à votre suppléant d'alors, qui lui n'était pas parachuté. Comment peut-on faire confiance à quelqu'un qui renie ainsi ses engagements?" ou encore "Vous êtes député depuis 34 ans et vous n'avez pas fait preuve d'un activisme législatif débordant. Il n'y a pas de loi Bouvard, pas d'amendement significatif, je ne vous ai jamais vu prendre la parole lors des questions orales au gouvernement. Par contre, grâce à votre poste, vous voyagez à New-York pour des galas de l'OTAN, dans des pays d'Europe de l'Est pour vérifier le bon déroulement des élections. J'ai l'impression que vous êtes accrochés à votre siège davantage pour le confort qu'il apporte que pour défendre des idées".