Hany, la Palestine au coeur et bientôt la Bretagne à la jambe

28 ans et déjà une vie de souffrances et d’espoirs déçus derrière lui. Grâce à l’association France-Palestine, Hany Samy Ismaïl est arrivé en Bretagne pour se faire poser une prothèse à Kerpape.
Il s’en souvient comme si c’était hier. Normal, c’est ce jour-là que sa vie a basculé. 6 avril 2002, la France est en campagne, la deuxième Intifada n’en finit pas au Proche-Orient. Dans un petit village, près de Naplouse, le poumon économique de la Cisjordanie, en Palestine. «Vers 1h du matin, les Israéliens nous ont assiégés avec des avions et des chars. Après quelques combats, j’ai essayé de m’enfuir. Ils m’ont tiré sur la jambe.»
13 impacts de balle. Hany se cache derrière un mur. Il est conduit dans une mosquée improvisée en centre de secours. Il a perdu beaucoup de sang. Pendant quatre jours, il navigue entre la vie et la mort. Il est transféré dans un vrai hôpital. Amputation.
«Je marche difficilement»
Pendant cinq ans, il voyage en Irak, Jordanie, Iran et Tunisie, à la recherche d’une prothèse. Pas une franche réussite: «Celle que j’ai actuellement n’est pas adaptée. Elle est lourde. Je ne peux pas travailler avec, je marche difficilement et elle me fait souffrir.»
Retour à Naplouse. Human supporter prend contact avec France-Palestine. Les deux associations organisent la venue d’Hany en Bretagne pour se faire poser une nouvelle prothèse. «Au départ, on voulait installer un centre d’appareillage sur place, en Palestine, explique François Guion, le président de l’antenne lorientaise de France-Palestine. Cela aurait permis de soigner plus de monde. Mais quand le Hamas est arrivé au pouvoir, l’Union européenne a bloqué les fonds. Cette stratégie a été remise en cause.»
«Le vrai Hamas est mort»
François Guion a dû collecter des fonds pour organiser la venue d’Hany. 15000 euros récoltés grâce à la générosité de quelques conseils municipaux (Ploemeur, Lanester, Lorient, Port-Louis et bientôt Quéven) et autres organismes (théâtre de la Chimère, Mutuelle de l’arsenal, COSK). Pour les remercier, François Guion va organiser des rencontres-témoignages avec Hany, ouvertes à tous. Il a aussi collaboré avec l’association Hellis qui regroupe des médecins de Kerpape venant en aide aux victimes de pays touchés par des conflits pour organiser l’appareillage d’Hany.
Le jeune Palestinien est arrivé en Bretagne samedi, il repartira le 25 juillet. Il est hébergé par des membres de l’association France-Palestine. Il a vu la mer pour la première fois de sa vie. Le jour de son arrivée, il expliquait à ses hôtes que c’était «le plus beau de sa vie». Pas d’avion, pas de char, pas de bombardement, pas d’attentat-suicide…
Concernant la situation de son pays, il garde espoir: «Ça ne va pas durer, des gens sages vont mettre fin à tout ça.» Il ne croit pas dans la stratégie du Hamas: «C’est le pire parti politique en Palestine. Le vrai Hamas est mort en même temps que son fondateur, Ahmed Yassine.»